Famille, le prochain album de Ben Mazué est attendu pour le 28 février, mais il sait distiller notre impatience en organisant des séances d’écoute à travers la France et avec un spectacle musical raconté au coin du feu au Théâtre de l’Atelier jusqu’au 12 mars 2025. Une douceur idéale pour cette fin hiver, où le chanteur nous réchauffe et nous réconforte de sa plume et ses mélodies.
Vous êtes assis, tout le monde à peine fini de s’installer, les lumières encore allumées quand le son prend la salle, comme depuis des coulisses, un son d’interview comme on interroge avant le début d’un match de foot, l’entraîneur ou le sélectionneur de l’équipe. Ce sont les débuts, les premières dates, celles des tests et des ratés, des premières réussites, des adaptations. Celles des mises en avant des nouvelles recrues, appuyées sur les anciennes. « Mais Ben, tu es tout seul sur scène ? ». Et bien oui, enfin non, il y a le public, et surtout ses chansons. Quelques mélodies, quatorze nouvelles chansons qui vont entrer sur le terrain, celui de la scène, et de la vie.
Ben Mazué nous installe chez lui, dans son salon. Un piano à gauche et des guitares à droite, un canapé au fond, un tapis au sol et des lustres. Beaucoup de lustres, et un mot qui s’affiche en lettres capitales rouges : FAMILLE. C’est le nom du nouvel album de l’artiste et de ce spectacle musical. Il est entré en scène d’ailleurs, sous les ovations et un brin dans l’ombre. Les spots irradient la salle et ne laissent apparaître que sa silhouette dont émane quelques mots : « Mon fils va au collège, il va bientôt partir d’la maison/Il est passé de bébé à disons, jeune en deux secondes ». C’est l’heure, et ça commence.
Du plafond sont tombés beaucoup (beaucoup !) de lampadaires dont la lumière chaude fait du Théâtre de l’Atelier un écrin. Ben Mazué prend le micro, pour parler. Il fait toujours ça, raconter, raconter pourquoi il est là, pourquoi il écrit ça, pourquoi ça va et pourquoi ça va pas. Ce projet, « Famille », est né de trois années de sédentarité, ces trois premières années de sédentarité, les premières depuis l’enfance peut-être. Il est de nouveau le petit garçon, l’enfant et le frère, mais il est aussi le père. Il nous parle de sa vision de la famille. La sienne n’est pas de celle avec qui l’on s’enferme des semaines durant, 72h tout au plus, avec un « chic-ouf », comme un shot de retrouvailles sitôt mêlé au soulagement du départ.
Cette citation qu’il livre, un brin amusé, adaptée d’une phrase de Flaubert, résume tout et introduit son titre éponyme, un conte coin du feu à la guitare. « Famille », « ce qu’il me reste d’enfance c’est toi ». La famille est une pièce majeure et douloureuse, une question centrale, une pièce à double-face, et ce n’est pas Orelsan qui nous dira le contraire. Et parler de la famille pour Ben Mazué, on comprend que cela vient de son histoire personnelle mêlée à des références qui l’on nourrit, de « Famille, Famille » d’Orelsan qui l’a mis en eaux de larmes à Cédric Klapisch.
On aime sa tendresse et sa maladresse de récit, sa drôlerie aussi ; lui qui pleure du corps – vous savez quand ce sont les épaules qui tressautent, que ce sont elles qui pleurent en premier ? – et qui craque au téléphone avec une dame des assurances, qui découvre le monde parallèle des propriétaires de chiens, qui court pour évacuer, qui liste pour cadrer.
Toutes les nouvelles chansons ne sont pas dévoilées, assez peu finalement. Du nouvel album, on entend « C’est l’Heure », « Famille » et « Rupture » (duo avec Yoa), déjà sortis, « Après l’Amour » single orphelin non-inscrit sur la tracklist de l’album à paraître le 28 février ; mais aussi « Cécile gagnant » et « Cette guerre » dont on ne dira rien pour le moment, il faut faire durer le suspense. Puis il y a des tartes à la crème, celles que le public connaît par cœur, à la respiration prêt, « Nous deux contre le reste du monde », « Quand je marche », « Gaffe aux autres », « 10 ans de nous », « Passagers », et… une surprise, un souvenir pour lui qu’il nous a aménagé, où il nous emmène, un là-bas dont on se délecte et qui laisse en joie. On repart en se disant que la famille, c’est ça, ce sont les gens avec qui on a des souvenirs, des rires et des pleurs, les gens qui sont là et qui nous acceptent et qui nous pardonnent, qui nous aiment, qui acceptent, et avec qui on se sublime.
L’album « Famille » sera disponible le 28 février, et « Famille » le spectacle est au Théâtre de l’Atelier jusqu’au 12 mars.