On a toutes et tous chanté dans notre chambre, miroir en guise de public et télécommande ou brosse à cheveux pour micro, et puis un jour certain·e font Bercy, comme Eddy…
Le lover poursuit sa tournée grandement attendue. Connu pour ses shows millimétrés et ses performances vocales, Eddy de Pretto ne déçoit pas, mais contrairement à public de l’Olympia qui était en transe, celui de Bercy est sage, à l’écoute, comme si dans cet antre majeur, les textes devaient être à l’honneur.
Sur scène, une structure métallique trône. Plus d’introduction vidéo, mais la Crash-cœur radio qui diffuse des titres des années 2000 et des chroniques. On est en voiture puis c’est le grand fracas, un bolide façon lagouna vient de s’exploser en bord de scène, l’autoradio s’arrête et une voix scande « J’irai crasher mon cœur ».
L’artiste défile, ému, sa setlist, fait le show dans une orchestration ajustée pour la tournée. Pendant près d’1h45, il déroule les titres de son nouvel album, ses titres phares ainsi que quelques reprises. À coup de « Hit me baby one more time ! », Eddy de Pretto nous installe, dans sa chambre, celle de « Créteil Soleil » pour nous raconter ses galères et ses émotions, comment il en est arrivé-là. Cette figure de la chambre est omniprésente, tant dans ses paroles, toujours plus engagées sur le sujet de la santé mentale, que dans la scénographie, à la vidéo comme en physique sur scène via le dévoilement, scène à la mi-concert, des musiciens qui jouent la plupart des chansons en live.
La maitrise vocale est exemplaire avec une diction qui souligne des textes que beaucoup dans le public connaissent par cœur. Il nous emmène en voyage, nous embarque dans sa caisse et s’arrête sur le bord de la route pour prendre le temps de partager, avec Juliette Armanet tout d’abord qui porte avec lui la chanson la plus sensuelle de l’année, « eau de vie », puis avec Sofiane Pamart, qu’il admire, et avec qui il a repris le sublime « Rock’n’dollars » de William Scheller.
Pour ce Bercy, l’accent a été mis sur la réalisation du rêve, ce qui est souvent le cas : cette salle sacralise les rêves de beaucoup d’artistes français. En revanche, quelque chose dans l’ampleur de la « proposition artistique à part entière » annoncée sur les réseaux de l’artiste et que l’on avait découvert à l’Olympia est un peu passé à la trappe : le dispositif scénique parait moins présent, notamment avec des sons d’ambiance plus rares, une moins grande utilisation du panneau publicitaire, et un dispositif vidéo qui perd une partie de l’émotion qu’il avait convoquée dans des salles plus réduites.
C’est tout de même ému de voir ce « Kid » que l’on suit depuis 2017 toucher son rêve que l’on quitte l’Accor Arena, lui son disque d’or – tout juste récupéré sur scène – sous le bras, et nous avec cette délicieuse version piano-voix de « Bang Bang ». Non Eddy, ce Bercy, quoi qu’il en soit, on ne l’oubliera pas.
Visuel : © Laura DUMEZ