Le lover est de retour et sa tournée est grandement attendue. Connu pour ses shows millimétrés et ses performances vocales, Eddy de Pretto ne déçoit pas et met l’Olympia en transe.
La salle de l’Olympia est bondée. Sur scène, une structure métallique recouverte d’un drap trône. Un visuel de montagne en fond. Projetés sur un écran, deux yeux nous fixent, et une voix scande en piano-voix :
« C’était l’début des années 20
Le début de la fin, sûrement
{…}
Jusqu’à ce qu’enfin tu découvres
Qu’il existait l’amour »
Parler d’un concert serait un euphémisme, pour ces deux premières dates parisiennes Eddy de Pretto a fait le show, et conquis – s’il le fallait vraiment – son public enflammé, en lui servant, dans une orchestration millimétrée, l’intégralité de son dernier album intercalé de quelques-uns de ses titres phares. Pendant près d’1 h 45, il pose son cœur sur la table, cash, sans détours. Il nous emmène en voyage, promet une ascension, nous embarque dans sa caisse. En fond, on entend d’ailleurs un moteur vrombir…
Cette « proposition artistique à part entière » annoncée sur les réseaux de l’artiste repose sur un dispositif scénique complet, associant des sons d’ambiance à un élément phare déjà présent en 2019 lors de sa première tournée : une immense structure estrade. Cette fois-ci, il y trône un panneau, un « panneau publicitaire » nous explique-t-il dans un intermède, voué à partager avec nous sa « conception du bonheur ».
Tout au long du concert, cet espace vidéo est judicieusement occupé, mettant à l’honneur ses musiciens (guitares, claviers, batterie), les paroles des chansons en couleur façon néon, des visuels délicieusement kitch, ou encore des projections live en plan resserré de l’artiste. Une omniprésence de la vidéo donc, qui peut nuire à l’émotion pour certains, qui fait irrémédiablement regretter l’absence de la musique live, mais qui permet au chanteur de déployer son univers.
Les premiers spots allumés, les titres s’enchaînent. La sensation de caracoler, à 200 km/h sur une route de montagne, est un peu brusquant, mais soudée dans cette envolée, la complicité entre le public et Eddy de Pretto est intacte. Il sait solliciter, galvaniser, cueillir. De l’ambiance boîte de nuits sur papa $ucre et être bien, on passe aux larmes tremblantes sur maison ou À quoi bon, le tout ponctué par une émouvante ovation lorsqu’il reprend Kid. « Il y a des textes qui vous dépassent et qui finissent à l’Assemblée nationale contre les thérapies de conversion et dans les manuels scolaires. », et qui quelques minutes durant se font applaudir.
Tout son corps est sollicité, dévoué, en mouvement. Les captations par drone et le jeu de lumière nous font le sentir proche, ce qui accroît le plaisir de retrouver cette voix, sa voix qui jamais ne failli. Il joue, s’amuse et se déploie – frôlant le rap, excellant l’a cappella, conjuguant les graves et les aigus, donnant généreusement. En fin de course, un long générique se déploie, une conception du bonheur où l’on ne chemine pas seul, où l’on danse en trans ensemble, où l’on s’émeut sur un piano voix, où l’on se promet de se retrouver, à Bercy par exemple le 6 décembre 2024.
Eddy de Pretto lors du Crash Coeur Tour – Credit photo : @8.125studio