Un roman-fantôme qui prend chair : Pseudo au Théâtre La Flèche

Pseudo est le troisième et probablement le moins connu des romans d’Emile Ajar aka Romain Gary. Œuvre labyrinthique, telle les confessions feintes d’un homme en crise, cette oeuvre joue à cache-cache avec son auteur, son narrateur et son lecteur.

Mais voilà qu’au Théâtre La Flèche, ce roman-fantôme prend chair. Seul en scène, Zacharie Féron prête son corps et sa voix à Paul Pavlowitch, le « neveu » désigné pour incarner Ajar. Dès l’entrée du public, l’acteur est là, prostré sur un banc, déjà habité par le trouble de son personnage. Puis, sans transition, « il n’y a pas de commencement » il nous entraîne dans une heure de métamorphoses vertigineuses. Passe de la position assise à celle debout sur sa chaise avec une aisance déconcertante, Féron devient tour à tour homme, femme, psychiatre, python, cendrier. Avec malice et brio, les personnages s’enchainent, se mélangent, se rencontrent et nous emmènent dans les errances de l’auteur.

La mise en scène, épurée, laisse toute la place à la performance de l’acteur. Le spectateur oscille entre malaise et rire, pris dans les filets d’un texte qui explore la folie comme ultime refuge contre la réalité.

En adaptant Pseudo au théâtre, Zacharie Féron et Pierre Koestel réussissent le pari de donner vie à une œuvre insaisissable. Le résultat est une plongée troublante et jubilatoire dans les méandres de l’identité et de la création littéraire.

Texte : Romain Gary
Adaptation : Pierre Koestel & Zacharie Feron
Avec : Zacharie Feron
Regard extérieur : Maud Lefebvre
Collaboration artistique : Jean-Noël Dahan