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« La Leona » : Olga Pericet joue les bêtes de scène à Chaillot

par Nicolas Villodre
04.02.2024

Ce spectacle créé par Olga Pericet pour la Biennale de flamenco de Séville 2022 est consacré à une lionne qui n’en est pas une : à la guitare espagnole moderne, ainsi surnommée, conçue par le luthier sévillan Antonio de Torres en 1852. Il va sans dire que la bailaora file la métaphore et s’éveille comme un fauve ou un faune se prélassant avant de jaillir sur sa proie, en l’occurrence le spectateur.

Nu à la guitare

Si le cercle est l’espace réservé à la danse africaine, au hip-hop et au cirque, le carré convient bien à la boxe, au sumo et à la danse andalouse. Plus particulièrement au tablao ou au cuadro flamenco – qui désigne à la fois le plateau, les artistes s’y produisant dans cette discipline et la succession de palos lors de leur représentation. C’est donc par un carré de tissu éclairé ponctuellement que commence le show d’Olga Pericet. Le basketteur reconverti percussionniste Roberto Jaén soulève un drap la recouvrant et nous dévoile une menue Vénus, mi-ensommeillée, mi-vêtue.

 

La donzelle est en cheveux et à peine attifée. Sa crinière échevelée vire au roux. La touffue tignasse, de prime abord, semble naturelle; par la suite, on comprendra qu’elle est de synthèse. Le spécialiste du flamenco Claude Worms nous apprend que la Leona de Torres est conservée au musée de la musique de la Philharmonie de Paris et que le premier tableau (ou cuadro) théâtral se réfère à un autre : à une peinture de Ramón Casas, Desnudo con guitarra (1894). Un carillon, au loin (forcément enregistré) sert de réveil matin à notre potentielle danseuse. Lorsqu’elle daigne se tourner vers l’assistance, elle porte un masque clownesque dessiné à la va-vite au pastel, qui rappelle celui des adeptes du krump et des fêtards d’Halloween.

 

Chica Mambo

Peu à peu, la mécanique se met en branle. La dormeuse se cambre, réalise un grand pont, ébauche un zapateado, exécute une ou deux pirouettes. Arrive, côté cour, le cantaor, l’excellent Israel Moro, qui se livre, avec son collègue tambourineur, à quelque clownerie en produisant un inédit duo percussif au moyen de… deux paires de ciseaux en acier dont ils font cliqueter les poignées avec dextérité. Se joignent à eux trois joueurs de guitare : José Manuel León, tocaor tradi, Alfredo Mesa, grand interprète du pré-flamenco (Worms dixit) et le bassiste Juanfe Pérez, que nous découvrîmes à Nîmes l’an dernier en compagnie de Rosario « La Tremendita ». La contrebasse fait songer à la photo de Man Ray, Violon d’Ingres (1924) avec Kiki de Montparnasse.

 

En si bonne compagnie, Olga Pericet passe en revue – c’est le mot qui convient – différents styles de musique et de danse : le tango flamenco, la rumba, la samba, une murciana du XIXe siècle composée par Julián Arcas, la granaína, la milonga, la bambera, la malagueña, les fandangos, les verdiales et les seguiriyas. Si nous n’avons pas été convaincu par sa velléité en matière de haute couture, il n’en est pas de même de sa prestation. Facétieuse, elle ne révolutionne pas sa discipline mais fait montre de maîtrise technique. Plusieurs numéros sont très réussis : sa variation analytique sur l’evergreen de Thelonious Monk, « Round Midnight » joué à la guitare; sa folie carnavalesque sur un air proche du « Truc en plumes » composé par Jean Constantin pour Zizi Jeanmaire (la robe d’YSL en moins, une peluche à la Corinne Petitpierre en sus) et la danse bolera soulignée par un jeu virtuose de castagnettes dans la murciana d’Arcas.

Visuel : Olga Pericet, La Leona © Paco Villalta