Ce jeudi 13 mars 2025, la commission d’enquête sur les violences au cinéma, présidée par Sandrine Rousseau, a auditionné Dominique Besnehard. A l’Assemblée Nationale, le producteur a tenu des propos choquants, remettant en cause le comportement de certaines actrices.
Après le mouvement #Metoo, de nombreuses démarches ont vu le jour, marquant une évolution sur le traitement des violences sexistes et sexuelles perpétrées dans le secteur du cinéma.
Le 9 octobre 2024, après un vote unanime de l’Assemblée nationale, une commission d’enquête sur les violences commises au cinéma est créée. Présidé par Sandrine Rousseau, députée Europe Ecologie Les Verts de Paris, un groupe d’élus auditionne depuis des professionnels du secteur du cinéma, de l’audiovisuel et du spectacle vivant. Parmi eux, Rachida Dati, Costa-Gravas, Pierre Niney, Gilles Lellouche ont été auditionnés.
La commission d’enquête a pour objectif de faire un état des lieux des violences commises sur des mineurs et des majeures dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité, d’identifier les mécanismes et les défaillances qui permettent ces abus et violences, d’établir les responsabilités de chaque acteur en la matière. Ainsi, elle sera en capacité d’émettre des recommandations sur les réponses à apporter sur le sujet.
Le producteur Dominique Besnehard a ainsi été entendu et interrogé le 13 mars 2025 à l’Assemblée Nationale. En 50 ans de carrière, il a occupé les postes de directeur de casting, agent artistique chez Arts Médias, puis producteur, notamment de la série à succès 10 %. Fort de son expérience, ses premières paroles soulignent son état d’esprit : « J’appartiens à un autre monde ».
Divers sujets sont abordés : mouvement #Metoo, tribune de soutien à Gérard Depardieu, ou encore formations aux violences sexistes et sexuelles mises en place par le CNC. Dans un argumentaire contradictoire, le producteur essaye de se disculper. Il affirme à plusieurs reprises avoir dénoncé des abus dans le secteur du cinéma avant que ce ne soit « à la mode ». Il déclare ainsi : « S’il y a bien quelqu’un ici qui est féministe, c’est moi ».
Cependant, lorsqu’on le questionne sur sa signature de la tribune en soutien à Gérard Depardieu, il se défend : « Je regrette d’avoir signé la pétition, parce qu’elle a été lancée par le RN, mais je l’ai signée parce que je me suis dit que tout le monde était après Depardieu ».
Sous prétexte d’avoir fait carrière dans un « univers de femmes », Dominique Besnehard soutient par la suite des propos réducteurs et choquants, culpabilisant certaines actrices. Lorsque la députée LFI (La France Insoumise) Sarah Legrain l’interroge sur les propos qu’il a tenu sur ses réseaux sociaux au sujet de Depardieu en 2018, il répond, agacé :
« Bon moi généralement les cours de théâtre on les fait dans des cours de théâtre, on va pas à domicile chez un acteur. En plus comme on connaît Gérard Depardieu, il y a des bruits etc. Elle y est allée deux fois on m’a dit ».
« Quand j’étais agent, j’ai quand même vu des actrices un peu dépasser les bornes. On va pas dans un hôtel avec un metteur en scène. Weinstein qui allait à Cannes et toutes les actrices, certaines actrices allaient dans sa chambre pour peut-être faire une carrière américaine. Je l’ai vu ça. »
« Je suis la personne qui connaît peut-être le mieux les actrices, entre les divas que j’ai fréquenté, Nathalie Baye, Isabelle Adjani, je les connais toutes. Je ne crois pas qu’Isabelle Huppert, jeune comédienne, monte dans un hôtel avec un metteur en scène, un producteur qui a déjà une mauvaise réputation »
Finalement, après une heure d’audition, Sandrine Rousseau clôt l’intervention reprenant les paroles du producteur : « Alors vous qui dites tout le temps que vous êtes de l’ancien temps, peut-être que je conclurai cette commission en disant : soyez de ce temps-là Monsieur Besnehard, parce que nous avons aussi besoin de vous ».
Visuel : capture d’écran youtube LCP Assemblée Nationale.