Le Festival Antigel vient de fêter ses 15 ans à Genève du 6 février au 1ᵉʳ mars, Cult était de passage il y a quelques jours et en profité pour échanger quelques mots avec Gábor Varga, la tête pensante de cette programmation fleuve.
Je m’appelle Gábor Varga et je suis collaborateur artistique en charge de la programmation des arts vivants et co-concepteur des projets Made In Antigel.
Oui, nous sommes toutes et tous pluriels dans ce festival parce que nous faisons beaucoup de choses, nous assurons toute la panoplie de ce que l’on peut imaginer dans un festival artistique.
Non, nous concevons des projets. L’une de nos marques de fabrique est constituée de projets Made In Antigel, des projets in situ que nous préparons pendant le festival. Nous avons le concept en amont, puis nous mettons en œuvre notre idée pendant l’événement. Il faut imaginer que nous produisons quatre ou cinq nouvelles créations.
Oui, exactement. Cela peut se dérouler dans une usine où les employés cessent de travailler le jeudi soir. Nous arrivons dans la nuit du jeudi, nous faisons un montage, le vendredi matin, nous répétons, et le vendredi soir, le public assiste à la représentation. Ce sont des projets in situ, un peu instantanés.
Tout d’abord, nous trouvons un endroit, soit un lieu, soit un thème. Parfois, un lieu nous fait rêver, d’autres fois, un fait divers ou une période historique nous inspire et nous donne envie de raconter certaines histoires. Cette année, il y avait quatre créations de ce type, dont deux sur le thème des frontières. Nous avons fait appel à l’auteur Fabrice Melquiot, qui est venu à Meyrin, a échangé avec les habitants, l’ancienne maire, des passants, et a écrit un texte sous forme de docu-fiction. Ensuite, nous avons déterminé un itinéraire pour le public, car ce type de projet s’écoute en marchant. Les spectateurs portent des écouteurs, une personne s’occupe de l’habillage sonore, une autre compose la musique, et une compagnie de danse réalise des interludes chorégraphiques tout au long du parcours.
Concrètement, nous accueillons le public dans un jardin botanique alpin magnifique, nous distribuons les casques, nous partons en balade, et quinze minutes plus tard, nous nous arrêtons pour assister à une courte chorégraphie, tout en écoutant la musique dans les casques. Puis, nous marchons à nouveau pendant dix à douze minutes jusqu’à la prochaine station chorégraphique, et ainsi de suite jusqu’à la scène finale.
Exactement. Nous trouvons plusieurs artistes susceptibles de servir le lieu. Un autre projet de cette année se déroulait chez un distributeur de vin. En fait, c’est le troisième plus grand importateur de vin en Suisse, donc des millions de litres en stockage. Et nous avons conçu un parcours avec des artistes de cirque.
Souvent, oui. Mais ce n’est pas une obligation. Cette année, nous avons organisé notre premier Made-In où le public était assis, dans un hall industriel, avec des gradins. Il y avait des musiciens, notamment le batteur du groupe culte The Young Gods, des danseurs issus de la culture urbaine, des skateurs, et l’artiste Andrea Salustri, qui manipule le feu avec une incroyable maîtrise.
Chaque année, cela varie, mais nous comptons environ 50 à 60 lieux partenaires, 80 spectacles et concerts pour environ 120 représentations en trois semaines et demie.
Nous tenons à préserver une dimension populaire tout en proposant des performances exigeantes. Nous essayons d’offrir une diversité telle que chaque spectateur puisse trouver son compte.
Oui, dès l’annonce de la programmation, elle est complète en 15 minutes. Cette année, le thème est Las Vegas, avec des performances, un bar à huîtres, et une Wedding Chapel.
Nous sommes en pleine construction. La programmation des arts vivants est en cours de discussion. Chaque projet se négocie.
Il repose sur un tiers de fonds publics, un tiers de financement privé et un tiers provenant de la billetterie.
C’est émouvant. Nous avons su conserver un côté indiscipliné et surprenant, ce que le public attend de nous.
Antigel, Genève, du 6 février au 1er mars
Visuel : ©Magali Dougados