« Sarek » d’Ulf Kvensler : Mortelle randonnée

Le parc national de Sarek se situe dans le nord de la Suède, parsemé de rivières, de deltas et de quelques sommets à plus de 1900 m. Hostile la nature, puisque le Sarek reste encore aujourd’hui l’une des zones les plus préservées par l’activité humaine, et donc l’une des zones les plus désertiques. Lorsque Sarek s’ouvre, le 15 septembre 2019, on découvre une jeune femme en hypothermie, Anna, secourue de justesse. Bras cassé et marques de strangulation viennent compléter le tableau… Que s’est-il passé ?

Comme chaque année, Anna part avec son fiancé Henrik et leur amie commune Milena faire de la randonnée. L’occasion de se retrouver l’été pour faire le point sur leurs vies respectives. Mais grande nouvelle : Milena a un copain, elle dont la vie amoureuse fut longtemps un désert, et souhaiterait le convier à la traditionnelle excursion, alors qu’elle ne le connaît que depuis un mois. Henrik et Anna rechignent mais n’imposent pas leur point de vue : Jacob sera le bienvenu. Lorsque les deux couples se retrouvent à la gare, Anna en est sûre, elle a déjà croisé Jacob lors d’un procès impliquant des violences conjugales. L’excursion prend alors des tournures de cauchemar, Jacob imposant peu à peu ses opinions.

Au Sarek, personne ne vous entend crier

Sarek construit un admirable suspens en crescendo au fur et à mesure que le petit groupe s’enfonce dans le Sarek. Qui est vraiment Jacob ? Et jusqu’où peuvent mener ses coups de colère ? Ulf Kvensler parvient parfaitement à distiller des éléments d’horreur quotidienne (tensions, sautes d’humeur, engueulades…) pour mieux construire un scénario tout à fait vraisemblable, transformant le dernier tiers du livre en véritable thriller.

Les deux premiers tiers sont tout aussi stressants, si ce n’est encore plus angoissants : tout ce qui se passe alors dans Sarek paraît probable. Météo peu clémente, perte de la carte, oubli d’une capsule de gaz… Sarek est un véritable « survival », comme le sont des films comme Délivrance (John Boorman, 1972) ou encore Le Rituel (David Bruckner, 2017). Dans une nature impitoyable et magnifique, les quatre randonneurs vivront un cauchemar.