La cérémonie des Prix du Syndicat français de la critique de cinéma fut cette année particulièrement politique, avec des prises de parole très engagées et la recherche désespérée de trouver un peu de lumière au sein d’un monde de plus en plus sombre.
Cette édition voyait officier pour la première fois la nouvelle présidente du Syndicat, Nathalie Chifflet. Sa prise de parole, relativement longue, a énuméré en une longue métaphore filée les « poussières de l’air du temps » qui empêchent de « respirer » : l’actualité politique américaine, bien sûr, avec Donald Trump à la tête de ce pays immense par son territoire comme par son poids économique et géopolitique, mais aussi la crainte que l’IA fait peser sur la singularité des oeuvres et sur les droits d’auteur et d’autrice. Sans parler, également, des gels budgétaires en France, dont celui du secteur culturel, avec l’arrêt brutal de la part collective du Pass culture, pourtant nécessaire à la formation des publics de demain, ou de l’inquiétude à l’égard de la « liberté de la critique », dont la mission serait de « lancer des bombes de conversation massive ».
Une lueur d’espoir, néanmoins, puisque, a-t-elle conclu, « être ensemble, c’est déjà beaucoup ». Et être semble, cela semblait possible : les allocutions des récipiendaires comme celle de Jacques Audiard, affirmant que « la critique légitime reste le pont nécessaire entre une oeuvre et son public », semblent également confirmer la possibilité de s’unir pour défendre la critique, le service public de la culture ou l’égalité des droits. Une lueur d’espoir aussi dans le film récompensé du Meilleur premier film étranger, Smoke Sauna Sisterhood de Anna Hints, reçu par une équipe arborant des T-shirts « Merci Gisèle » et terminant son discours par « We [Women] matter ». De quoi croire en la possibilité d’une union pour un avenir, sinon radieux, du moins traversé, par instants, de quelques rayons de soleil.
Et puisqu’une remise de prix, c’est avant tout un palmarès, voici celui de 2024 :
Prix cinéma
Meilleur film français : Emilia Pérez, Jacques Audiard
Meilleur film étranger : Les Graines du figuier sauvage, Mohammad Rasoulof
Meilleur premier film français : Nikki, Céline Sallette
Meilleur premier film étranger : Smoke Sauna Sisterhood, Anna Hints
Meilleur film singulier francophone : L’Homme d’argile, Anaïs Tellenne
Meilleur film de court-métrage français : Plus douce est la nuit, Fabienne, Wagenaar
Prix Jeune Critique : Mathilde Grasset, Les Cahiers du cinéma
Prix Télévision
Meilleure série française de télévision : Enjoy !, Lionel Meta, diffusion France TV
Meilleure œuvre française de fiction de télévision : À la joie, Jérôme Bonnell, diffusion Arte
Meilleur œuvre française de documentaire de télévision : J’ai tiré sur Andy Warhol « Scum manifesto », Ovidie, diffusion Arte
Prix DVD/Blu-ray
Meilleur coffret DVD/Blu-ray : Jean Eustache, Coffret Blu-Ray + Bonus, Carlotta Films
Meilleur DVD/Blu-ray récent : Mars Express, de Jérémie Périn, Édition Collector Limitée Blu-Ray + Bonus, Blaq Out
Meilleur DVD/Blu-ray patrimoine : Matewan, de John Sayles, Édition Collector Limitée Blu-Ray + Bonus, Intersections Films
Prix Curiosité : Marquis, de Henri Xhonneux, Édition Collector Limitée Blu-Ray + Bonus, Caméflex
Prix littéraires
Prix Michel-Ciment du meilleur ouvrage français sur le cinéma : Busby Berkeley l’homme qui fixait les vertiges, Séverine Danflous et Pierre-Julien Marest, Marest Éditeur
Meilleur ouvrage étranger sur le cinéma : Mémoires – chacun pour soi et Dieu contre tous, Werner Herzog, Traduit de l’allemand par Josie Mély, Éditions Séguier
Meilleur album sur le cinéma : Chantal Akerman – Oeuvre écrite et parlée, Cyril Béghin, Éditions L’Arachnéen
Prix Plateformes
Meilleur film de plateforme : Bliz, Steve McQueen, Diffusion Apple TV+
Meilleure série de plateforme : Sugar, Fernando Meirelles et Adam Arkin, Diffusion Apple TV+
Visuel : logo du Syndicat français de la critique de cinéma