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Christian Lacroix passe de la Haute Couture à l’opéra bouffe en mettant en scène « La vie parisienne »

par Hélène Biard
19.11.2023

En cette fin d’année 2023, les opéras bouffes et opérettes en tous genres fleurissent un peu partout sur les scènes françaises. Avec La vie parisienne de Jacques Offenbach (1819-1880) l’Opéra de Limoges ne fait pas exception. Et la production mise en scène, décorée et costumée par Christian Lacroix a reçu un accueil triomphal de la part d’un public venu nombreux. 

 

Chargé de promouvoir la musique française, le Palazzetto Bru Zane a ressorti des tiroirs la version originale du chef-d’œuvre de Jacques  Offenbach (1819-1880) qui est en cinq actes. Et avec cette version originale on redécouvre La vie parisienne dont, au final, on connaît bien plus la version en quatre actes que celle exhumée par le Palazzetto Bru Zane. La distribution réunie pour cette série de représentations est remarquable ; elle est cependant menée de main de maître par Franck Leguérinel, baron de Gondremark plein de gouaille et d’humour. 

 

Christian Lacroix à la manœuvre pour la mise en scène, les décors et les costumes

 

Nous connaissons tous Christian Lacroix en tant que Grand Couturier dont l’univers coloré  est incontournable dans l’univers de la mode depuis de longues années. A l’évidence, Lacroix a transposé son univers dans les décors  et les costumes de cette production ; tout est coloré, vivant, sans fausses notes. Concernant les décors, le vaste plateau de l’Opéra de Limoges est utilisé car il est occupé par un immense module avec un niveau, un ascenseur et un escalier régulièrement utilisés à jardin et à cour nous avons l’entrée (ou la sortie) d’un bâtiment qui devient selon les besoins la gare de l’ouest, l’appartement de Gardefeu, l’hôtel particulier de Madame de Quimper-Karadec, un restaurant … Autant de lieux que le centre même du plateau matérialise de fort belle manière avec des bagages, des meubles, des plantes, des tableaux… autant d’accessoires qui replongent à peu de choses près le public dans le Paris du XIXe siècle. Mais les costumes, loufoques  au possible, rappellent au public que nous sommes bien dans un Paris d’opérette. Tout le talent de Lacroix costumier et décorateur est là : mélanger fiction et réalité sans jamais exagérer. En tant que metteur en scène, Christian Lacroix se pose là. C’est dynamique, vivant, plein d’humour ; et Christian Lacroix pousse chacun dans ses retranchements sans scrupules. La direction d’acteur du grand couturier est pensé avec un art subtil et consommé. Les chanteurs-acteurs qui ont été réunis à l’occasion de cette production limougeaude sont un atout incontestable pour Lacroix qui utilise leur talent avec un plaisir gourmand. Le résultat est explosif tant chacun, artistes des chœurs comme solistes, fait feu de tous bois sans pour autant tomber dans l’excès.

Un orchestre et un chœur au top

 

Dans la fosse, c’est Romain Dumas qui a été invité à diriger l’orchestre de l’Opéra de Limoges ; et il le fait avec talent. Les introductions musicales, les intermèdes et les ballets sont parfaitement interprétés et permettent à la phalange limougeaude de se mettre en valeur. Dumas adopte des tempos et des nuances idéaux ; très attentif à ce qui se passe sur le plateau il veille à ne jamais couvrir les personnes qui sont sur la scène. Quant au chœur, parfaitement préparé par sa cheffe Arlinda Roux-Majollari, il assume avec panache une partition complexe sous des apparences trompeuses tout en prenant un malin plaisir à participer aux « embrouilles » mises en place par Gardefeu et Bobinet.

 

Une distribution cinq étoiles dominée par Franck Leguérinel

 

Si plusieurs des artistes « cumulent » deux ou trois rôles secondaires, la version originale ressortie par le Palazzetto Bru Zane nous permet aussi de découvrir des personnages loufoques comme Offenbach savait si bien les « inventer ». Par exemple,les très drôlatiques Madame de Quimper Karadec et Madame de Folle Verdure incarnées avec talent par Marie Gautrot et Caroline Meng ; ou encore les trois domestiques de Madame de Quimper Karadec : Pauline (Elena Galitskaya), Clara (Louise Pingeot) et Bertha (Marie Kalinine) dont la vis comica, tant pendant la fête endiablée organisée par Gardefeu et Bobinet en l’absence de la maîtresse de maison, qu’au retour de la dame, est rafraîchissante. Mais dans les principaux rôles, le grand triomphateur de la soirée est bien Franck Leguérinel qui campe un baron de Gondremark totalement hilarant. Le baryton tourangeau fait ressortir sans effort la naïveté incurable du noble danois qui tombe systématiquement dans tous les pièges qui lui sont tendus tout en se rendant bien compte que ça e tourne pas comme il le voudrait. Vocalement Leguérinel est au top : la voix est parfaitement maîtrisée, la tessiture ample et assumée « colle » parfaitement au personnage. Même si on voit moins la baronne de Gondremeark, Marion Grange en fait un personnage inoubliable tant scéniquement que vocalement et on ne peut que saluer la performance de Grange qui donne la leçon finale à son mari, grâce à la complicité de Metella avec beaucoup de dignité. Héloïse Mas est une Metella remarquable ; même si elle apparaît peu, chacune de ses apparitions est frappante. Son unique air, qu’elle ne chante qu’au dernier acte est interprété avec panache. Mais le Gardefeu de Rodolphe Briand et le Bobinet de Laurent Deleuil n’ont rien à envier à Franck Leguérinel et à Héloïse Mas tant ils se démènent pour tenter de mener le bal (que Metella mène en coulisses avec la complicité de la baronne de Gondremark). Et ils le font avec une telle bonne humeur qu’on ne peut qu’être à la fois amusé par leurs manèges divers et compatissant quand à la fin ils tombent dans leur propre piège entraînant avec eux le baron de Gondremark confondu par son épouse. 

 

C’est donc un grand moment de musique et de théâtre que nous ont proposé Christian Lacroix et l’Opéra de Limoges après le passage de cette production remarquable au Théâtre des Champs Élysées. Et l’accueil triomphal réservé par le public, venu nombreux en ce dimanche après-midi, témoigne du talent et de l’engagement très forts de chacun sur scène ou dans la fosse.

Visuel : ©Steve Barek