Toujours actif et dynamique, le claveciniste, chef d’orchestre et fondateur de l’orchestre des Talens Lyriques, Christophe Rousset présentait sa nouvelle saison à la presse : une moisson d’opéras, de concerts et de disques à venir.
Entouré d’une solide équipe très efficace, Christophe Rousset avait également invité la metteure en scène Lilo Baur pour l’un des projets les plus enthousiasmants, celui de l’Armide de Lully (1686) après celle de Gluck (1777) qui fut présenté par la même équipe, en 2022, à l’Opéra-Comique. Reprendre les décors et notamment l’arbre immense qui dominait la scène, les mêmes chanteurs avec quelques variantes, les mêmes danseurs (et quelques autres), une partie des costumes, est un défi conforme aux volontés écologiques qu’affirme désormais l’opéra. Tout en soulignant le plaisir d’aborder Lully, après Gluck, et de revenir finalement à l’origine avec la première mise en musique du livret de Quinault, de cette œuvre longtemps considérée comme le sommet de l’opéra français. Ce sera donc pour juin 2024, toujours à l’Opéra-Comique.
Outre cet Armide, cinq autres opéras seront proposés par les Talens Lyriques de Christophe Rousset pour cette nouvelle saison. Toujours de Lully, Atys (1676) se produira en version de concert, avec les Chœurs de Namur, au Konzerthaus de Vienne dans le cadre du festival Rezonanzen et à l’Opéra Royal de Versailles en janvier 2024 (avec enregistrement et sortie d’un CD).
Le Cosi Fan Tutte de Mozart, présenté cet été au festival d’Aix-en-Provence dans une mise en scène (très controversée) de Dmitri Tcherniakov, fera l’objet de deux reprises, la première au Théâtre du Châtelet, la deuxième, avec une distribution nettement plus jeune, au Mozartsfest de Wüzburg en juin.
Une autre version de concert, celle du Jephta de Haendel, fera une tournée de trois représentations, à Oslo, Namur et Halle, cette dernière dans le cadre du festival Händel où sera remis à Christophe Rousset, le prestigieux prix Händel 2024.
Christophe Rousset poursuit, par ailleurs, ses recherches sur les partitions moins connues de la période baroque avec deux œuvres plus rares : l’Olimpiade de Cimarosa en version concert avec enregistrement au château de Versailles, et Cublai, gran Kan de Tartari d’Antonio Salieri, qui sera mis en scène à Vienne en avril prochain.
Les Talens Lyriques accompagneront également des concerts à thème, vocaux, tels que « Les grandes figures tragiques » avec la soprano Sandrine Piau, ou « Mozart and friends » avec le baryton Benjamin Appl ou instrumentaux, tels que « Mozart à Paris » centré sur les œuvres du jeune prodige à l’époque de son séjour dans la capitale française, « Bach dynasty » autour de la famille Bach. Cela n’empêchera pas Christophe Rousset qui assure la partie de clavecin et la direction de tous ces concerts, d’être chef invité pour quelques représentations prestigieuses comme celles de Médée de Cherubini avec Marina Rebeka et Stanislas de Barbeyrac, actuellement à Berlin, ou celle des Festes de Jean-Joseph Mouret en mai prochain aux USA.
Les Talens Lyriques produisent beaucoup de CD et notamment d’intégrales captées durant les versions concerts des pépites de l’art baroque qu’ils affectionnent. Le Thésée de Lully vient de sortir, Atys du même Lully sortira en janvier 2024, date à laquelle, sera également publié par le label Palazetto Bru Zane, le Fausto de Louise Bertin, enregistré lors de la séance au Théâtre des Champs-Élysées il y a quelques mois. En mai 2024, ce sera le tour de l’Olimpiade de Cimarosa.
Christophe Rousset, claveciniste, propose son interprétation de l’Art de la fugue dans un CD Aparté, qui sort demain, cette monumentale pièce inachevée de Jean-Sébastien Bach, à l’instrumentation complexe (et pionnière) qui demande au claveciniste une virtuosité à toute épreuve.
Annonce plus surprenante, mais tout à fait intéressante, celle de la sortie en mars 2024 d’un CD intitulé « In the Shadows » avec le ténor Michael Spyres qui abordera, sur instruments d’époque, les airs des œuvres qui ont « préparé » le séisme wagnérien, parmi lesquelles ont été retenus Méhul, Rossini, Meyerbeer, Beethoven, Auber, Spontini, Bellini, Marschner, Weber autrement dit, des œuvres issues du bel canto, du grand opéra français et de l’opéra romantique allemand. Certaines sont très connues et ont déjà été chantées par le « baryténor », d’autres sont plus rares. Spyres abordera également, avec les Talens Lyriques, trois extraits de Wagner, dont deux choisis parmi ses œuvres de jeunesse, Die Feen et Rienzi. Le CD se terminera par « Mein Lieber Schwann » de Lohengrin. Comme l’a souligné Christophe Rousset, la volonté de revenir au diapason et aux instruments de l’époque (quand, notamment, les cordes artificielles n’existaient pas), permet aux chanteurs d’aborder des répertoires réputés difficiles pour les voix, en toute tranquillité sans être obsédé par les décibels à produire pour « passer » l’orchestre.
Une nouveauté particulièrement excitante comme l’ensemble des projets de cette belle formation qui gère un budget conséquent grâce à des financements diversifiés, mécènes, sponsors et soutiens divers, parmi lesquels la fidélité du public est décisive.
La brochure de la saison 2023-24 des Talens Lyriques et de Christophe Rousset est consultable ici.
Visuel : © Nathanael Merguimarc-Pellerin