Le Lapin est dans le pré

par La redaction
21.04.2025

Peter Pan de Mathieu Coblentz au Paris-Villette

Alors que les vacances de Pâques bercent déjà certain•es d’entre nous et arrivent pour d’autres, nous pensons presque plus aux chasses aux œufs qu’aux concerts magnifiques que nous couvrons à Aix ou à Deauville.

La saison est au chocolat, aux œufs, aux poules et aux lapins, pour certain.e.s au déjà très démodé « summer body » qu’on prépare pour l’été, alors qu’un soleil clément jusqu’à cette semaine nous a déjà mis un peu de hâle aux joues et a réveillé les souvenirs de plage, de terrasses baignées de soleil, d’orteils perdus dans l’herbe.

En ces temps de vacances, de ralentissement, de soleil et de fêtes, on pense à l’enfance, à ce qu’on propose à un jeune public. Ces jours de répit nous semblent être le bon moment pour écrire un petit plaidoyer sur ce qu’un jeune public n’est pas. Ces enfants spectateurices ne sont pas des idiots et des inattentifs à qui l’on se doit de s’adresser sur un ton niais et emprunté ; ce public, comme en dégustation culinaire, sait ce qu’il veut, ce qu’il aime et il a ses exigences.

Comme on déplore, à force d’arpenter les salles, tous ces spectacles si courts et emmaillotés tels des papillotes de chocolat, de blablabla ; ou ceux classiques que l’on dissimule derrière une idée vaine du « retour en enfance » – plutôt fait pour les parents et les grand-parents à lui l’on dirait « allez plutôt manger des Malabar et des Mistral gagnant ! » – ; ou ceux encore qui se targuent d’avant-garde en usant des écrans pour faire croire à de la mise en scène. Où sont donc passés nos enfants intérieurs quand c’est cela qu’on propose à nos minots ?

Le spectacle jeune public nous réjouit parfois, il est le lieu de l’exigence de l’inventivité, car il s’adresse à un œil plus exigeant qu’il n’y paraît. Ne l’oublions jamais, un enfant ne pardonne pas, iel aime ou n’aime pas ! Et les spectacles qui les servent existent, souvent des bijoux de précision qui se concentrent sur ce qui captive ou non et qui prend le temps d’être dans les temps de la fascination des enfants, souvent aussi des spectacles poupées russes avec plusieurs niveaux de signification, des questions fondamentales amenée par une formes nouvelles et punk. Mais tout ne se résume pas à la scène, l’enfant existe et exige avant et après le noir du spectacle : comment les accueillir, accompagner la réception des messages, faciliter la vie des parents chargés de pousettes, compotes, couches, livres, crayons de couleur ?…

En somme, on se dit qu’un bon spectacle jeune public, c’est juste comme un bon spectacle mais en encore plus exigeant, et que cette ligne de pensée devrait être celle de toutes les créations : n’y-t-il pas en chacun•e de nous un enfant à fasciner ?

Bonnes vacances donc, à la recherche du lapin magique !

Laura et Yaël