Poursuivant notre parcours gersois, nous posons nos valises dans la cathédrale Saint Luperc d’Eauze. Au programme de cette soirée inhabituelle : « Les quatre saisons » de Vivaldi et la version d’Astor Piazzolla en seconde partie.
Si tout le monde connaît « Les quatre saisons » d’Antonio Vivaldi (1678-1741), seule œuvre du compositeur vénitien à n’être jamais tombée dans l’oubli, le public connaît nettement moins l’œuvre d’Astor Piazzolla (1921-1992). Le pari d’Opéra Éclaté de présenter les deux œuvres dans le même concert s’est avéré être une réussite tant Ludovic Passavant et le quintette à cordes, issu de l’orchestre Opéra Éclaté, ont donné une lecture très réussie du chef d’œuvre de Vivaldi.
La soirée débute donc par les quatre concertos de Vivaldi. Dès les premières notes du Printemps, Ludovic Passavant et ses acolytes donnent une lecture parfaite du chef-d’œuvre de Vivaldi. Si l’on peut s’étonner de voir interpréter un arrangement pour violon et quintette à cordes, le fait est que les concertos du prêtre roux ne sont absolument pas dénaturés par cet arrangement hautement inhabituel, mais de très belle tenue. Après cet idéal Printemps, c’est l’Été avec son célèbre allegro évoquant les violents orages qui peuvent s’abattre un peu à l’aveuglette. L’Automne et l’Hiver sont interprétés avec le même panache que leurs « camarades ». Rien ne manque à cette version certes inhabituelle, mais de très belle tenue : Tempos parfaits, nuances idéales, lecture vive et sans temps mort.
Au retour de la pause, Ludovic Passavant et le quintette à cordes de l’orchestre Opéra Éclaté s’attaquent aux quatre saisons d’Astor Piazzolla. Piazolla est connu pour ses compositions jazzy comme « Libertango ». Mais son corpus musical est autrement plus important. Ainsi Maria de Buenos Aires, composé et créé en 1968, ressort des placards depuis quelques années et « Les quatre saisons » selon le compositeur argentin, composées et créées en 1970, reviennent tranquillement sur le devant de la scène. Passavant et ses cinq complices interprètent cette version très jazzy et virevoltante avec panache. Si le chef-d’œuvre de Vivaldi est « cloisonné » en quatre concertos que tout un chacun identifie sans réels problèmes, la vision de Piazzolla est nettement plus festive même pour « décrire » l’automne et l’hiver et les six musiciens rendent avec une justesse peu commune le passage d’une saison à l’autre tout en mettant en valeur la musique jazzy et très colorée de Piazzolla
C’est un concert de très haute volée que nous ont proposé Ludovic Passavant et les musiciens issus de l’orchestre d’Opéra Éclaté. Si les concertos de Vivaldi ont pris des couleurs très surprenantes du fait de l’arrangement pour quintette à cordes, ils ont été parfaitement défendus par les artistes présents devant le maître autel de la cathédrale Saint Lucerq. Quant aux quatre saisons de Piazzolla, l’interprétation des six musiciens n’a rien à envier à celles qui l’ont précédé.
Photo Ludovic Passavant © Opéra Eclaté