Justine Triet est de retour à Cannes avec un film noir et profond comme elle en a le secret sur les déchirements d’un couple après la mort abrupte du mari : Anatomie d’une chute.
Sandra (Sandra Hüller, dont on ne se lasse pas depuis Toni Erdmann) est une écrivaine à succès. D’origine allemande, elle s’est retirée à la montagne avec son mari, Samuel ; lui aussi auteur et enseignant. Il a d’ailleurs choisi de faire cours à la maison à leur fils de 11 ans, Daniel, devenu quasiment aveugle après un accident grave à l’âge de 4 ans. Un après-midi, Sandra reçoit une étudiante qui lui consacre sa thèse, Samuel fait des travaux dans le grenier du chalet pendant l’entretien et il met la musique très fort. L’entretien tourne court, Daniel part se promener dans la neige avec son chien. Quand il rentre, il trouve son père mort, au sol. Cette chute est-elle un suicide, un accident ou un meurtre ? Sandra appelle un avocat (Swann Arlaud).
Avec la finesse d’un scalpel et un jeu machiavélique de va-et-vient entre le chalet et le tribunal, Justine Triet explore les fondements d’un couple. Le personnage du fils est passionnant, le scénario, cosigné par Arthur Harari, excellent, et l’on se sent emporté comme dans des sables mouvants dans cette histoire où l’on a l’impression de rencontrer le mari quand il est déjà trop tard. La mise en scène est redoutable, les mots pesés au milligramme près, et la musique de Fanny Martin incisive. Un petit chef d’œuvre de psychologie, de jeu d’acteurs et de sobriété fatale, qui en font un de nos films préférés de la Compétition.
Anatomie d’une chute © Les Films Pelléas – Les Films de Pierre
Anatomie d’une chute de Justine Triet, avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, France 2023, 151’, En compétition officielle à Cannes. Sortie française : Les films du poisson.
Visuel © Les Films Pelléas – Les Films de Pierre
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