« Martyr ! » de Kaveh Akbar : Un Iranien de plus obsédé par la mort

À vingt-huit ans, bientôt vingt-neuf, Cyrus Shams n’est pas au top et ne laisserait personne dire que la fin de la vingtaine est le plus bel âge de la vie. Né en Iran, orphelin de mère rapidement, Cyrus a grandi aux États-Unis, élevé par un père qui faisait tout pour l’éduquer et le rendre heureux. Étrange métier que Cyrus occupe maintenant : face à des étudiants en médecine, Cyrus joue le mourant, celui à qui on annonce la mauvaise nouvelle pour tester la réactivité des futurs médecins.

La question de l’identité traverse Martyr !. Comme l’explique Gabe, son parrain aux Alcooliques Anonymes : « tu n’est pas un sale type qui tente de devenir un chic type. Tu es une personne malade qui tente de guérir. » Partagé entre ses racines iraniennes et son pays d’adoption (« aujourd’hui, rien qu’aujourd’hui, tu as sans doute passé plus de temps à regarder ton téléphone que tu n’en as passé tout au long de ta vie à cueillir des grenades »), Cyrus tente de se faire un nom dans la poésie avant de trouver le grand sujet qui le fera devenir célèbre, et qui l’inspire : les martyrs. D’ailleurs, comme Cyrus le fait remarquer à son meilleur ami Zee, il existe en Iran des « écoles réservées aux enfants de soldats morts au front, qu’on appelle « martyrs » ».

Au commencement était la mort

Lorsque Cyrus apprend qu’une sorte de Marina Abramović, Orkideh, artiste d’origine iranienne, a choisi de passer ses dernières heures de mourante au Brooklyn Museum dans une performance morbide, il se rend à New York. « L’idée de ce livre, de sa propre mort – le fait d’aller au musée lui permettait d’en préciser les contours et l’importance. C’était une idée recherchée, courageuse que de quitter la vie pour quelque chose de plus grand que le simple fait de vivre. »

Martyr ! a les défauts et les qualités d’un premier roman. Côté négatif, on est en droit de trouver le livre un peu fouilli, et reprocher à Kaveh Akbar de chercher à tout prix à déconstruire son roman en multipliant les points de vue, en inventant des rêves et en cherchant une originalité qui n’a pas besoin d’être là, puisque le sujet en lui-même, a quelque chose de fascinant. Les thèmes brassés, contemporains, précis et pour autant universels, soutiennent un roman original.