Dans la salle de la Cité de la Musique, le Portico Quartet Ensemble dialogue avec un quatuor à cordes pour livrer une exceptionnelle version live de son album Terrain.
Inclassable, la musique du Portico Quartet Ensemble explore les confins du jazz et des musiques électroniques depuis les années 2000. En 2020, le groupe compose l’album Terrain. Inspirés par la période de confinement, les musiciens retiennent la répétition qui devient alors la matrice de leur musique.
Chacune des trois parties de l’album est introduite par un motif répétitif qui s’élance, s’interrompt, puis revient cadencer la fin du tableau. Ainsi, les boucles de phrases rythmiques et musicales créent un nuage sonore qui enveloppe et noue les explorations des cordes, du saxophone ou encore des percussions. Terrain est un voyage qui sonde l’atmosphère.
L’album Terrain est divisé en trois plages très différentes, trois terrains sur lesquels se dressent des paysages sonores que notre imagination abreuve d’images. On voit des collines, de l’eau, on imagine des oiseaux, la musique est vivante
Tout commence par une oscillation. Dans les profondeurs des basses assourdissantes, émerge un violon. Son vibrato perce la nappe sonore et résonne dans nos corps. Puis, il pleut des notes de piano. Enfin, les cordes frottées s’élèvent, notre cœur palpite, l’émotion est à son paroxysme. Et ainsi s’achève « Terrain I ».
Mais l’aventure se poursuit, sans même un silence, on part explorer le deuxième terrain. Delia Stevens fait alors vibrer son hang dans un ostinato infini tandis que Duncan Bellamy glisse inlassablement ses baguettes sur les cymbales de la batterie. La boucle se met en place. Puis, le saxophone de Jack Wyllie s’installe, il est comme un oiseau qui chante en couleurs. Du côté des cordes, les coups d’archet de la violoniste ne tarissent pas, elle maintient la cadence effrénée des percussions. Les musicien·nne·s nous éblouissent, leur maitrise est parfaite, la fluidité de leur musique est étourdissante.
« Terrain III » est un voyage mélancolique de vingt minutes marqué par une montée en puissance fantastique et un retour au calme bouleversant. C’est aussi la partie la plus jouissive rythmiquement. Dès le début, le piano introduit une mélodie qui fait danser la tête. Vient ensuite se joindre la batterie endiablée. Dans cette forêt de contretemps, la grosse caisse se distingue par des battements quasiment cardiaques. Le son boisé du saxophone rejoint alors la transe instrumentale jusqu’à l’apothéose des violons. Ces derniers adoucissent l’atmosphère jusqu’à redescendre vers un calme planant. C’est avec sérénité que s’achève notre traversée.
La version live augmentée de l’album Terrain nous transperce. C’est une symphonie d’atmosphères qui vibre dans nos corps. En nous offrant ce moment magique, le Portico Quartet Ensemble affirme définitivement son génie musical.