La Rose des Vents – Scène nationale Lille Métropole Villeneuve d’Ascq programme pour la première fois un festival dédié à la magie, « 100 % magie ». Un événement orchestré par Thierry Collet, magicien et et artiste associé de la scène nationale.
Genre de l’illusion, la magie est aussi celui de l’émerveillement et de la réflexion sur la manipulation. Des caractéristiques qui en font, sans conteste, un art du spectacle à part entière, mais aussi un objet de pensée. Convaincue de ces deux aspects, Audrey Ardiet, nouvelle directrice de la Rose des Vents, a proposé pour cette première édition une semaine qui mêle spectacles, projections de films et conférences.
Le film d’Orson Welles F for Fake, dédié à l’art de l’illusion, a ainsi été projeté jeudi, tandis que des films à destination du jeune public, La Sorcière dans les airs (Max Lang et Jan Lachauer), Monsieur Bout-de-Bois (Daniel Snaddon, Jeroen Jaspaert) et Le Manoir magique (Ben Stassen et Jeremy Degruson) seront diffusés dimanche au cinéma Le Méliès. Côté conférences, l’après-midi du 2 avril était consacré à Méliès et celui du 3 avril au célèbre magicien Houdini. Quant au spectacle vivant, il était présent dès le début de la semaine avec « Jazz magic », deux soirées mêlant musique et magie avec le pianiste Marek Kastelnik et le magicien Antoine Terrieux, tous deux réunis autour de la question de l’improvisation.
Mais le clou de cette édition, ce sont les deux « magic nights » du 5 et du 6 avril, des nuits réunissant trois spectacles, avec tout d’abord Dylan Foldrin et Quentin Thiollier, respectivement ingénieur du son et technicien son, qui interrogent les illusions sonores.
La vue n’est pas en reste avec la magicienne britannique Laura London, spécialisée dans les tours de cartes, qui nous raconte la vie – réelle ou imaginaire ? – de la « card cheater » Geraldine Hartmann. Vêtue d’une somptueuse robe noire enserrée d’une ceinture rouge et coiffée d’une perruque couleur cerise, la prestidigitatrice dévoile, à l’appui de son récit, le « journal » de la tricheuse des années 1920, qui aurait plumé nombre de naïfs à une époque où les femmes avaient peu leur place dans le monde du jeu. Un récit en forme de mise en abyme, tant la magie reste un univers très largement dominé par les hommes.
L’immixtion de la narration n’empêche pas Laura London de nous livrer les tours attendus, faisant apparaitre et disparaitre les cartes et jouant, avec beaucoup d’humour, sur le départ entre le possible et l’impossible. Comme le fera Thierry Collet en fin de soirée, elle offre une large place à la participation du public, les spectateurs et spectatrices appelé.es sur scène jouant tour à tour le rôle de comparses et de naïf.ves. Une ambiguïté entretenue également par le grand ordonnateur de la soirée, qui se joue, sous nos yeux, d’un spectateur dûment dépouillé afin de mieux exposer le principe, cher aux magicien.nes, du « détournement d’attention ».
Une première édition réussie, qui en appelle d’autres, peut-être plus développées grâce à de nombreux partenariats territoriaux.
Crédit : Geoffroy Lasne