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« Lessons in love and violence » : une magistrale interprétation de l’opéra sombre et désespéré de Georges Benjamin à la Philharmonie de Paris

par Helene Adam
13.10.2023

D’une noirceur absolue, disséquant des sentiments où l’amour disparaît dans les déferlements de la violence du pouvoir, Lessons in Love and Violence, proposé en version concert à la Philharmonie de Paris dans le cadre du festival d’automne, est un opéra majeur parmi les compositions lyriques contemporaines magistralement dirigé par Georges Benjamin lui-même à la tête d’un splendide orchestre de Paris et avec des interprètes de premier plan.

 

Le troisième opéra de Georges Benjamin

 

En créant son nouvel opus Lessons in love and violence, à Londres en 2018, le compositeur britannique Georges Benjamin signait son troisième opéra, s’inspirant d’un morceau très sombre de l’histoire de la couronne d’Angleterre qui n’en manque pas.

Ses deux précédents ouvrages avaient été créés en France, dont le fameux Written on skin qui avait fait grand bruit au Festival d’Aix-en-Provence durant l’été 2012. C’est ce même Written on skin que la Philharmonie de Paris avait déjà eu l’audace de proposer en version concertante en février 2020, sous la direction du compositeur et dans une mise en espace très réussie réalisée par Dan Ayling. Le succès de cette représentation démontrait largement à quel point la musique de Georges Benjamin, l’un des compositeurs d’opéras contemporains les plus doués de sa génération, exprimait la violence au travers du texte de Martin Crimp.

On ne change pas une équipe qui gagne et c’est à nouveau sous la direction du compositeur, et dans une mise en espace astucieuse du même Dan Ayling, que se déroule la sombre histoire du roi « Edward the second » pour reprendre le titre de la pièce de Christopher Marlowe (1594), histoire qui a inspiré le magnifique texte de Martin Crimp, puis la remarquable composition de Georges Benjamin.

Pour mémoire, il s’agit de l’histoire du roi Édouard II d’Angleterre qui fut destitué en 1327, accusé d’avoir des mœurs interdites et des favoris homosexuels. Le favori des favoris c’est Pierre Gaveston, son âme damnée en quelque sorte ; et son double, brillant Gascon entré à la cour du roi précédent et qui jouait un rôle central et très influent dans celle du roi Édouard II.

Dans l’opéra, l’histoire, transposée de nos jours, met en scène la fin de règne d’Édouard II, sa passion pour Gaveston, la très forte contestation de son pouvoir par la Cour, par Mortimer et par sa femme Isabel, ces deux derniers, complices et amants, complotant pour le destituer et l’emprisonner.

Les références aux faits historiques sont nombreuses : exil de Gaveston puis exécution de celui-ci, Grande Famine de 1314 et révoltes paysannes, relations d’Isabel (de France) avec Roger Mortimer, comte de March.

La tragédie de Marlowe prenait déjà quelques libertés avec la réalité historique, l’opéra de Benjamin et Crimp en prend davantage encore puisqu’il s’agit d’entremêler habilement une transposition contemporaine avec des faits d’un passé assez lointain, la mise en scène de Katie Mitchell à la création, ayant été partie prenante du projet dès le début.

 

Montée des tensions, émotion totale

 

L’écriture musicale de Georges Benjamin est valorisée par l’acoustique exceptionnelle de la Philharmonie de Paris. On peut à loisir observer et admirer le jeu exceptionnel d’un orchestre de Paris qui confirme sa très grande forme actuelle, et le rôle de chacun des instruments sous la battue attentive du compositeur. Benjamin, lui-même, confiait lors de la conférence qui a précédé la représentation, que « diriger en fosse était plus difficile, les sonorités de l’orchestre ne sont pas toujours très bien rendues et les chanteurs sont loin du chef ». Or, la musique de Benjamin a cette immense qualité de ne jamais séparer l’écriture pour les instruments de celle réservée aux chanteurs. Des tessitures choisies (deux barytons qui s’affrontent et s’aiment), des instruments qui les accompagnent voire les précèdent d’une note : à la légèreté des piccolos que Benjamin affectionne, succède soudainement la lourdeur des cuivres toujours associés à des percussions très brutales, pizzicati des six contrebasses et des violoncelles accompagnés de battement sur le corps des instruments, jeu délicat, mais soutenu des deux harpes. Et ce sont autant de changements de sonorités, de pulsation, de rythme, de tonalité qui rendent tout à la fois si difficile l’exécution et si incroyablement pénétrante l’effet sur le spectateur.

On plonge littéralement dans ce récit, sombre et presque poisseux, qui vous englue sans temps morts, durant une heure quarante sans entracte, ne ménageant qu’une simple et courte pause-respiration entre les deux actes. Et la montée des tensions atteint son paroxysme lors de la dernière demi-heure, laissant le spectateur pétrifié et submergé par une intense émotion à l’issue du spectacle.

Les quelques interludes orchestraux permettent également de sortir un court instant de ce huis clos très oppressant, durant lequel les chanteurs sont presque en permanence sollicités dans une sorte de long récitatif « parlé-chanté » atonal, changeant sans cesse de rythme, et – difficulté suprême – prévoit quelques dialogues, duos, quatuor et quintette en alternance, mais aussi en simultané sur des partitions différentes.

 

Mise en espace réussie

 

La mise en espace est sommaire, mais efficace pour suivre les péripéties du récit : un canapé où se dérouleront les dialogues fabuleux d’intensité entre le roi et son amant, Gaveston ; un fauteuil installé à l’opposé de la scène, réservé à celui qui observe et apprend, le fils du roi ; un coussin rouge où est posé une couronne sur une colonne, couronne qui disparaîtra à la mort du roi et réapparaîtra de l’autre côté lors de l’avènement du fils ; et quelques accessoires comme un calice où avec une cruauté implacable, la reine Isabel dissoudra dans l’acide, une perle dont la valeur aurait pu loger et nourrir tous les pauvres du royaume venus demander de l’aide à la couronne.

Le dispositif permet surtout aux chanteurs de jouer leurs rôles pour le plus grand bonheur des spectateurs, rappelant par la même occasion que l’opéra c’est aussi du théâtre.

 

Une distribution homogène de très haut niveau

 

Outre la qualité de l’orchestre et de sa direction, il faut saluer l’extraordinaire performance des chanteurs à commencer par celle du Roi, Stéphane Degout, qui campe un personnage fabuleux, profondément humain dans son amour désespéré pour Gaveston, tout en restant ce monarque indifférent au monde et inconscient de sa misère et des cruautés infligées par les gens de sa condition. Le chant est parfait, malgré les énormes difficultés du rôle dont il a eu l’occasion de parler lors de la conférence. Benjamin a composé sa partie pour lui, séduit par sa voix qui s’assombrit d’ailleurs avec la maturité, par la clarté et la beauté de son timbre, sa technique au service d’un chant complexe dans cette musique contemporaine qui manque parfois de points de repère « classiques » pour un chanteur d’opéra. Et c’est dans la confrontation avec l’excellent Gaveston de Gyula Orendt que l’on mesure ce que signifie « incarner » des rôles dans cet engagement total des deux barytons. Leurs timbres se ressemblent d’ailleurs illustrant à merveille ce choix du compositeur de montrer une gémellité ambiguë sous tous rapports en même temps qu’un amour fou entre un homme et son double. On est troublé, envoûté et même transporté lors de la dernière scène entre les deux chanteurs, quand le roi imagine voir Gaveston dans les traits de l’Étranger, spectre de l’amant mort chargé de tuer le roi, où les voix s’entremêlent comme les corps dans un époustouflant mélange de sonorités exaltantes.

 

 

La reine Isabelle est la seule à avoir quelques mesures d’absolue virtuosité, trilles et aigus vertigineux, vocalises de-ci de-là, le tout parfaitement maitrisé par la soprano Georgia Jarman qui promène sa silhouette blonde très moderne en récitant des horreurs en permanence. Son amant, Mortimer, l’un des personnages clés de l’œuvre, est brillamment incarné par le ténor Toby Spence, l’un des grands interprètes des opéras en anglais qui impose son timbre puissant au rôle dominant de celui qui présidera au destin du royaume avec autorité et sans faille. L’autre ténor, le fils du roi, est chanté par James Way, voix claire qui impressionne par sa maîtrise totale lors de sa dernière déclaration quand il reçoit la couronne après cette cruelle leçon d’amour et de violence. Notons la disparition pour cette version concert, de la « fille du roi », rôle parlé lors de la création à Londres, les deux enfants étant les témoins des comportements et des contradictions de ce monde adulte cruel.

Les rôles secondaires sont parfois redoutables de difficultés d’autant que l’orchestre peut à ce moment-là se déchaîner et couvrir légèrement les interventions :  on saluera le « Fou » du baryton-basse Andri Björn Robertsson, très bien joué (et chanté), et les multiples apparitions toujours très réussies de la soprano colorature Hannah Sawle et de sa comparse la mezzo Emilie Renard.

Une soirée-choc pour un public qui a réservé une très longue ovation au compositeur et chef d’orchestre, comme à l’ensemble des chanteurs et des musiciens.

Visuel : Stéphane Degout © Jean-Baptiste Millot

Vidéo : extrait de Lessons in Love and Violence au Royal Opera House de Londres – Mise en scène: Katie Mitchell – Janvier 2019.