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Qu’est-ce qui nous pousse à nous retourner : « Orphice et Eurydée » au festival Le Grand Huit à Nantes

par Marc Lawton
06.01.2025

Entre danse et conférence, Eli Lecuru revisite le mythe d’Orphée et Eurydice dans une performance hybride qui questionne le geste, ses résonances et ses conséquences. Une exploration captivante de l’inéluctable, présentée dans l’intimité du studio Honolulu

Une relecture actuelle d’un mythe ancien

Dans cette étonnante « conférence-performance parlée-bougée » donnée le 7 décembre dernier, Eli Lécuru nous parle d’un solo déjà ancien (2015, sa première pièce) qui, on l’aura deviné, va évoquer le mythe d’Orphée et Eurydice. Le titre d’origine était Version actuelle qui, au moment de sa création officielle en 2020, est devenu Retour au noir et a été donné une quinzaine de fois. En 2024, il reprend cette pièce et nous en donne, toujours « entre danse et conférence », la version d’aujourd’hui, Orphice et Eurydée. Ce travail « prend son origine dans le retournement fatal d’Orphée sur Eurydice, légende mythologique tirée des Métamorphoses d’Ovide » (feuille de salle accessible en QR-code). Il « décrypte cet épisode et déploie un solo hybride abordant la question du geste, ses intentions, son impact, ses possibles ».

Entre danse, geste et parole

On y lit encore : « Dans un rapport frontal au public, Orphice et Eurydée interroge avec humour l’inéluctable, la puissance du regard et ce qui nous pousse malgré tout à nous retourner. La pièce est construite comme une coupe géologique : le public a accès aux strates de la création du spectacle, les versions antérieures, les fils et les coutures ».

Les Nantais amateurs de danse, de performance et de formes inédites connaissent bien le premier étage d’Honolulu, lieu modeste abritant la compagnie Oro de Loïc Touzé depuis bientôt 15 ans, accueillant résidences, pratiques somatiques et moments de présentation divers. Loin d’être un théâtre, il s’agit d’un studio de travail pouvant recevoir une cinquantaine de personnes, où le spectateur est physiquement très proche des propositions.

Les strates de la création

D’emblée, Eli est devant nous, portant jeans sombre et sweat noir à capuche, pieds nus, arpentant, montrant, discourant et évoquant la « version ancienne », celle où, nous apprend-il, Eurydice était là, symbolisée par une « robe accrochée, mise en mouvement par un ventilateur qui la faisait tourner ». Orphée, poursuit Eli, « tue d’un seul geste la femme qu’il aime, par inadvertance ». Deux questions surgissent : « Qu’est-ce qui a provoqué la mort d’Eurydice ? » et « Qu’est-ce qui a provoqué le geste d’Orphée ? »

Le geste fatal, entre mythe et réalité

Un peu comme dans un mystère à résoudre, il nous est rappelé les circonstances de la mort d’Eurydice, épouse d’Orphée : lors d’une fête dans une clairière, un violeur la poursuit et un serpent pique mortellement la jeune femme qui est désormais descendue aux Enfers. Le public sait bien sûr que ces lieux sinistres sont le domaine d’Hadès et que ce puissant dieu de l’Antiquité (jaloux du célèbre joueur de lyre, instrument qui avait été offert à Orphée par Apollon), met une condition pour que le musicien retrouve Eurydice : ne pas faire avant le retour parmi les vivants ce geste « banal et irréversible », à savoir se retourner vers elle pour la regarder. Un tel mouvement, précise le conférencier, met en jeu bassin et colonne vertébrale : « Un geste, commente-t-il en citant Ovide, c’est très mystérieux : celui-ci va avoir des conséquences effroyables ». Il nous décrit alors un Orphée assailli de pensées parasites et les met en scène de façon drôle et bruitée par des marches en rond, un combat mimé et une chute au sol.

Amy et Orphée : musiciens face à l’inéluctable

Le performer/narrateur convoque alors une autre figure, biblique celle-là (Genèse), Ado, la femme de Loth, qui fit un mouvement semblable lors de sa fuite avec son mari et ses filles. Malgré l’injonction des anges, elle se retourna vers la ville de Sodome et fut transformée en statue de sel. Revenant à Orphée, Eli nous le présente à la fois comme coupable et victime et cette ambivalence trouve une résonance dans le titre du solo qui interpelle tout de suite, car jouant avec les syllabes, les rôles et les genres comme peut le faire en partie une contrepèterie (mais ce n’en est pas une ici !). Le conférencier quitte alors le studio et continue à parler hors de la vue du public, descendant au rez-de-chaussée d’Honolulu tout en continuant à discourir (ses mots deviennent inaudibles). De retour devant les spectateurs, il évoque un Hadès proposant de fausses conditions à Orphée, ne pouvant que le mener à l’échec et évoque alors une figure contemporaine, celle de la chanteuse Amy Winehouse (1983-2011).

Celle-ci, musicienne à la voix d’or tout comme Orphée savait jouer merveilleusement de sa lyre, était tombée à cause de ses talons-aiguilles lors d’un concert aux billets vendus très cher. Claudicante, elle refusait de monter sur scène. Le public huait son mécontentement et la chanteuse finit par revenir, mais ne se montra que de dos : « Quand tu es sur scène, tu dois chanter ! » lui a-t-on intimé. « Dix jours plus tard, elle était morte », conclut Eli. Cette artiste était en proie « à la peur, au noir, à l’amour, à l’exil et à l’argent » et devait en plus affronter son propre père qui l’encadrait en tant que producteur et manager.

Le poids du regard

Eli, qui a retiré son sweat, enchaîne par de petites danses, des petits gestes qui semblent sans importance, évoque « d’autres paysages, d’autres gens » et pose deux nouvelles questions : « Qu’est-ce qui porte dans le regard ? » et « Qu’est-ce qui reste dans le regard ? » et de commenter en conclusion : « Les dieux ne voulaient pas qu’Orphée découvre le secret de la mort ». Eurydice n’était en fait pas là, car la mort est définitive… Comme Amy, comme Ado, Eurydice est « retournée au noir »…

Une transmission incarnée

On est séduits par le cheminement du discours, par la présence décalée du conférencier, par son érudition mêlée d’humour et par cette construction autour d’un simple geste quotidien. Eli nous embarque avec lui avec finesse, illustrant bien le propos du solo qui est de raconter « une histoire qui vient de loin, un retournement improbable, une tentative de comprendre la force d’un mouvement ». Eli est éducateur somatique par le mouvement, formé en Body-Mind Centering (BMC, pratique inventée et développée dans les années 1970 aux États-Unis par l’Américaine Bonnie Bainbridge-Cohen). Son travail de transmission vise à prendre conscience de son corps et de sa sensation via le mouvement, le toucher et la visualisation. Il sait donc de quoi il parle et souhaite-nous le faire partager dans ce voyage dansé et parlé, rendu vivant et touchant grâce à diverses évocations : « Au-delà des mots, nous dit la feuille de salle, se dessine un ensemble de gestes en dessous du récit. Ces gestes, cette danse mystérieuse constituent l’histoire qu’on ne raconte pas ».

Parcours d’un artiste en mouvement

On pense aux conférences dansées de Gaëlle Bourges ou d’Hortense Belhôte mais nulle dimension féministe ici et aucune référence aux célèbres opéras ou opérette signés Monteverdi, Gluck ou Offenbach : « Ce qui me parle dans le mythe d’Orphée, disait-il en 2017, ce sont les thèmes de la responsabilité devant un acte, les thèmes de l’absence et du deuil. Ce sont des questions auxquelles nous sommes tous confrontés, collectivement et individuellement ».

Eli Lécuru fait du théâtre enfant dès l’âge de 6 ans, puis suivra des études de comédien et de mise en scène à Paris, doublées d’un parcours en sciences sociales. Influencé par les pièces de Rodrigo Garcia, Angelica Liddell, Peeping Tom et Nathalie Béasse, il reçoit à dix-neuf ans un choc face à Publique, la pièce de Mathilde Monnier (musique de P.J. Harvey). Il rencontre ensuite la danse contemporaine et suit des stages et des ateliers avec Gisèle Vienne, Alain Michard et Loïc Touzé.

Depuis 2020, il est danseur pour les performances de différents artistes comme Capucine Dufour, Julie Nioche, Max Bonnin et Léa Viretto. Après Retour au noir qu’il avait signé Elisa Lécuru, il crée en 2016 l’association Nour (lumière en arabe) et présente sa première pièce de groupe en 2021, Entering. Son association change de nom en 2024 et devient MEROUx.

 

Perspectives : MEROUx et au-delà

Sa prochaine création, Hippo.Camp, sera donnée ce mois de janvier à Nantes au festival Trajectoires 2025.

En lien avec cette nouvelle pièce, Eli donnera les 15 et 16 février à Honolulu un stage-formation de danse « désorientée et réorientée » intitulée Des.orientex n°2 : il y proposera des outils somatiques, des improvisations et une « cartologie pirate », s’appuyant sur le tarot.

Orphice et Eurydée

Résidences : à Angers : Cndc et théâtre du Champ de bataille ; à Nantes : Honolulu, Fabriques et Lolab ; dans la Creuse (23) à Lavauzelle, site de pratiques théâtrales/SPT ; au Mans : EVE (espace de la vie étudiante)

Soutiens : Ville d’Angers, EPCC Anjou Théâtre, PAD Compagnie Nathalie Béasse

Eli Lécuru a été en compagnonnage à Honolulu pendant toute l’année 2024 grâce à un soutien de la Ville de Nantes.

 

 

 

Crédit photo : ©Nathalie Gautier