Il est 22h30, la directrice du Festival La Maison Danse d’Uzès, Émilie Peluchon nous invite, à aller, juste « là », en « contrebas ». Et nous voici, un peu plus loin que « là » dans une forêt merveilleuse guidée par des voix…
Au cœur d’une forêt, nous entendons des « om » profonds. L’entrée en matière est de toute beauté. Il s’agit d’une apparition aux contours indéfinissables. Elles sont toutes les deux ce chêne centenaire fait de centaines de morceaux de plastique coloré et autres tissus. Elles font corps commun dans une unité parfaite. L’image est folle, celle d’une sculpture chamanique, une espèce de loup étrange qui ne dit pas encore son nom.
L’alliance des deux danseuses est parfaite, leurs entremêlement de jambes en guise de première image en posture est « merveilleux », comme le scandera plus tard Marion. En quelques mois, la pièce a beaucoup évolué et se trouve être un objet aux contours parfaits aujourd’hui. L’équilibre des mouvements est désormais totalement égale.
Il est génial de voir Magda Kachouche entrer de tout son corps dans l’écriture vibratoire de Marion Carriau. Leur pièce est un manifeste féministe et écologique où les éléments, cette fois-ci cléments, servent de décor. Elles y ajoutent quand il le faut des fumées et des couleurs.
La pièce est autant plastique que chorégraphique. Le travail sur les costumes et la façon dont elle les transcende est impeccable. C’est une mue qui les fait passer de bloc à individu.
Dans la nuit noire, le duo opère de façon très généreuse. Le dialogue se fait à plusieurs endroits, mais avec des éléments qui rappellent que dire est un acte et qu’il n’est pas sans conséquence, qu’articuler un geste comme une phrase peut demander une tonne d’efforts. Hypnotique.
Tournée
Juillet 2023 – Théâtre du Beauvaisis / itinérance dans le Vexin
Septembre 2023 – Festival Jerk Off
Visuel : © Benoît Ménéboo