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Un Monteverdi aux allures de diamant noir à Aix-en-Provence

par Thomas Cepitelli
24.07.2024

Porté par un casting époustouflant, le premier opéra vénitien de Monterverdi est le fruit d’une collaboration réussie entre Pierre Audi et Leonardo García Alarcón.

De la solitude avant toute chose

Après un long voyage et la guerre avec Troie, Ulisse, revient en sa patrie pour retrouver Penelope, sa fidèle épouse et Telemaco, leur fils. De cet argument, somme toute réduit, Montervedi et son librettiste Badoaro tirent un dramma per musica qui fit date dans l’histoire de l’opéra.

Le monde à Ithaque est englouti dans l’attente du retour de son héros, « du plus grand héros des Grecs ».  Sur scène, aucun élément scénographique, si ce n’est trois parois noires mobiles et un bloc qui tient  du trône comme de la stèle funéraire. Les pans de murs métalliques reflètent la lumière pour mieux donner à voir ce qui se joue ici. Urs Schönebaum qui a signé la scénographie et les lumières a pensé son travail autour du reflet.

 

La mise en scène de Pierre Audi, par ailleurs directeur général du festival, tient du livre d’images héraldiques. Des images crépusculaires qui permettent de faire résonner les voix des interprètes. Comme l’on parle de white box dans les musées et les galeries d’art contemporain, on peut sans nul douter penser à une black box. Un jeu d’emboîtements noirs et sombres comme le sont les costumes des humains. Wojciech Dziedzic, créateur des costumes, joue ici des drapés moirés pour les personnages féminins et donnent à voir la musculature et la peau des personnages masculins dans des jeux de transparence de résilles et de débardeurs déchirés. En contrepoint, en contrejour pourrait-on écrire, Iro, le personnage comique du glouton veule est tout de blanc vêtu. Les dieux et les déesses, Minerva et Nettuno sont eux vêtus d’un bleu immaculé. Ce sont eux qui mènent la danse, se jouant des hommes, de leur inconstance.

Une distribution d’une rare homogénéité

Leonardo García Alarcón avait déjà ébloui le public du festival d’art lyrique par sa direction du Couronnement de Poppée du maître italien. Il offre ici une direction resserrée. Il a su s’entourer à nouveau d’un cast de très haute volée dont l’une des caractéristiques est l’unisson dans la prouesse vocale, certes, mais aussi dans l’investissement physique.

 

John Brancy est un Ulisse d’une belle intensité. D’une part, parce qu’il est un baryton au timbre généreux, plein et complexe et qui prend parfois des tonalités de bel canto. D’autre part, sa large stature se plie et se déplie au fur et à mesure du spectacle lorsqu’il est, soit Ulisse lui même, soit celui-ci déguisé en vieillard. Son jeu d’acteur s’appuie sur sur son impeccable technique vocale.

 

Il en va de même pour Deepa Johnny qui nous offre une Penelope en retenue, d’une très grande intensité. Jusqu’à la toute fin de l’opéra où sa voix se déploie tout comme son personnage ouvre son cœur et reconnaît son mari. Pour clore ce portrait de famille il faut ici saluer Anthony Léon qui interprète Telemaco. Pour sa première participation au Festival d’Aix-en-Provence, il brille à la hauteur de ses aînés. Tout en énergie, se jetant à corps perdu dans sa quête et dans chacune de ses notes, il émeut de bout en bout et donne de la complexité à son personnage.

 

On retrouve dans cette production Paul-Antoine Bénos- Djian et Alex Rosen que l’on avait tant aimés dans Le couronnement de Poppée. Le premier joue Tempo, Antinoo et Nettuno. Lorsqu’il interprète le dieu marin ses notes les plus basses semblent faire venir des abysses et c’est absolument fascinant. On a peine à penser que des notes si basses puissent être réalisées avec tant de justesse et d’intensité. Le second est l’un des contre-ténors qui monte. Il incarne ici avec ce mélange de fragilité et de force les personnages de l’Umana fragilita, Anfinomo et Feacio. Ils sont rejoints par Petr Nekoranec, formidable ténor dans les rôles de Pisandro et Feacio 2. À tous trois, chacun dans sa tessiture propre, ils donnent un éventail des possibles du chant lyrique. À la fois parfait dans leur individualité et d’une belle écoute entre eux, ils sont inoubliables dans ces rôles que l’on tend parfois à juger moins importants dans l’œuvre.

 

Cette très belle réussite du dernier opus des œuvres lyriques de Montervedi restera dans les mémoires du Festival d’Art Lyrique d’Aix en Provence et nous donne l’envie déjà de se prendre pour Ulisse et d’y revenir.

Il Ritorno d’Ulisse in Patria de Monterverdi au Festival d’Aix en Provence ; direction musicale de Leonardo García Alarcón ; mise en scène de Pierre Audi

 

Diffusion le 24 juillet à 20H00 sur France Musique.

 

Visuel : © Ruth Walz