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Philharmonie de Paris : un « Orfeo » manquant d’émotions…

par Helene Adam
29.11.2024

En tournée dans quelques grandes salles en Europe, Cecilia Bartoli et les Musiciens du Prince-Monaco, proposaient une version très dépouillée de l’Orfeo ed Euridice de Gluck à la Philharmonie de Paris. La diva a montré une certaine usure de ses moyens sans perdre pour autant le charisme d’une personnalité hors du commun.

La version italienne de l’Orfeo de Gluck

Cecilia Bartoli a la particularité d’étudier de très près les partitions et leur genèse avant de monter un projet, et c’est sans doute une grande partie de l’intérêt qu’elle suscite régulièrement dans le monde lyrique, alors même que sa voix et ses moyens ne sont plus ce qu’ils ont été.

Cette fois, dans la grande salle de la philharmonie de Paris, c’est à une interprétation originale de l’Orfeo ed Euridice, qu’elle nous invite, en choisissant la version dite de Parme, qui date de 1769 et se situe donc, aux origines de l’œuvre de Gluck.

Le compositeur allemand a alors la volonté d’imposer de nouvelles normes à l’opéra, et notamment la simplification extrême de l’intrigue en débarrassant le genre lyrique des nombreux personnages et des imbrications complexes des fils des histoires racontées, caractérisant alors l’opera seria. Gluck affirme alors : « la simplicité, la vérité, le naturel sont les seules règles du beau dans toutes les productions artistiques ». Gluck renonce à toute ornementation, réduisant le chant à sa ligne principale et la partie d’Orfeo ressemble à un long récitatif sans arias pyrotechniques valorisant l’art du chanteur.

S’inspirant après bien d’autres compositeurs, du mythe d’Orphée, il applique ses règles aux premières versions de l’œuvre, et notamment celle qu’il créée d’abord à Vienne en 1762, et qui réduit drastiquement toute intervention autre que celle d’Orféo, d’Euridice (elle-même, présente uniquement lors du Final) et d’Amour qui fait une très brève apparition.

Les chœurs ont en revanche la partie belle et sont de véritables protagonistes, accompagnant le récit et donnant l’essentiel du contexte qui entoure la peine infinie d’Orphée, sa descente aux enfers, ses retrouvailles avec Euridice et finalement la mort des deux époux.

Ajoutons que la version de Parme (1769) est transformée par Gluck pour tenir en un seul acte qui relie sans interruption l’ensemble des tableaux de l’œuvre lui donnant une force émotionnelle supplémentaire. C’était d’ailleurs au départ, le dernier acte du spectacle « la fête d’Apollon ».

Avec quelques modifications

Cecilia Bartoli procède cependant à quelques modifications de la version telle qu’elle fut jouée à Parme : d’une part le rôle d’Orfeo, écrit d’abord par Gluck pour un contralto castrat pour Vienne puis transposé pour le soprano castrat Vito Giuseppe Millico lors des représentations de Parme, est adapté à la voix de mezzo-soprano. D’autre part, l’impressionnante « danse des furies » (danza delle furie) qui n’a été créée qu’en 1774 dans la version dite « de Paris », est insérée (et nous nous en réjouissons vu la qualité du morceau !) en deuxième partie entre le chœur « Ah quale incognito » et « Danse des Esprits Bienheureux » (Ballo degli spiriti beati).

Enfin Cecilia Bartoli donne une fin de tragédie antique à l’œuvre en représentant Orfeo suivant l’ombre de sa bien-aimée vers les ténèbres de la mort alors que les lumières s’éteignent et que les chœurs veillent une Euridice à nouveau morte dans la même position que lors de l’ouverture de l’opéra.

La boucle de la tragédie se referme en une heure et demie créant une véritable tension.

Mise en espace de la version-concert

La mise en espace du concert s’inspire peut-être du spectacle mis en scène par Christof Loy au festival de Salzbourg en août 2023 avec les mêmes interprètes. L’espace de la philharmonie de Paris avec ses différents niveaux permet en tous cas aux chanteurs de déambuler autour de l’orchestre sans gêner les instrumentistes et le jeu de lumière, sans être très original, figure bien le passage de la terre aux enfers (teinté de rouge comme il se doit). Les chœurs sont vêtus de noir avec un jeu d’accessoires discrets qui évoque l’évolution de leur rôle. Notre Orfeo est, quant à elle, vêtue d’un sobre costume noir puis blanc, Euridice porte une robe claire et Amour brandit un cœur…

On se félicitera davantage de l’esthétique générale qui brosse des tableaux successifs assez évocateurs que des mouvements des uns et des autres qui semblent parfois excessifs et déconnectés du récit trahissant en quelque sorte, sa volonté de sobriété.

Orchestre et chœurs superbes

Le meilleur se trouve dans les prestations magnifiques des Musiciens du Prince-Monaco sous la direction de Gianluca Capuano dont nous apprécions toujours la belle sonorité, la vivacité, l’intelligence musicale. Le chef adopte une grande variété de tempi qui peut surprendre, mais permet de souligner les moments les plus doux et les charger d’émotion tout en donnant un élan bienvenu aux passages dramatiques. La qualité de chaque instrumentiste est ainsi mise en valeur tout au long de la soirée et on félicitera le beau solo de la flûte et les passages romantiques du clavecin.

Les chœurs, au nom prédestiné Il Canto di Orfeo, réalisent également un très beau parcours durant la soirée, particulièrement impressionnants dans les deux premières parties, qu’ils ponctuent de leurs interventions puissantes. Leur arrivée lampes à la main est d’ailleurs très réussies comme les multiples positionnements qu’ils adoptent au cours de la soirée, terminant leur périple à l’arrière-scène entre les travées remplies de spectateurs.

Fatigue vocale

Les interventions de la soprano Melissa Petit lui permettent de camper deux personnages très différents avec talent : celui de l’espiègle Amore d’abord puis celui de la désespérée Euridice ensuite. La voix se déploie sans effort dans le vaste espace et la prestation est agréable et réussie.

Ce qui souligne sans doute plus cruellement ce que nous avons ressenti comme des insuffisances de la prestation de la diva de la soirée. Le rôle d’Orfeo dans cette version ne fait pas appel à la virtuosité vocale qui est la marque de fabrique de Cecilia Bartoli qui nous a si souvent éblouis en près de quarante ans de carrière. Et paradoxalement, cela rend particulièrement difficile l’exercice pour la mezzo-soprano, dont la voix affiche un vibrato excessif tout au long de la soirée, et qui détimbre souvent ne réussissant pas à donner une cohérence à sa ligne musicale. Il reste bien sûr le charisme d’une chanteuse exceptionnelle et qui a marqué l’art lyrique de son originalité et de sa créativité, mais malheureusement, malgré un public qui lui est tout acquis, elle ne parvient pas à dominer ses difficultés vocales sauf durant de brefs instants où l’émotion nous gagne enfin, notamment dans le « Qual vita è questa mai » qui suit les deux duos réussis avec Euridice.

Peut-être d’ailleurs, de ce fait, bien qu’en parfaite tragédienne, elle joue les émotions qui étreignent son personnage, son sens de la dramaturgie ne produit pas forcément l’effet escompté et apparait parfois comme « surjoué ».

Il reste malgré tout le fait qu’elle garde toujours sa part d’originalité unique dans toute incarnation d’un personnage pourtant souvent vu et entendu… C’est le propre de sa fantastique personnalité.

Le public de la Philharmonie a rendu hommage à ce que représente la diva dans l’histoire de l’art lyrique avec une immense ovation.

Philharmonie de Paris, le 28 novembre 2024.

 

Visuel : © Fabrice Demessance