Le groupe canadien Peach Pit secoue le Bataclan

par Juliette Brunet
le 18.06.2023

Ce mercredi 14 juin, le groupe Peach Pit a enivré le Bataclan avec un savant mélange de Jangle pop, d’Indie rock et d’arrangements Folk. Le quintet originaire de Vancouver a secoué la salle de concert avec ces morceaux doux-amers, distillant une atmosphère endiablée !

From 2 to 3 et de quatuor à quintet

Derrière Peach Pit, quatre amis unis depuis le lycée : le chanteur et guitariste rythmique Neil Smith, le guitariste Christopher Vanderkooy, le bassiste Peter Wilton et le batteur Mikey Pascuzzi. Leur premier succès leur vient du titre éponyme « Peach Pit », sorti en 2017, comptabilisant aujourd’hui plus de 100 millions de streams. En 2018, ils décrivaient leur propre musique comme de la « pop bubblegum », bien que leur son soit aussi empreint d’indie et de surf rock. Le groupe se caractérise par un style vocal doux et des mélodies rock, menées par des jeux de guitares remarquables. Sorti l’année suivante, l’album Being So Normal, offre notamment les pépites « Alrighty Aphrodite » et « Tommy’s Party », auxquelles suivront les 12 perles de You and Your Friends, asseyant la place du groupe sur la scène alternative. Dernièrement, le quatuor est devenu quintet, avec l’arrivée du multi-instrumentiste Dougal Bain McLean au synthé, à la guitare et au violon.

Sorti en mars 2022, leur troisième album, From 2 to 3, porte en lui les échos de la beatlemania dans laquelle se trouvaient les membres de groupe lors de sa genèse. Comme en témoigne Neil Smith dans American Songwriter, la (re)découverte des disques des Beatles, et tout particulièrement de Ram, unique album de Paul et Linda McCartney, a imprégné tout le processus de création. Au fil des 11 titres, on entend aussi murmurer Niel Young ou Cat Stevens, au travers d’arrangements folk, avec harmonica et tambourin. Conservant ses sonorités douces-amères qui lui sont propres, le quatuor a renoncé aux effets vocaux et de guitare, proposant des compositions davantage brutes et acoustiques. Le choix du titre tient quant à lui à une double référence : s’il image le simple fait qu’il s’agit du troisième album du groupe, il renvoie également au titre « From 2 to 3 », écrit par Neil Smith dans une nuit agitée entre 2 et 3 heures du matin, réveillé en sursaut par un cauchemar…

Le Bataclan loses his head but keeps pace…

Sous les applaudissements et sans mot dire, le groupe entre en scène… et son chanteur plonge d’office dans le public ! Il a suffi des trois premières notes de « Being so Normal » pour mettre le feu au parquet du Bataclan et de la reprise de « Techno show » pour déclencher l’incendie, avec son solo de tambourin tout feu toute flamme. Suivent les balades sautillantes « Vickie » et « Brian’s Movie », sur laquelle les deux guitaristes s’en donnent à cœur joie. La liesse s’empresse ensuite de suivre le rythme de « Peach Pit » et le rif électrique de l’entêtant « Black Licorice ». Mais, la reprise de « Private Presley », issu de leur premier album, signe un moment de grâce : empruntant à la musique traditionnelle sa marche épique et cadencée sur laquelle se superpose la douceur des paroles, la puissance du morceau est ici magnifiée par le solo de violon de Dougal Bain McLean.

Avec la douceur country de « Look Out ! » et « Up Granville », on a l’impression de partir sur les routes canadiennes, de partir en voyage à dos d’harmonica. Mais, la langueur de ces morceaux est balayée par « Pepsi on the House » et par « Drop the Guillotine », déferlantes compositions de surf rock. Et l’on ne vous parle de l’effervescence provoquée par « Psychics in LA » et « Alrighty Aphrodite »… Le quintet en a profité pour faire découvrir à son public parisien leur nouveau morceau « Yasmina », dont on attend maintenant impatiemment la sortie. La soirée touche (déjà) à sa fin, mais pas question de partir sans un rappel : personne n’aurait quitté la salle sans avoir entendu « Shampoo Bottles » et « From 2 to 3 »…