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Deux iconiques de François Guérif : « A côté de la plaque » et « La Bête contre les murs »

par Julien Coquet
04.03.2024

Rivages/noir revient sur quelques pépites découvertes par François Guérif, qui fonda en 1986 la collection de référence en matière de roman noir. La Bête contre les murs d’Edward Bunker et À côté de la plaque de Marc Behm ouvrent le bal de ces rééditions, avant la redécouverte de neuf autres titres.

La Bête contre les murs d’Edward Bunker : Surveiller et punir

La prison de San Quentin est réputée être la prison la plus dangereuse au monde, ou en tout cas des États-Unis. C’est peu dire que le jeune Ron, lorsqu’il atterrit là pour trafic de stupéfiants, n’a aucune idée de ce qui l’attend, lui le fils de bourgeois qui cherchait juste à gagner un peu d’oseille en revendant de la drogue. La gueule d’ange de Ron ne l’aide pas : il devient une proie pour de nombreux autres détenus qui cherchent à satisfaire leur appétit sexuel. Arrive alors Earl, l’ange gardien, le sauveur, qui décide de prendre Ron sous son aile. Ce grand lecteur conseille Ron sur comment survivre dans cet univers hostile.

Deuxième volume de la « Trilogie de la Bête » (situé après Aucune bête aussi féroce et avant La Bête au ventre), La Bête contre les murs prend aux tripes et dépeint avec force la loi de la jungle qui sévit en prison. Adapté au cinéma par Steve Buscemi au tout début des années 2000, le livre sent la testostérone, la violence, les odeurs rances et l’enfermement, mais aussi l’ennui abyssale qui s’abat sur les détenus (« l’absence de soleil faisait que tout paraissait gris »). Si la peinture de l’univers carcérale fait froid dans le dos, c’est avant tout parce qu’Edward Bunker a lui-même été incarcéré à San Quentin, dès 17 ans, tout en s’évadant deux fois. Un écrivain voleur que n’aurait pas renié Jean Genet.

À côté de la plaque de Marc Behm : Une drôle de technique de drague

Ça ne va pas fort pour Patrick Nelson, lui qui, dès l’âge de 12 ans, s’est retrouvé orphelin à la suite du crash de l’avion qui transportait ses parents. Mais Patrick a continué de vivre, sans entrain et sans appétit, entretenu par les rentes qu’il perçoit de son garage. Célibataire, Patrick est pourtant entouré de femmes qui lui mènent la vie dure : la comptable qui gère son garage, amour de jeunesse, passive, agressive, sa postière, faussement aimable, et sa catastrophiquement maladroite femme de ménage. La vie de Patrick prend un tournant inattendu lorsqu’un tueur en série se met à sévir dans le quartier de Los Angeles où il vit. Attiré irrésistiblement par l’une des enquêtrices, Jenny, Patrick décide de semer de faux indices pour faire croire qu’il est lui-même le terrible Boucher…

À côté de la plaque est un roman de zinzin, ni plus ni moins. Auteur de classiques comme La Reine de la nuit et Mortelle randonnée, Marc Behm livre ici un roman policier mâtiné d’humour, dans lequel un loser magnifique se retrouve pris à son propre piège. Behm alterne le récit de la vie de Patrick Nelson avec celui de sa vie rêvée, vie dans laquelle Patrick s’imagine explorateur américain à la recherche d’une mystérieuse cité africaine. Plus de trente ans après la parution du livre, on reste assez ébahi face à un si savant mélange de genres.

La Bête contre les murs, Edward BUNKER, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Freddy Michalski, Rivages/Noir, 306 pages, 9,70 €

A côté de la plaque, Marc BEHM, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nathalie Godard, Rivages/Noir, 256 pages, 8,90 €

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