Du 17 avril au 12 octobre 2025, l’exposition Instants donnés prend place au musée Maillol. Au programme, une exposition complète avec près de 400 clichés de Robert Doisneau. Retour sur une œuvre débordant d’émotion.
C’est la plus grande exposition consacrée à Doisneau depuis 20 ans. Parmi les 450 000 images que renferme sa collection, près de 400 ont été sélectionnées pour une plongée inédite dans l’œuvre d’un photographe souvent réduit à quelques clichés iconiques. C’est « toute une vie de travail », affirme à l’AFP sa fille Annette Doisneau, qui a mis en place l’exposition aux côtés de sa sœur Francine Deroudille et la commissaire Isabelle Benoit.
Bien souvent, les expositions sont simplement découpées par ordre chronologique. Ici, le parcours se divise en plusieurs thématiques, chacune ayant une résonance particulière avec la vie du photographe. Parmi les sujets chers à Doisneau, on retrouve notamment l’enfance, la banlieue, les bistrots ou encore les moments de gravité sociale. Chaque salle dévoile une facette de son travail et plonge le visiteur dans une atmosphère immersive, grâce à des extraits sonores, des archives, des objets personnels, et même la voix de Doisneau lui-même commentant certaines de ses photos. C’est dans cette diversité que l’exposition trouve toute sa profondeur.
À travers son œuvre, on découvre son regard sur les laissés-pour-compte. Entre enfants roms et ouvriers de Renault, personne n’échappe à l’appareil de Doisneau. Le maître de la photographie s’amuse également avec le jeu de la mise en scène, avec des collages photographiques plus créatifs les uns que les autres. L’artiste alterne aisément entre légèreté et gravité, réalité et imaginaire, documentaire et poésie. De quoi en séduire plus d’un.
Bien que les clichés datent de plusieurs décennies, ils restent plus que jamais actuels. À l’heure des images surfiltrées et du scroll incessant, l’œuvre signée Doisneau frappe par son authenticité. Le photographe capture des moments de vie hors du temps, et met également la lumière sur des thématiques fortes. Doisneau a souvent été réduit à de simples clichés joviaux et romantiques, et c’est grâce à Instants donnés que la complexité de son travail est véritablement représentée. L’héritage de l’artiste va bien plus loin que Le Baiser de l’Hôtel de ville. Son objectif est le témoin de tensions sociales, de précarité dans les quartiers populaires, des conditions de travail en usine… mais toujours avec un regard fraternel et sans jamais tomber dans le misérabilisme. En pleine époque de remise en question sociale, ces images résonnent comme des échos très actuels. L’exposition rend ainsi compte de son engagement discret, mais tenace pour la dignité, la liberté et la beauté des existences ordinaires.
Et « à la fin de sa vie, il dira que, si c’était à refaire, il referait tout en couleurs », souligne la commissaire au micro de l’AFP.