Dans un contexte de commémoration de la Seconde Guerre mondiale, et plus particulièrement de la libération du camp d’Auschwitz, le 27 janvier dernier, la ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé une aide de 3 millions d’euros en plus des 3,5 millions déjà annoncés comme financements en 2025 pour le musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme.
Cet argent, attendu depuis longtemps, servira notamment à réaménager et étendre la structure du bâtiment.
Le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme tient place dans le quartier du Marais, dans l’ancien hôtel particulièrement de Saint-Aignan depuis 1998. Ce lieu de mémoire et de transmission retrace l’histoire de la culture juive depuis le Moyen-Âge jusqu’au XXe siècle. La collection permanente et les expositions qu’accueillent les murs sont importantes et qualitatives, néanmoins ce lieu commence à se faire étroit pour la quantité d’archives, d’objets et d’œuvres qu’offre le musée. Cela fait plusieurs années que les équipes cherchent à réaménager le lieu et à avoir davantage de subventions.
En effet, la mémoire de la Shoah et de la culture est depuis toujours une nécessité, mais d’autant plus dans des temps politiques où l’extrême-droite et des groupes néonazis reparaissent publiquement.
Dimanche 16 février à Paris, un groupuscule d’extrême droite a attaqué une conférence organisée par un mouvement antifasciste et s’est enfui en criant « Paris est nazi » dans les rues du Xe arrondissement. De plus, dernièrement, la culture est mise à mal, et sa résistance également. La silenciation des artistes et de ses contre-pouvoirs est à surveiller de près pour ne pas se faire museler et être écarté.es de la scène artistique, mais aussi sociale et politique.
Appuyer sur la culture comme levier de résistance, de passation d’histoire(s) et de témointe est une solution et un besoin. Depuis toujours l’art sous toutes ses formes est un vecteur de témoignage et de lutte.
Ainsi, cette injection d’argent est notable et saluée : cela permettra de mettre en valeur les œuvres et les histoires détenues en ce lieu, afin de créer un parcours et une médiation adaptés à divers publics. De cette manière, le musée espère pouvoir accentuer son affluence et ainsi élargir les savoirs concernant la culture juive.
Dans un contexte où la mémoire des camps et des génocides est d’une brûlante actualité, l’importance d’un travail de mémoire et d’un dialogue à travers les âges et les cultures est accentué. Bien que la mémoire soit un élément clé des programmes scolaires, il est nécessaire que les musées français puissent accueillir des écoles et poursuivre, en actes, cette parole qui se transmet dans les salles de classe.
De fait, la réorganisation du lieu, son réaménagement et la mise en place de nouveaux supports de médiation soulignent l’éveil de l’État sur l’importance de cette transmission et de cette pédagogie dans les musées de la ville. Néanmoins, bien que cet argent soit agréable, pourquoi cette aide arrive-t-elle aussi tard alors que cela fait plusieurs années que le musée était à l’étroit ? Qu’en est-il des autres musées mis à mal avec les coups de rabots inédits du budget 2025 ?
Dans les locaux du Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, vous pourrez retrouver à partir du 13 mars jusqu’au 31 août, une exposition consacrée à « Alfred Dreyfus. Vérité et justice», qui remettra la lumière le combat acharné de cet homme, dans un contexte de lutte contre l’antisémitisme qui, cent-trente ans plus tard, résonne tristement avec notre actualité.
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