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Les César, une cérémonie consensuelle mais réconfortante

par Laura Dumez
24.02.2024
Photo de famille des lauréats de la 49e Cérémonie des Césars 2024 par @ens_louislumiere @livia_htprc @lilian.heliot

Hier soir, la 49ᵉ cérémonie des César a sacré les plus belles réalisations et performances de 2023, et consacré une nouvelle ère pour le cinéma français, faite d’égalité, d’écoute, d’action, et de rêve. 

Pendant les trois heures, un fantôme règne. Une photo postée sur Instagram nous le rappelle. 28 février 2020, 19h06. Adèle Haenel est assise, en robe longue, verre à la main, coudes sur genoux, regard smoky eye dans le vide durement déterminé, comme sachant ce qu’il va se passer. Ignominie Polanski. On se lève et on se casse. La séquence de la 45e cérémonie fait date, et domine cette 49e cérémonie César. Garde-fou dans nos esprits, cette image surveille, veille. 

 

Réunion de famille et petites phrases politiques

 

Comme chaque année, à la fin février, la famille du cinéma français se réunit pour un grande fête, pleins de la joie d’être ensemble et de la peur d’aborder les questions qui fâchent : le manque de parité et de représentation, les viols, abus et agressions sexuelles. Cette fois-ci, la maîtresse de cérémonie, Valérie Lemercier, n’est pas seule telle une Foresti en 2020. Elle préside accompagnée d’une vingtaine de personnalités pour remettre les prix. Ensemble, ils assument de parler des dérives de leur monde. 

 

Adèle Haenel par @celine_sciamma sur son Instagram

Adèle Haenel par @celine_sciamma sur son Instagram

 

Depuis l’explosion du mouvement #MeToo en 2017 aux Etats-Unis, la parole porte mieux et l’écoute se libère. Sept ans après, le cinéma français poursuit son déminage, essaie d’entendre la réalité, d’entamer sa mue. Beaucoup reste à faire mais le ton de cette 49e cérémonie, bien que consensuelle, donne de l’espoir et console un peu. Pour la première fois, des femmes sont majoritairement récompensées et des films forts, engagés à étendre nos imaginaires, sont mis en avant, tant dans les nominations que parmi les lauréats. 

Comme chaque année, le tempo est millimétré, les invités vêtus de noir et blanc, posent sur fond or et fauteuils rouges. Ils écoutent les discours, attendus, et plus ou moins engagé : Raphaël Quenard dit un mot pour l’agriculture française, Dali Benssalah alerte sur les dérives de ChatGPT, l’équipe du Règne animal sur le changement climatique, un mot est dit pour Julian Assange, des pins rouges sont arborés comme des pensées pour les Palestiniens et plusieurs voix portent la crainte des divisions, dénoncent les multiples guerres et massacres en cours, appellent à l’espoir. Face à quelque chose de si lisse, parfois la gêne point, comme dans toutes les réunions familiales, et pourtant c’est bon de les voir ensemble défendre une nouvelle conception de la création dans son ensemble. 

 

Des promesses prononcées qu’il va falloir tenir

 

Trois moments en particulier définissent cette soirée. Justine Triet rafle six prix (dont meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleur film) avec Anatomie d’une chute, et continue de porter haut la voix des femmes et de tous les opprimés. Bien que boudée par les instances hexagonales qui ne l’avaient pas choisie pour représenter la France, elle sera aux Oscars le 10 mars où le film est nommé dans cinq catégories (meilleur film, actrice, réalisatrice, montage, scénario original). En la voyant sur scène, on pense au fait que trois des cinq nommés dans la catégorie meilleur réalisateur sont des femmes. On pense à Monia Chokri qui se saisit du César du meilleur film étranger avec Simple comme Sylvain, un pied de nez à Nolan, Wenders, Bellocchio, Kaurismäki. On pense à Ariane Daurat, récompensée pour les costumes du Règne animal.

 

On pense à notre Icon of French Cinema, Judith Godrèche. Ovationnée, elle fend ce silence qui s’installe si facilement et dénonce les violences physiques et sexuelles. Elle, qui a été abusée enfant, a porté plainte pour violences sexuelles et physiques sur mineure de moins de 15 ans contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, s’inscrivant dans la lignée de toutes celles qui ont déjà porté leur voix et ouvrant la voie aux autres. Elle nous dit qu’« il faut se méfier des petites filles. [Qu’]elles touchent le fond de la piscine, [qu’]elles se cognent, [qu’]elles se blessent mais [qu’]elles rebondissent » Elles sont punk, nous dit-elle, en nous insufflant le rêve d’une révolution possible car « cette fois, ça ne se passera pas comme ça, pas comme les autres fois. »

 

On espère que cette famille va se tenir à cette révolution, s’en saisir et la tenir avec autant de miel, de folie, de sérieux qu’Agnès Jaoui et Jamel Debbouze. Tous les discours de ce soir ont donné le fond de ce à quoi l’on aspire, eux deux ont donné le ton de la réalisation espérée : beaucoup d’amour, pour soi mais aussi les uns pour les autres, de respect, de débats d’idées, de la gravité et le maniement subtil de la légèreté.

 

La peur d’un déraillement est constante pendant les trois heures de cette cérémonie cadrée. Si sur scène les actrices et les acteurs n’étaient pas si brillants, on serait à la limite du fade, mais il semble que malgré tout quelque chose gronde. Reste à savoir de quoi il s’agit et si cette cérémonie marque réellement la fin d’un chapitre, d’une ère, d’un demi-siècle, et si l’année prochaine, la 50e cérémonie tiendra les promesses prononcées. 

 

Le Palmarès complet de la 49e cérémonie des César 2024

Palmarès de la 49e cérémonie de César 2024 - © Instagram @academiedescesar

© Instagram @academiedescesar

 

Photo de famille des lauréats de la 49e Cérémonie des Césars 2024 par @ens_louislumiere @livia_htprc @lilian.heliot