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« Motus Mori MUSEUM » : Les deuils immatériels de Katja Heitmann se sculptent au Next Festival

par Amélie Blaustein-Niddam
16.11.2024

Présentée en première française au Next Festival, l’installation performative et chorégraphique de l’artiste allemande répond à l’insoluble question : comment conserver les gestes de nos mort·e·s ?

Écouter les gestes

Décidément, la mort est la star de la saison. D’Émilie Rousset à Rachid Ouramdane, en passant par Olivier Py ou encore Magda Kachouche, tous les spectacles de cet automne ou presque la regardent en face, la défient. Le projet Motus Mori MUSEUM a commencé en 2019. Aujourd’hui, il rassemble plus de 2 000 témoignages récoltés sur le territoire de la représentation. Pour le musée des Beaux-Arts de Lille, et à l’occasion du Next, la collection s’est donc enrichie des traces des disparu·e·s du nord de l’Europe.

 

Entrer dans un tel espace tient du rituel. Nous sommes accueilli·e·s, la voix baisse naturellement. Nous nous déchaussons, puis nous entrons dans la galerie des sculptures de ce musée. Camille Claudel y croise Pradier, mais ces chefs-d’œuvre ne sont rien en comparaison du vivant. Une dizaine d’artistes se tiennent plus ou moins debout sur les mêmes promontoires que les statues. Les corps deviennent des œuvres en soi, simplement vêtu·e·s d’un slip gris. On a la sensation de retrouver les âmes errantes de Dream d’Alessandro Sciarroni, qui flottaient au Centquatre en 2022.

Se mettre dans la peau d’un.e autre

Que faire des gestes de ceux et celles qu’on a aimé·e·s mais qui ne sont plus ? Que faire quand plus personne ne peut vous dire : « Cette façon-là que tu as de regarder un peu sur le côté, c’est tout ta mère » ? Katja Heitmann répond à cela en récoltant des mots et des mouvements. Si vous souhaitez les lire et savoir à qui ils appartiennent, des feuilles sont installées au sol. Mais il est bien plus intéressant de les ignorer et de déambuler au milieu d’elles et d’eux, de leur passer autour, de les observer au même titre que les plâtres et les bronzes alentour.

 

Alors, on y voit une main qui appuie sur un front, des bras qui soutiennent des reins, un pied qui peine à toucher le sol, des corps courbés qui tremblent mais qui finissent par se toucher… sans jamais se regarder. Les yeux sont vides. Quand cela pèse trop lourd, les interprètes clignent des paupières ou les gardent fermées quelques secondes pour se reconnecter au geste suivant.

 

La respiration est capitale dans cette pièce. On voit les ventres se creuser fort. Le seul moment où iels sont ensemble, c’est lors d’une respiration profonde, comme si, avec un grand soupir, on pouvait passer à la suite. Mais à la suite de quoi ? Iels sont à la fois immensément fragiles et puissants·e·s dans leur façon de porter leur geste du début à la fin, avec une concentration et une lenteur qui ne permettent aucune erreur : sinon, cela serait une trahison envers l’archive qu’iels incarnent.

 

C’est à se tuer de beauté, c’est brillant d’intelligence. Si votre temps n’est pas compté, restez-y une bonne heure, asseyez-vous, levez-vous, scrutez-les, et qui sait, peut-être que l’un des gestes que vous verrez vous fera penser très fort à quelqu’un que vous avez adoré.

Le spectacle est à voir le 17 novembre, le Next Festival, lui, se poursuit jusqu’au 30 novembre.

Visuel : © Next Festival