Le rappeur français Lomepal, de son vrai nom Antoine Valentinelli, a vu l’enquête préliminaire pour viols qui le visait classée sans suite ce vendredi 24 janvier par le parquet de Paris. Les autorités ont conclu que les faits reprochés, qui remontent à plusieurs années, n’ont pu être « clairement établis » au cours des investigations. Trois femmes avaient porté plainte contre l’artiste pour des accusations de viol, mais la justice a estimé que les preuves étaient insuffisantes pour poursuivre l’affaire.
Les plaintes remontent à 2020, 2023 et 2024. La première concernait un viol présumé en 2017 à New York, déposé par une connaissance de Lomepal. Deux autres femmes avaient ensuite accusé le rappeur de viols survenus entre 2017 et 2019. Les plaintes avaient été regroupées dans une même enquête préliminaire.
Le mercredi 19 juillet 2023 Jenna Boulmedais, artiste et rédactrice en chef de Joly Môme, publie un post accusant Lomepal d’agressions sexuelles. Elle explique avoir entendu, depuis deux ans, plusieurs témoignages rapportant des « gestes déplacés et non désirés » de la part du rappeur. Elle affirme également que « toute l’industrie musicale serait au courant » des agissements présumés d’Antoine Lomepal. Ces accusations ont provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux. Un commentaire sur Instagram a particulièrement attiré l’attention, celui de l’actrice Manon Dauvillers, qui a joué dans le clip Yeux Disent. Elle écrit : « J’ai des choses à dire sur Antoine », semblant appuyer les propos de Jenna Boulmedais.
En février 2024, Lomepal avait été confronté à deux plaignantes en garde à vue, tandis qu’une troisième femme avait rejoint l’affaire deux mois plus tard, prénommée « Marie » par Mediapart. Lomepal nie tout « viol », même s’il affirme auprès de Mediapart se souvenir de ce rapport sexuel : « Je n’aurais jamais ne serait-ce qu’imaginé faire cela à quelqu’un d’endormi », insiste-t-il.
Les plaignantes, défendues notamment par Maître Frédérique Pollet Rouyer, ont exprimé un profond sentiment d’injustice. L’avocate dénonce un « faisceau d’indices conséquents » ignoré par la justice, rappelant que ses clientes avaient alerté leurs proches rapidement après les faits et qu’un examen médical avait été réalisé par l’une d’elles le lendemain d’un des viols.
Malgré des témoignages et des éléments médicaux avancés par les avocates des plaignantes, la justice a décidé de ne pas donner suite, invoquant l’absence d’éléments médico-légaux probants et le caractère insuffisant des témoignages pour établir la réalité des faits.
De son côté, Lomepal s’est exprimé sur Instagram, affirmant : « Je reprends ma vie. » Il a réitéré son innocence, déclarant avoir pleinement coopéré avec la justice en fournissant des preuves et en participant aux investigations.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte où plusieurs figures du rap français ont été impliquées dans des accusations de violences sexuelles, c’est notamment le cas de Moha La Squale et de Naps, eux aussi sous les projecteurs judiciaires. Si le classement sans suite blanchit légalement Lomepal, le débat sur les accusations et la perception publique reste ouvert, notamment avec la possibilité pour les plaignantes de relancer l’affaire via une plainte avec constitution de partie civile.