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Les coupes budgétaires dans le secteur culturel : des conséquences alarmantes

par Blanche Aloncle
20.05.2025

Les politiques gouvernementales sur le budget accordé aux collectivités territoriales et à la culture fragilisent gravement le secteur culturel. Face à des réductions de financement continues, les institutions, les artistes et les structures locales sont de plus en plus contraints, menaçant la création artistique et l’accessibilité à l’art pour tous.tes.

Des conséquences drastiques dans le secteur culturel

Sous les gouvernements Barnier et Bayrou, le budget du ministère de la culture a été réduit de 150 millions d’euros. Ces coupes budgétaires se sont accumulées ces dernières années, tant au niveau de l’État qu’au niveau des collectivités territoriales. Le département de l’Hérault a ainsi annoncé la suppression totale des financements non-obligatoires consacrés à la culture dans son budget 2025, invoquant les baisses des financements de l’État aux collectivités territoriales.

 

Ces dernières peinent à maintenir les services et les équipements publics permettant de subvenir aux besoins du secteur culturel. Les conséquences sont nombreuses : annulations de projets et d’actions culturelles, fermeture de lieux culturels, précarisation des professionnel.les. Le contexte inflationniste et les séquelles de la crise sanitaire aggravent encore la situation, plongeant le secteur dans une crise alarmante. La région d’Île-de-France par exemple, a baissé de 20 millions son budget pour la culture.

 

Face à l’urgence de la situation, les mobilisations des professionnel.les de la culture se multiplient, partout en France. Le 27 janvier, le Syndeac (Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles) publiait une lettre ouverte destinée à la Ministre de la Culture Rachida Dati, l’interpellant sur les coupes budgétaires de 210 millions d’euros prévues pour 2025.

 

L’enquête alarmante du Syndicat des Musiques Actuelles

 

Le mercredi 16 avril, le SMA (Syndicat des Musiques Actuelles) révélait une enquête alarmante : baisse de la fréquentation des structures du secteur musical, annulations de dates de concerts et d’actions culturelles envers des publics scolaires ou en situation de handicap, licenciements et encore hausse des tarifs d’accès pour les publics. Au niveau national, le CNM (Centre National de la Musique) connaît une baisse de dotation de l’ordre de 1,3 million d’euros de la part de l’État. A une plus petite échelle, les structures locales peinent désormais à survivre, face à un contexte financier et de décentralisation culturel important. Cette enquête alerte quant aux risques encourus si les coupes budgétaires continuent de s’accumuler.

 

Magali Fricaudet, directrice du lieu de musiques actuelles de proximité Canal 93 à Bobigny, témoigne de ces contraintes budgétaires. Sur un territoire où 40 % de la population a moins de 29 ans et où un tiers vit dans la précarité, cet établissement public municipal intervient sur la scène musicale dans une démarche féministe et éducative.

 

Mais la suppression du Pass Culture en février 2025 a entraîné l’arrêt de nombreux projets éducatifs. A Canal 93, ces ateliers, qui mêlaient création sonore, écriture ou spectacles jeunes publics permettaient de renforcer les liens pédagogiques entre élèves et enseignants, servant de support éducatif et d’apprentissage. Selon Magali Fricaudet, ce sont près de 500 jeunes qui en seront privés cette année. Pour Claude Freissinier, directeur d’Arts et musiques en Provence, qui produit et diffuse des concerts et spectacles de musiques actuelles à Marseille, c’est une vingtaine d’actions culturelles auprès de collégien.nes qui ont dû être supprimées.

 

Pour ces structures culturelles qui ne peuvent pas survivre sans subventions, le climat est à la prudence et à l’attente. Ces deux lieux musicaux témoignent d’une difficulté à se projeter, contraints de reporter certains projets. Dans l’attente d’aides financières,ces structures sont contraintes à repenser leur modèle économique.

 

Pour Magali Fricaudet « ces contraintes budgétaires affectent les droits des travailleurs et travailleuses de la culture et notre capacité à programmer. Par conséquent, c’est aussi le statut de l’intermittence qui est menacé. La répercussion est en chaîne sur tout un système économique censé garantir la diversité culturelle et aussi l’emploi dans ces métiers. ».

 

Au-delà de ces impacts directs sur les professionnel.les du secteur culturel, ce sont aussi des conséquences sociales drastiques qui sont engendrées : « Ces coupures vont accentuer structurellement les inégalités. Je pense pouvoir apporter la voix d’un lieu culturel situé en Seine-Saint-Denis : c’est dans les territoires les plus pauvres, sur les cultures et les pratiques culturelles populaires que l’on risque de se trouver le plus en difficulté. ».

 

L’appel de Montreuil : les CDN dénoncent l’offensive budgétaire et réactionnaire

 

Le 17 avril, les directeurs et directrices des 38 Centres Dramatiques Nationaux (CDN)publiaient une tribune dénonçant à leur tour les politiques gouvernementales : « Cette fragilisation vient pour beaucoup expliquer le départ anticipé de certains de nos collègues n’ayant plus les moyens de leur première mission : accompagner les artistes. Le théâtre public est au fond pris dans la même spirale infernale que l’école, l’hôpital, l’aide sociale ou la justice : une érosion constante de ses moyens d’action, qui conduit mécaniquement à la difficulté de rendre les services qu’il est censé rendre, et qui induit à terme une remise en cause des principes mêmes sur lesquels il a été fondé ». Ce communiqué, au-delà de dénoncer l’« offensive budgétaire » et les forces réactionnaires, appelle aussi aux élu.es français.es d’agir contre les forces réactionnaires anti-républicaines s’attaquant à la liberté d’expression et de création.

 

Pauline Bayle, directrice du Théâtre Public de Montreuil, souligne une crise généralisée, touchant toutes les échelles de la culture : « Les coupes budgétaires ont toutes les mêmes conséquences : une fragilisation extrême qui touche la création artistique et ses acteurs et actrices. ».

 

A Montreuil, malgré une hausse des ressources propres ces dernières années, celles-ci n’ont pas suffi à compenser l’inflation ni l’augmentation des salaires. Les chiffres sont parlants : entre 2020 et 2024, le budget d’activité artistique du TPM est passé de 950 000 à 750 000 euros. Tant au niveau de la diffusion que de la création artistique, les projets sont contraints d’être amoindris. Les structures culturelles accueillent les compagnies et les spectacles moins longtemps, les compagnies réduisent le temps de travail, le nombre de personnes au plateau. « À Montreuil par exemple, on soutient une artiste dont on accueillera la création la saison prochaine. Au départ il devait y avoir six interprètes au plateau et finalement, ils ne seront que trois. ».

 

L’impact sur l’accessibilité du public à l’art et à la culture est tout aussi préoccupant. Pour maintenir des prix accessibles au plus grand nombre, les structures culturelles se voient contraintes de réduire le nombre de représentations, malgré des ambitions et des volontés de défendre les représentations en série. « Le prix du billet moyen dans une structure comme la nôtre est de 10 euros. Si nous n’étions pas subventionnés, il faudrait que nos places soient à 87 euros cette saison pour rentrer dans nos frais. ».

 

Quelles alternatives pour les lieux culturels ?

 

Face à cette fragilisation, l’action collective et la solidarité demeurent parmi les rares leviers d’action efficaces. Le mécénat ou les marchés publics offrent certaines perspectives, mais ne suffisent pas à garantir un modèle économique pérenne. Et la crise touche aussi les fondations privées, souvent sollicitées pour soutenir des projets spécifiques et engagés, qui réduisent elles aussi leurs financements. Claude Freissinier regrette le recours aux marchés publics, qui instaure une logique de concurrence peu habituelle dans le monde culturel français.

 

Pour Magali Fricaudet, ce besoin de nouveaux modèles économiques peut aussi passer par des filières de production : « Il faut essayer de se structurer pour défendre une offre artistique et culturelle intelligente, diverse, féminine. Cela passe aussi par l’entraide entre lieux qui ont des objectifs et intérêts communs ». Selon elle, les artistes eux-mêmes peuvent jouer un rôle crucial. En se produisant dans des lieux de proximité, en soutenant ou en parrainant des artistes locaux, ils contribuent à faire vivre ces espaces essentiels. Leur mobilisation pour défendre des lieux qui leur ont parfois permis de se développer, en leur donnant de la visibilité, pourrait se révéler comme une réponse concrète aux difficultés actuelles.

 

S’organiser collectivement, coopérer avec d’autres acteur.ices du secteur, avec les syndicats, les réseaux régionaux ou les fédérations, devient une nécessité pour faire face aux incertitudes et défendre la culture dans une volonté commune.

 

Redonner une place à la culture dans le débat politique

 

L’appel de Montreuil rappelle l’urgence de replacer la culture au cœur des débats politiques. Pour Pauline Bayle, la culture pour tous.tes doit faire partie d’une vision politique, défendue dans les débats autour des municipales mais aussi des présidentielles. Car si elle est absente des débats publics, l’accès à la culture et à l’art reste pourtant un levier puissant de justice sociale, de liberté d’expression et de création : « La question de la justice, de la liberté de créer et de la santé, s’inscrivent dans un projet de société enviable, comme vecteur d’émancipation permettant l’éclosion des imaginaires individuels et collectifs. Mais cela ne pourra advenir qu’à la condition que l’on réussisse à mener un combat de manière transversale. ».

 

Face à l’austérité, l’union des acteur.ices du secteur culturel peut encore faire entendre cette voix. Il ne s’agit pas seulement de préserver les structures existantes, mais de repenser les conditions d’une action culturelle durable, accessible et indépendante.

Entretiens :

Magali Fricaudet, directrice de Canal 93

Pauline Bayle, directrice du Théâtre Public de Montreuil

Claude Freissinier, directeur d’Arts et Musiques en Provence