Un concert très …Mittel Europa au Festival Radio France

par Jean-Marie Chamouard
20.07.2023

Au Corum de Montpellier, le 18 Juillet 2023, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse est l’invité du festival. Sous la direction de Petr Popelka, il interprète Lontano de György Ligeti, le concerto pour violon N°1 de Béla Bartok avec Alena Baeva au violon et enfin la 6ème symphonie d’Antonin Dvorak.

Un festival renouvelé

En juillet le festival de Montpellier devient quasiment la résidence d’été de Radio France! Le Nouveau festival Radio France Occitanie Montpellier se déroule du 17 au 28 juillet . Ce 38ème festival propose 90 concerts ou manifestations répartis sur la métropole et hors les murs. De quoi permettre un rayonnement en Occitanie, dans toute la France et au-delà de nos frontières, avec pour perspective la candidature de Montpellier, comme capitale européenne de la culture en 2028.
L’Orchestre National du Capitole a été créé au début du 19ème siècle. Il est domicilié à la Halle aux Grains à Toulouse sous la direction depuis octobre dernier de Tarmo Pletokovski, un chef âgé … de 22 ans. Ce soir il est dirigé par le jeune chef tchèque Petr Popelka, directeur de l’Orchestre Symphonique de la Radio de Prague. La violoniste russe Alena Baeva est née en 1985 à Almaty, Kazakhstan. Elle débute le violon à 5 ans et sera soliste de l’orchestre local dès l’âge de 7 ans Après une formation au conservatoire Tchaïkovski de Moscou, elle mène une carrière internationale. Pour nous elle interprète avec fougue et sensibilité le concerto pour violon N°1 de Béla Bartok .Le concert est diffusé en direct sur France Musique.

Un rêve méditatif

Pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de György Ligeti, le festival a programmé son Lontano pour orchestre. Une œuvre originale, composée en 1967, inspirée par le canon baroque… et la musique électronique. Tout débute par une note unique, prolongée, lancinante. D’autres s’ajoutent peu à peu discrètement puis dans un lent crescendo. Les sons de différentes hauteurs se mêlent rappelant la sonorité de l’orgue. La musique est mystérieuse, onirique, quasi religieuse. L’auditeur est face à une ligne d’horizon qui paraît longtemps immobile, qui se rapproche frémissante pour s’éloigner à nouveau. Les derniers murmures des cordes sont presque imperceptibles, un long silence prolonge cette œuvre fascinante.

Un bijou dans son écrin d’amour

Bela Bartok ( 1881-1945) a composé son premier concerto pour violon en 1907 en l’honneur de la violoniste Stefi Geyer dont il était …très amoureux. L’andante sostenuto débute par un long solo du violon, un chant d’amour très romantique qui sera repris par l’orchestre et par les bois. Une déclaration d’amour du compositeur, lyrique et passionnée. Le jeu d’Alena Baeva est remarquable par sa sensualité, sa suavité, sa pureté. Les élans passionnés de l’orchestre alternent avec des moments plus oniriques. L’être aimé est idéalisé, la musique acquiert une dimension céleste. Magnifique, émouvant premier mouvement!
Bien différent est l’Allegro giocoso, le deuxième et dernier mouvement du concerto. C’est un autre hommage à Stefi, un hommage à la jeune femme pétulante, pleine de vie. La musique est rapide, rythmée, syncopée parfois dissonante. Alena Baeva paraît jongler avec son violon, elle est tour à tour séductrice, espiègle, fougueuse. L’allegro est spectaculaire, imprévisible, les accents puissants, explosifs de l’orchestre alternent avec des moments de douceur langoureuse. Modernité et romantisme se conjuguent dans ce surprenant deuxième mouvement.

Une symphonie romantique aux couleurs de la Bohème

Moins connue, moins jouée que la symphonie du Nouveau Monde, la 6ème symphonie est déjà une œuvre de la maturité d’Antonin Dvorak. Elle sera créée à Prague le 25 Mars 1881 puis l’année suivante à Leipzig et à Londres. La renommée de Dvorak se répand au delà de la Bohème. Cette symphonie pourrait être qualifiée de «Pastorale», inspirée par l’amour de la nature du compositeur. L’allegro initial laisse éclater la puissance de l’orchestre sous la direction énergique, dynamique de Petr Popelka. La musique est joyeuse exaltée, grandiose. Elle paraît célébrer le triomphe estival de la nature. Les grands élans de l’orchestre s’interrompent pour laisse la place à la délicatesse d’une flûte qui évoque le chant des oiseaux. La nature paraît radieuse dans l’adagio. Dvorak y développe une très belle mélodie romantique initiée par les bois puis reprise par les violons et enfin par les violoncelles. Le scherzo est une «Furiant» , une danse populaire tchèque. Le début est explosif, c’est une danse festive, endiablée. Cette musique impétueuse alterne avec des moments plus interrogatifs laissant entrevoir la possibilité d’une romance. La joie et l’énergie demeurent dans l’Allegro con spirito. C’est une marche triomphale jusqu’à l’emballement final. Une œuvre spectaculaire qui suscitera les longs applaudissements du public.
Le programme de ce concert nous a emmené jusqu’en Hongrie et en Tchéquie . Un programme original, servi par l’interprétation haute en couleurs de l’orchestre national du Capitole sous la baguette de Petr Popelka. Et Alena Baeva a été juste parfaite.

Visuel (c): Lou Bleyer. Relations presse . Festival Radio France Occitanie Montpellier 2023

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