Depuis sa participation à C à vous le 31 janvier dernier, l’humoriste Merwane Benlazar est au cœur d’une polémique qui lui a valu des insultes en continu de vendredi à lundi, avec un intervalle de 10 à 15 minutes. Les « racistes » ont critiqué son apparence, qualifiée de « total look frérosalafiste », et ont exhumé de vieux tweets sortis du contexte et trafiqués pour l’accuser de misogynie et d’apologie de l’islamisme. Suite à cela, Rachida Dati a annoncé que l’humoriste « ne sera[it] plus à l’écran » alors même que Mediawan avait précisé qu’il « n’y a pas lieu de revenir ou pas » car Merwane Benlazar était remplaçant “one shot”. » Cette décision a suscité une levée de boucliers dans le monde de l’humour, où de nombreux artistes ont exprimé leur soutien à Benlazar.
En réponse à cette affaire, l’humoriste a choisi de s’exprimer à travers avec l’humour qu’on lui connaît en publiant, le 8 février, un sketch intitulé Ma non-justification suite aux événements de cette semaine. Sur la scène de l’Européen à Paris, il a ironisé sur son limogeage : « Je savais que j’allais être viré un jour, mais par une Arabe, c’est chiant ! ».
Dans un développement plus sérieux, il dénonce les accusations montées de toutes pièces à partir de morceaux de conversation décontextualisés : « Ils ont fouillé mon Twitter, ils ont rien trouvé. » donc ils ont pris des morceaux de phrase pour en faire une fausse affaire et une « vérité générale ».
Avec un humour mordant, il tourne en ridicule les accusations de misogynie : « Ma femme voulait venir ce soir, elle me disait : ‘Tu vas te défendre, je veux être là.’ Je lui ai dit : ‘Ça ne change rien, tu n’as pas le droit de sortir !’ » Le public, conquis, rit aux éclats.
Concernant son fameux bonnet Zara et son pull tout ce qu’il y a de plus banal, il raconte avec une ironie piquante la façon dont sa femme l’a aidé à choisir sa tenue : « La casquette ça fait banlieue, mets ton petit bonnet, ça fait coréen », lui conseille-t-elle. Ce à quoi il réplique : « Je vais pas y aller déguisé en bobo de merde ». Sa femme insiste : « Ça fait peut-être bobo de merde mais ça fera taire les racistes ». L’ironie du sort.
Mais au-delà de la comédie, Benlazar met en lumière une réalité plus sombre : « Moi, je peux me défendre. Mais il y a des centaines d’Arabes qui se font virer tous les jours parce qu’ils n’ont pas mis le bon pull, et eux, ils ne pourront jamais répondre ».
Les soutiens pleuvent dans le milieu du stand-up et des médias. Matthieu Noël, qui l’accueille régulièrement dans son émission Zoom Zoom Zen sur France Inter, a déclaré : « Merwane est chez nous et restera chez nous. » De nombreux humoristes, parmi lesquels Alex Vizorek, Kheiron ou encore Panayotis Pascot, ont également pris la parole en sa faveur.
Si certains veulent y voir une simple controverse médiatique, elle pose la question plus large du traitement des personnalités perçues comme « différentes » dans l’espace public. En attendant, Merwane Benlazar continue de faire ce qu’il sait faire de mieux : rire et faire rire, en résistant à sa manière.
Visuel : © Capture d’écran Instagram