L’urgence est de mise dans les milieux éditoriaux : Bolloré et son cheval de Troie écrasent les conditions de travail et les maisons d’éditions et librairies indépendantes, en vue d’un profit plus grand et d’une utilisation de leurs pouvoirs au service de leurs idées. Grèves, tribunes et appels au boycott sont plus que jamais d’actualité.
Les plus grands groupes d’édition sont détenus, entre autres, par Bolloré (Hachette) et Kretinsky (Editis). De fait, plus de la moitié du marché du livre est entre les mains de ces milliardaires qui détiennent l’économie du secteur.
Au-delà d’être inquiétant pour les métiers du livre, cela est accablant pour les choix éditoriaux qui passent au second plan, au profit d’un consumérisme et un capitalisme qui cherche à éditer les livres qui se vendront le plus.
Depuis quelque temps, l’inquiétude gronde chez les salariés.es des métiers du livre : les puissants détiennent plus de la moitié du secteur éditorial : ils provoquent la course au consumérisme, servent de support aux idées d’extreme-droite et marchent sur les conditions de travail.
Editis, détenu par Kretinski, souhaite déménager les 700 salarié.es de Czech Media Invest (CMI) dans les locaux de sa filiale : un mouvement social de grève a été lancé par l’Union syndicale indépendante (USI) ce mardi 11 février et a été rejoint par d’autres syndicats. Si le problème de la place se pose, les conditions de travail sont également pointées du doigt.
Chez Hatier, filiale de l’édition scolaire de Hachette Livre (Bolloré), les mêmes dénonciations sont en cours, également en vue du transfert vers le siège social. Quant aux éditions Bayard, celles-ci sont en train d’être déplacées dans des locaux plus petits à Malakoff, ce qui aura sans aucun doute des effets sur leurs conditions de travail.
Très clairement, en vue du profit et d’une invisibilisation des demandes sociales, les géants de l’édition écrasent leurs employé.es et créent un marché et un monde salarial à leur bon vouloir. Au travers de ces conditions alarmantes, Martine Prosper, secrétaire générale de la CFDT-Livre-Edition souligne la mise en avant volontaire des piles de JDNews, journal explicitement d’extrême-droite, à l’entrée des maisons d’édition d’Hachette-Livre.
Cette information illustre l’arrivée grandissante d’une droite qui s’insère et resserre ses mains dans tous les secteurs.
Bolloré, loin de détenir seulement Hachette, détient désormais certains médias comme CNews, JDNEws et C8. Il se place ainsi au cœur du jeu politique, utilisant les médias comme de vraies armes politiques « au service de son combat civilisationnel ».
Lors des dernières élections législatives, face à ce géant de l’industrie, de nombreux.ses libraires ont appelé à voter pour le Front Populaire. La nécessité de fermer les pages aux montées de la droite est urgente dans ses secteurs sur lesquels les puissant.es peuvent s’appuyer pour véhiculer des idées extrêmes. Cette peur s’est cristallisée autour du livre de Jordan Bardella qui a fait top 1 des ventes alors qu’il y a moins de 10 ans encore, Marine le Pen ne trouvait aucune maison d’édition pour la publier. Par ailleurs, Bolloré détient les points Relay dans les gares de France : c’est grâce aux syndicats de la SNCF et de la RATP que la campagne d’affichage du livre de Jordan Bardella a été empêchée jusqu’à présent.
De fait, les libraires et éditeur.ices ont signé une nouvelle tribune publiée chez Médiapart « Ne laissons pas Bolloré et ses idées prendre le pouvoir sur nos librairies ! ». Les actions se multiplient et les libraires, organisations, associations, maisons d’éditions appellent au boycott et à la résistance en refusant « d’être l’outil de propagande des forces réactionnaires ».
Comme le précise Gaspard, libraire auvergnat au micro de France Culture pour « Boycott : les libraires contre Bolloré »,
« On pourrait nous accuser de faire du boycott ou de la censure, mais en réalité, être libraire c’est passer son temps à censurer des choses et à boycotter des choses(…) Donc être libraire c’est faire des choix, c’est mettre en avant des choses, c’est en refuser d’autres. »
Ces inquiétudes raisonnent avec celles liées à la montée en puissance de l’IA ou la main mise d’Elon Musk sur X, ce qui a provoqué des appels à la resistance.
Au-delà d’un problème culturel, il est évident que c’est la politique qui est au cœur du problème. Les médias, les éditions, les libraires, toutes et tous sont appelé.es à agir et à résister pour barrer la montée insidieuse des idées racistes et capitalistes dans nos supports de divertissements et nos quotidiens.
Pour cela, il est vital de célébrer les maisons d’éditions et libraires indépendantes. Il est également possible de se rassembler pour parler, faire la fête dans ces temps troublés, c’est ce que nous propose le salon des éditions NRV au Point Éphémère le week-end prochain, samedi 22 février :
« pour ne pas rester là à rien faire et exorciser notre colère on a décidé de réagir en réunissant des collectifs qui choisissent de bousculer, de dénoncer, de faire entendre la fureur qui gronde. »
visuel : ©capture d’écran, Les Soulèvements de la terre, marques-pages en vue de l’opération « Désarmer Bolloré ».