Après des années de bataille autour des droits de ses premiers albums, la superstar américaine, Taylor Swift, rachète enfin ses enregistrements originaux. Une revanche personnelle… et un signal fort pour l’industrie musicale.
C’est la fin d’une longue bataille. Le 30 mai, Taylor Swift annonce avoir enfin racheté les droits de ses six premiers albums, mettant un point final à un conflit qui aura marqué l’industrie musicale.
Une victoire historique pour l’artiste… et pour ses fans, les « Swifties », qui n’ont jamais cessé de la soutenir. À peine la nouvelle dévoilée, les chiffres s’emballent : les écoutes de ses albums récupérés atteignent des sommets encore jamais vus.
Chanteuse, autrice-compositrice et interprète américaine, Taylor Swift est l’une des artistes les plus influentes et populaires de sa génération. Elle débute sa carrière dans la musique country au milieu des années 2000, avant de se réinventer en adoptant un style pop, marquant un tournant décisif dans sa trajectoire. Elle devient progressivement une figure incontournable de la scène mondiale.
Son ascension se traduit par des ventes records, des tournées à guichets fermés, et une pluie de récompenses. Elle est la première femme à avoir remporté deux fois le Grammy Award de l’Album de l’année, un record qu’elle a depuis battu, avec quatre victoires : Fearless, 1989, Folklore et Midnights. Jusqu’en 2025, elle est également l’artiste la plus récompensée de l’histoire des American Music Awards, avant d’être surpassée par Billie Eilish.
À 34 ans, l’artiste est un véritable phénomène mondial. Sa dernière tournée, l’Eras Tour, qui s’est achevée en décembre dernier après vingt mois de spectacles, a généré plus de 2 milliards de dollars, un chiffre colossal qui surpasse par exemple la tournée d’adieu d’Elton John, qui avait rapporté 989 millions de dollars sur cinq ans.
Le secret de son succès ? Une plume acérée et authentique. Taylor Swift écrit ou coécrit la majorité de ses chansons, souvent inspirées de sa vie personnelle. Une sincérité artistique qui lui vaut l’admiration de millions de fans à travers le monde.
Au cœur de cette affaire : une question de propriété artistique. Comme beaucoup de jeunes artistes, Taylor Swift signe très tôt un contrat avec un label, Big Machine Records, pour lancer sa carrière. Ce contrat stipule que le label détient les « masters », c’est-à-dire les enregistrements originaux de ses chansons, tandis qu’elle conserve les droits d’auteur sur les paroles et la composition. Une pratique courante dans l’industrie, mais souvent défavorable aux artistes.
En 2019, Big Machine Records est racheté par Scooter Braun, un manager influent connu pour représenter des stars comme Justin Bieber et Ariana Grande. En acquérant le label, le magnat de l’industrie musicale met également la main sur les « masters » des six premiers albums de Swift, sans que cette dernière soit consultée. Cela ne s’arrête pas là puisque la chanteuse affirme avoir tenté de racheter ses enregistrements, mais que les conditions posées par le label étaient « abusives », l’obligeant à « gagner » un album pour chaque nouvel album livré, une clause qu’elle refuse.
Sa réaction ne se fait pas plus attendre, elle accuse Braun d’avoir « acheté son passé » et de l’empêcher de contrôler l’usage commercial de sa propre musique, notamment pour des diffusions, des publicités ou des projets audiovisuels. Pour elle, cette nouvelle acquisition ne représente pas qu’un conflit d’intérêts : il ravive aussi de vieilles tensions personnelles, Braun étant lié à des figures qu’elle accuse de harcèlement par le passé.
Face à cette impasse, Taylor Swift entreprend une stratégie inédite dans l’industrie : réenregistrer ses anciens albums pour en proposer de nouvelles versions, surnommées Taylor’s Version. Ces albums réenregistrés, quasi identiques mais juridiquement distincts, lui permettent de récupérer le contrôle commercial de ses œuvres sans dépendre des « masters» originaux.
Mais le 30 mai 2025, un nouveau chapitre s’ouvre : elle annonce avoir racheté les droits des six premiers albums originaux. Un geste fort, hautement symbolique, qui clôture des années de tension. Elle devient enfin propriétaire des enregistrements qui ont lancé sa carrière : Taylor Swift, Fearless, Speak Now, Red, 1989 et Reputation. Cette annonce ravit ses fans, avec une explosion des écoutes sur Spotify : Speak Now (2010) progresse de 430 %, tandis que Taylor Swift (2006) et Reputation (2017) enregistrent respectivement +220 % et +175 %.
« Toute la musique que j’ai faite m’appartient désormais. Tous mes vidéoclips. Tous les films de mes concerts. Le design et les photos des albums. Les chansons non publiées. La mémoire, la magie, la folie. Chaque ère. L’ensemble du travail de ma vie. » écrit l’artiste dans une lettre sur son site. Cette victoire, elle la décrit comme « son plus grand rêve devenu réalité ». Elle confie également avoir du mal à retravailler Reputation, déjà très abouti, mais se dit très heureuse d’avoir réenregistré son premier album Taylor Swift.
L’opération, dont les détails financiers restent confidentiels, est saluée comme un tournant historique pour les droits des artistes. Taylor Swift récupère ainsi son passé, son identité artistique et son pouvoir économique.
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