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« Don Giovanni » en version-concert au Théâtre des Champs-Elysées, sous la direction de Philippe Jordan

par Helene Adam
08.02.2024

Pour le centième anniversaire des voyages du Philharmonique de Vienne au Théâtre des Champs-Elysées, Philippe Jordan dirigeait l’orchestre prestigieux dans un Don Giovanni en version-concert. Une soirée de prestige ovationnée par le public.

Les voyages du Philharmonique de Vienne

Au début du siècle dernier, la première visite à Paris du prestigieux orchestre eut lieu sous la direction de son non moins prestigieux chef d’alors, Gustav Mahler, à l’occasion de la deuxième Olympiade dans la capitale. C’était alors le symbole d’une conception musicale d’avant-garde qui fut d’ailleurs diversement appréciée. Depuis l’Orchestre est régulièrement invité en France comme ailleurs, ces célèbres voyages était inscrit dans son ADN et ses tournées étant toujours accueillies avec curiosité et satisfaction.

En 1924, pour son premier voyage avenue Montaigne, l’orchestre avait déjà offert Mozart aux parisiens. Sous la direction de Franz Schalk, Vienne avait proposé un choix d’extraits de Don Giovanni, les Noces de Figaro et L’enlèvement au sérail.

Et lundi soir, pour le centenaire de cet événement, et sous son appellation d’Orchestre de l’Opéra de Vienne, il accompagnait le dramma giocoso de Mozart, la partition la plus complexe et la plus achevée du compositeur autrichien.

Jordan et Mozart

Autant dire que c’est toujours un plaisir d’entendre cette formidable formation musicale, où l’ensemble des pupitres joue dans un style proche de la perfection à tel point que l’on a toujours l’impression d’un ensemble de solistes de très haut niveau réunis pour donner ensemble la quintessence du beau son.

On sera un peu plus réservé concernant la direction de Philippe Jordan, leur directeur musical, et sa manière parfois un peu raide, un peu trop en mode « forte » sans nuances, de diriger Mozart. Autant l’ancien directeur musical de l’Opéra de Paris, est intéressant dans les œuvres de Strauss ou de Wagner, autant Mozart ne lui convient pas très bien à notre goût.

Trop de volume, trop de sonorités martiales, pour une œuvre qui nécessite grâce et élégance, tant elle entremêle habilement des aspects ludiques au « drame », la légèreté des ariosos à l’admirable harmonie des ensembles, les accents tumultueux mais très brefs de l’orchestre avec les pages essentiellement lyriques de l’opéra.

Attentif aux chanteurs, Philippe Jordan sait diriger un ensemble orchestral et vocal mais adopte un parti pris par trop sonore à maintes reprises le tout accompagné d’un tempo vif parfois trop rapide.

Une version-concert vivante

Ce Don Giovanni a été donné sur la scène de l’Opéra de Vienne en janvier dernier, avec la même équipe que celle qui nous était proposée au Théâtre des Champs-Elysées. Mais alors que l’Opéra de Vienne donnait une reprise de la mise en scène de Barrie Kosky créée en 2021, Paris, pour une soirée, proposait une version-concert où les chanteurs, habitués à travailler ensemble, assuraient une sorte de mise en espace ponctuée par des entrées et sorties, quelques mouvements évocateurs et une interaction bienvenue pour ceux qui n’apprécient guère le principe du rang d’oignon, chacun vissé devant son pupitre.

La distribution vocale assurait une qualité toute viennoise mais manquait un peu de cette sensualité et de cet humour qui rend justice au texte de Da Ponte, qui révèle tant de contradictions au sein même de chaque personnage.

Christian Van Horn nous a récemment impressionné sur la scène de l’Opéra Bastille dans Faust puis dans les Contes d’Hoffmann, notamment par sa belle projection sonore. En Don Juan il confirme une aisance vocale incontestable et une réussite d’ensemble de ses nombreux ariosos mais le personnage semble un peu superficiel quand tant d’interprétations se plaisent à souligner les sentiments complexes du personnage. Il est vrai que la version concert, malgré les efforts des artistes, ne facilite pas toujours le réalisme des situations. On saluera sa sérénade délicieusement accompagnée par les charmants pizzicati des violons, tenus par les instrumentistes comme une guitare.

Nous avons beaucoup aimé le couple formé par la Donna Anna de la jeune soprano slovaque Slávka Zámečníková et le Don Ottavio du ténor ukrainien Bogdan Volkov dont nous avons déjà chanté les louanges alors d’une des représentations du Conte du Tsar Saltan  où il incarnait un inoubliable Gideon. Mozartiens accomplis mais dotés de ce petit « plus » qui rend leur incarnation émouvante et juste, jusque dans ces échanges complexes entre les deux « promis », ils ont enchanté la soirée même si l’on peut regretter que le timbre délicat de la soprano soit parfois couvert par un orchestre particulièrement sonore. Lui, comme à son habitude, propose une interprétation très personnelle, loin du bellâtre souvent incarné par des ténors peinant à caractériser le personnage au-delà de ses grands airs lyriques particulièrement élégants. Enfin un Don Ottavio, irréprochable sur le plan du style, mais capable de sortir d’un cadre musical par trop « scolaire » pour donner chair et vie à son personnage. Il a d’ailleurs été ovationné.

Nous avouerons à l’inverse une certaine et légère déception concernant la prestation de Federica Grimaldi en Donna Elvira. Son « Mi tradi » a d’ailleurs été ponctuellement hué, et, d’une manière générale, sa voix que nous avons connue si ronde et si fruitée dans Mozart, accuse de légères stridences malvenues dans les aigus et une petite difficulté à conserver un legato irréprochable.

Beaucoup d’élégance et de style en revanche pour la mezzo-soprano américaine Alma Neuhaus qui campe une Zerlina délicieusement mutine, à la voix fraiche et presque juvénile, parée de très belles couleurs, qui laisse poindre sa « fausse » innocence avec beaucoup d’habileté. Martin Häßler en Masetto offre aussi le plaisir d’un beau chant où le timbre est au service de l’interprétation d’un des personnages les plus simplistes de la confrérie. Et il fait cela très bien, on y croit et on apprécie l’acteur exprimant sa candeur et sa propension à se jeter dans tous les pièges.

Si la jeune basse slovaque Peter Kellner en Leporello a d’incontestables talents d’acteur et suit sans difficulté les tempi très rapides de Jordan, y compris dans son célèbre Catalogue, il nous a semblé que la voix manquait de corps et surtout de graves pour asseoir davantage la prestation. Cela dit, il est suffisamment plaisant à voir et à entendre pour le trouver adéquat à son Don Juan de maître.

Antonio Di Matteo en Commandeur est victime des caprices de l’acoustique du théâtre des Champs-Elysées : pas assez sonore lors de sa première intervention en fond de scène derrière l’orchestre, il l’est presque trop lors du combat pour entraîner Don Giovanni dans les flammes de l’enfer. Belle voix et belle présence cependant.

Saluons enfin l’intervention des chœurs de l’Opéra de Vienne parfaitement maître du répertoire, d’une finesse et d’une justesse irréprochables.

Le public a réservé une magnifique ovation très appuyée à cette représentation.

Photos : Crédit : © Cyprien Tollet / Théâtre des Champs-Elysées