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Philharmonie de Paris : Fougue, jeunesse et sensualité pour les ballets russes de Stravinsky sous la direction du génial Klaus Mäkelä

par Helene Adam
01.03.2024

Klaus Mäkelä à la direction de l’Orchestre de Paris, réitère l’exploit du festival d’Aix-en-Provence 2023, en exécutant les trois ballets russes d’Igor Stravinsky durant la même soirée à la Philharmonie de Paris. Une standing ovation a accueilli cette extraordinaire prestation musicale malgré des vidéos assez inégales, qui accompagnaient sur grand écran, chacun des morceaux.

Klaus Mäkelä superstar

Composés en trois ans pour les Ballets Russes de Diaghilev, LOiseau de feu (1910), Petrouchka (1911) et Le Sacre du printemps (1913) montrent une progression fulgurante de l’art d’Igor Stravinsky, alors trentenaire, qui révolutionne le rythme et les contrastes de la musique classique, sortant de tout carcan pour entremêler thèmes et styles.

Précision du geste, qualité des sonorités, beauté des contrastes, les plus beaux qualificatifs s’adressent une fois encore, à ce jeune chef qui offre à ces partitions très complexes, une lecture extraordinaire, sensuelle et animale, transcendée par la belle acoustique de la grande salle de la Philharmonie de Paris. Klaus Mäkelä donne fougue et jeunesse, ravivant les plus beaux contrastes de chacune des œuvres, soulignant les élans romantiques de l’Oiseau de feu, les thèmes folkloriques et populaires de Petrouchka pour finir en apothéose avec le révolutionnaire Sacre du Printemps, véritable explosion musicale qui fit scandale à l’époque de sa célèbre création à Paris.

Servi par un orchestre rutilant, puissant, homogène, expressif, au sommet de sa forme et de ses capacités, Klaus Mäkelä sait tout autant valoriser les interventions solistes des nombreux instruments sollicités (cor, basson, flûte, trompette, cor anglais), que le collectif des ensembles particulièrement impressionnants. Du pianissimo au fortissimo, les passages contrastés se font avec une fascinante maitrise du son. Et l’on ne craindra pas d’affirmer qu’une telle prestation, outre son caractère audacieux et courageux, restera dans les mémoires par la force tellurique et l’énergie aux mille couleurs distillées par un chef qui connait désormais parfaitement l’œuvre de ce compositeur qu’il a déclaré « avoir toujours profondément aimé ». Aimé et si bien compris… Il a d’ailleurs déjà gravé un enregistrement de l’Oiseau de feu et du Sacre du Printemps sorti chez Decca l’an dernier.

 

Les trois ballets à la suite

C’est le rêve de nombreux mélomanes que de pouvoir écouter ces trois œuvres magistrales du début du siècle dernier, si prolifique en nouveautés, les unes après les autres dans un même élan en près de trois heures de musique. La progression rythmique et orchestrale des compositions apparait alors comme une évidence fascinante.

Mäkelä – qui a l’âge du compositeur lors de ce premier succès- sait donner fantaisie à cet « Oiseau » merveilleux, tout en or et en flammes, que, selon la légende russe, le héros Ivan Tsarévitch poursuit et dont la plume magique lui permettra d’échapper à la pétrification.

Et sa formidable musicalité, son sens de l’interprétation, fait danser « Petrouchka » devant nos yeux par le simple truchement de la musique. L’excellent pianiste soliste, Jean-Baptiste Doulcet, placé astucieusement au milieu de l’orchestre nous donne le meilleur de sa partie. Ces « Scènes burlesques en quatre tableaux », qui mettent en scène une fête de mardi gras en Russie où trois marionnettes, Petrouchka, le pantin, le Maure et la Ballerine, prennent vie et se mettent à danser sous l’impact d’une flûte magique. Stravinsky utilise la quarte augmentée, l’intervalle diminué ou l’octave à huit notes, créant des structures harmoniques complexes évoquant ce pauvre et malheureux pantin désarticulé et amoureux d’une ballerine qui l’ignore.

Et là encore, on a rarement entendu une telle illustration sonore parfaite dirigée avec autant de précisions et de couleurs, et surtout autant de ruptures de rythme maitrisées au millimètre rendant toute sa force évocatrice à la partition révolutionnaire que peu de chefs arrivent à dominer avec autant de talent.

La progression chronologique des illustrations pour les ballets Russes, s’achève logiquement et en apothéose par le fantastique Sacre du Printemps, qui réunit toutes les audaces de rythmes et d’harmoniques des deux compositions précédentes. Littéralement explosif, ce Sacre célébrant l’arrivée du printemps par le sacrifice d’une jeune fille aux dieux, nous conduit aux confins de l’extase. Jamais ce jeune chef n’a paru dominer à ce point son sujet, si sûr de lui et de l’Orchestre qu’il a su façonner sur le plan technique et artistique, qu’il parvient à transmettre ce magnétisme et ce charisme propre aux plus grands.

Rien de plus logique que la longue standing ovation qui accueille alors cet exploit.

 

Et les vidéos ?

Comme à Aix, et parce que cette musique a été composée pour accompagner des ballets, les représentations sont associées à des films projetés sur grand écran tandis que la scène et l’orchestre sont plongés dans une semi-obscurité, heureusement incomplète car le spectacle est et demeurera toute la soirée celui de ce demi-dieu dont la silhouette encore juvénile, s’agite en cadence, pour ne faire qu’un avec ses instrumentistes dans une fascinante chorégraphie.

 « L’Oiseau de feu » sera illustré par un patchwork des rushes d’un film de Rebecca Zlotowski, « Planétarium » qui mettait en scène l’histoire de deux médium (incarnées par Natalie Portman et Lily-Rose Depp) en tournée mondiale dans les années 30 et pressenties pour tourner un film, dans une totale inconscience de ce qui se prépare alors en Europe. L’image est soignée et le montage est intéressant mais il faut bien avouer qu’on comprend mal le rapport avec le sujet du ballet concerné.

La proposition de Bertrand Mandico pour Petrouchka est celle d’un défilé de mode qui se déroule dans les sous-sols où les mannequins féminins surexploités et souffrant le martyr semblent être des marionnettes à qui l’on a donné vie le temps de la manifestation. Idée sans grande originalité mais beauté plastique indéniable, malheureusement assez éloignée de la fantaisie du conte russe.

Enfin les images splendides d’Evangelina Kranioti pour l’illustration du Sacre du Printemps, partent d’une bonne idée finalement peu exploitée : celle d’un SDF fantasque vivant au bord d’un autoroute qui découvre un masque merveilleux et imagine une vie « ailleurs ». Mais le film se perd avec une certaine complaisance visuelle dans les méandres de la violence urbaine ordinaire.

On peut sans problème au cours de la soirée, comme par la suite d’ailleurs, oublier ces illustrations qui ne sont pas à la hauteur de la magie de la musique orchestrale mystérieuse et fascinante qui restera gravée dans nos mémoires pour longtemps.

 

Les Ballets Russes, musique d’Igor Stravinsky – 28 et 29 février à la Philharmonie de Paris, salle Pierre Boulez.

Orchestre de Paris sous la direction de  Klaus Mäkelä – Jean-Baptiste Doulcet , piano solo.
Vidéos de Rebecca Zlotowski – Bertrand Mandico – Evangelia Kranioti –
Photos : © Jean-Louis Fernandez