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21.01.2025 → 22.01.2025

Andromak : revenir aux « Racine »

par Angélina Zarader
23.01.2025

Revisiter les classiques pour les adapter à notre époque est devenu une pratique courante sur la scène contemporaine. Des metteurs en scène comme Gwenaël Morin montrent qu’il ne s’agit pas de simplement reconstituer mais de réinventer, en insufflant une énergie nouvelle et audacieuse. Dans cet esprit, du 21 au 22 janvier 2025, Andromak, mise en scène par Cyril Cotinaut dans le cadre du Festival Les Singulier·es, s’affranchit des codes traditionnels pour faire dialoguer théâtre classique et modernité brute.

Une tragédie revisitée

 

Sur un plateau presque nu, les huit interprètes entrent comme sur un ring. Ils affrontent le texte de Racine et ses personnages en proie à la violence et au désir : Oreste brûle d’amour pour Hermione, qui elle-même oscille entre amour et haine envers Pyrrhus, maître des lieux. Ce dernier est prêt à tout pour posséder Andromaque, veuve d’Hector, fidèle à son fils et à la mémoire de Troie. 

La tension, déjà inscrite dans les alexandrins du XVIIe siècle, se déploie dans une mise en scène où la violence des passions s’entremêle à des confessions bouleversantes.

Cotinaut, en collaboration avec les interprètes, insère des fragments de vie personnelle au cœur du texte classique. Chaque personnage devient le miroir d’une intimité contemporaine, où les failles des héros tragiques résonnent avec les blessures des jeunes comédiens.

 

 

Des personnages réécrits par la vie

 

Pyrrhus, roi d’une Grèce en guerre contre Troie, une guerre qui ressemble à toutes les autres. Pyrrhus, c’est aussi et surtout Wacil Ben Messaoud, un algérien, dont le peuple Ottoman a déchiré la Serbie, incarnée par Vera Cupic-Vojnovic, notre Andromak. Pyrrhus, Andromak, Wacil et Vera sont la preuve que nous ne naissons pas sans bagages. Nous portons en nous le poids de nos ancêtres, de notre peuple, de notre histoire, une histoire qui nous dépasse. Pourtant, pour répondre aux guerres, il suffirait de voir naître l’amour. 

 

Oreste a perdu son âme-sœur à l’âge de 15 ans, un amour qu’il ne cessera de chercher. Pour elle, il est devenu champion du monde de taekwondo, mais rien n’y fait : « Quand ton âme-sœur te quitte t’es juste un minable ». Oreste se livre aussi sur le combat de vivre en étant un homme noir, les contrôles au faciès, la peur dans le regard des gens et sa propre peur de la police. 

 

Hermione, quant à elle, incarne l’image de Troie en ruine. Petite fille, elle a vu son foyer se briser, ses parents se séparer à cause de l’adultère. Pour elle, « l’amour, c’est violent ». Elle ne saurait que trop tard à quel point cet environnement familial l’a traumatisé, acceptant que l’amour la frappe, la tue à petit feu, la laisse pour morte, la trompe jusqu’à neuf fois.

 

La pièce questionne aussi l’amour d’une mère pour son enfant, Andromak doit-elle faire fit de tout pour protéger son fils ? Pour Céphise, la confidente d’Andromak, c’est évident : l’amour d’un parent est le seul qui soit inconditionnel. Dès la naissance, elle s’est sentie écrasée par sa mère, ne trouvant pas sa place : « Soit je te bouffe, soit tu me bouffes », tels étaient les propos de cette mère célibataire, qui a sacrifié sa jeunesse pour élever sa fille, et elle le lui fera payer. 

 

Pour Cléone, confidente d’Hermione, le rejet, c’est aussi l’espoir. Seulement un mois après le confinement, elle a dû laisser partir son père, mort du Covid, sans qu’elle ne puisse même l’embrasser. Mais Olivia se bat pour continuer à avancer, elle « cultive son soleil ».

 

Phœnix, le gouverneur de Pyrrhus, donne sans cesse des conseils à de « grands tontons », dans sa cité, mais il se heurte à une indifférence qui le ronge. Que ce soit sur scène ou dans la réalité, personne ne l’écoute, et cette impuissance le désespère autant qu’elle le condamne à répéter inlassablement les mêmes avertissements, comme une voix noyée dans le bruit du monde.

 

Enfin, Pylade, ami et confident d’Oreste, insiste sur l’actualité vibrante de cette œuvre, qui pourrait « sentir la poussière » mais « que dale » : « Si tous les arts et même l’Histoire nous enseigne que la haine n’entraîne que la haine et qu’on continue quand même, c’est ça la tragédie. » 

 

 

Tragédie et confession : une symbiose parfaite

 

Le spectacle, au-delà de ses résonances tragiques, s’avère franchement drôle. Le mélange détonant entre la langue du XVIIe siècle, l’argot contemporain et l’humour pétillant de cette bande d’interprètes donne lieu à des scènes mémorables. Le public rit des caricatures de drague, des envolées rappées et du décalage vibrant entre leurs univers et celui de Racine. Pourtant, ce jeu de contrastes met paradoxalement en lumière la richesse et l’intemporalité du texte original.

La mise en scène de Cyril Cotinaut, avec son énergie brute et sa modernité, offre une nouvelle jeunesse à Andromaque. La force du spectacle réside dans cet équilibre maîtrisé entre respect des alexandrins et échos de la réalité d’aujourd’hui. Une revisite à la fois touchante et réjouissante, qui laisse le spectateur empli d’admiration et de réflexions sur l’amour, le poids de l’Histoire et la condition humaine.

Visuel : © Cyrielle Voguet