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« La Rose de Jéricho » : le bouquet de consolation queer de Magda Kachouche au Next Festival

par Amélie Blaustein-Niddam
16.11.2024

Nous avions laissé Magda Kachouche dans la forêt d’Uzès en compagnie de Marion Carriau pour son luxuriant Chêne Centenaire (lire notre article). Nous la retrouvons au festival Next, à Courtrai, en Belgique, pour sa Rose de Jéricho, un cadeau bien enveloppé qui contient de bons outils pour transformer la mort en orgie. On adore.

 

« Et ça passe et ça trépasse »

Ça commence fort. Magda fait le show, vêtue de son iconique short en jean noir, d’un top en miroirs dorés et d’une grande veste à son effigie. Elle nous balance des trucs qu’on ne comprend pas, mais dans les bribes que nous recevons, on se dit qu’elle ne va pas très bien, que la journée a dû être chargée. Elle salue le public, convoque l’amour et, en saccadant les mots qui arrivent plus vite que sa pensée, nous présente son équipe, son corps commun : Gaspard Guilbert, « celui qui fait trembler la terre, il est capable de réveiller les morts, il est capable de les faire jouer avec nous ; ça tombe bien, parce qu’on les a tous invités », Bia Kaysel, « celleux qui fait que là, mes yeux, ils ont l’air d’avoir plein de petites couleurs, celleux qui fait briller mon âme de mille feux » et Alice Martins, « la fleur des fleurs, la cerise sur le gâteau, la crème des crèmes, elle est au fond l’héroïne de l’histoire ».

Iels ont des looks qui brillent et, dès les premiers instants, affirment : la mort ne nous aura pas, nous les vivant.e.s ! La lumière est merveilleusement écrite. Un demi-halo rose adoucit la douleur. Plus tard, il sera question de séparer les mondes, mais seulement symboliquement. L’espace est barré d’une frontière transformant l’encens en une ligne qui brille de mille feux. Mais entre les fantômes, il y a la danse, superbement portée par la bande-son de Gaspard, enveloppante, presque cinématographique qui arrive même à transcender Filiae maestae Jerusalem, RV 638: II. Sileant Zephyri, le monument de beauté Vivaldi.

 

« Soit t’es vivant, soit t’es dead »

Le deuil est un acte personnel. Il peut se vivre à grands coups de pleurs collectifs ou seul.e dans son coin. La Rose de Jéricho incarne toutes les postures possibles de toutes les cultures possibles. Est-ce que pleurer est un geste chorégraphique ? Oh que oui. La pièce conjure et console. Mais conjurer les mauvais sorts ou consoler les âmes éplorées peut passer par des gestes de domination : à quatre pattes, Alice devient animale au service de sa puissante maîtresse Magda. Cela peut être un câlin inspiré des farandoles de Pina Bausch, un solo où Alice porte toutes les peines du monde sur ses épaules cambrées, son centre de gravité tirant vers les enfers. Cela peut être se faire écraser par des détails, comme une voiture pour enfant. Cela peut être une incantation, genoux et jambes pliés en grande seconde, le visage entièrement recouvert d’un voile rose. Cela peut être une main retenant une mâchoire prête à s’écrouler.

Western queer

Dans sa dramaturgie, La Rose de Jéricho passe du chaos à la paix, sur une route qui est par définition montagneuse. La cohérence entre les mots, la danse, le son et la lumière est renforcée par les costumes, surtout ces vestes à franges dorées et transparentes. Le deuil, un western ? Le parallèle n’est pas complètement fou : il y a un gros méchant, nommé à la fois injustice, manque et désarroi, et un gentil appelé déni. Et sur scène, ça donne quoi ? Eh bien, des zombies pop à la Stranger Things. Le corps complètement disloqué exprime la lassitude face à des morts, surtout brutales, et cette envie folle de les faire revenir. Et pour le déni ? Cela prend la forme d’une belle baise, intense et épuisante. Le sexe et les vanités contre la faucheuse aux allures de boxeuse, on prend !

La Rose de Jéricho est à voir les 6 et 7  décembre au Théâtre National du Beauvaisis, et le Festival Next, lui, se poursuit jusqu’au 30 novembre.

Visuel : ©MK