Au cœur de la désormais mythique Olympiade culturelle qui accompagne les Jeux Olympiques et paralympiques de Paris, ces 22, 23 et 24 juillet, l’Olympia ouvre sa scène et ses coulisses à des shows pluridisciplinaires et hybrides entre sport et art.
Les installations numériques organisées par Art Point et deux déambulations proposées l’après-midi – Out of the Blue de Frédéric Vernier et Sébastien Davis-VanGelder, À l’Unisson d’Arnaud Assoumani et de Mourad Bouayad – sont ouvertes au public à 14 h et 16h, tandis que les trois soirées de cet « Olympia culturel » étaient libres d’entrée sur réservations (et vous pouvez encore tenter la liste d’attente).
La première partie de soirée est partagée en deux performances qui touchent au cœur du sujet de l’olympiade culturelle et qui se reproduisent les trois soirs.
Quand le public arrive, sur scène, un grand trampoline semble planer au-dessus du plateau. En habits de couleur, dans une lumière sublime et sur un son rock diffusé par 5 musiciens latéraux, les 16 acrobates de la compagnie Hors-Surface s’élancent sur les plans noirs ou transparents rebondissants de « l’Accronet », un agrès géant construit. C’est Damien Droin, Vice-Champion de France de trampoline à l’âge de 13 ans qui mène cette compagnie « Entre ciel et terre », entre ombre et lumière avec autant de grâce que de prouesses. Les géométries sont magnifiques, les solos, notamment de l’acrobate sur un fil, sont haletants et la scénographie est tout simplement sublime.
Pour Level up, le chorégraphe Amala Dianor a réuni 11 danseurs qui viennent du monde entier et de tous les courants des danses urbaines : afro, krump, hip-hop new style, voguing, waacking et pantsula. C’est Awir Leon, que l’on a vu avec Amala Dianor au Paris l’été ce mois de juillet, qui tient les platines. Et les battles succèdent aux tableaux de groupe, avec une agilité explosive. L’attitude est là, contagieuse, même les platines bougent et lorsque le beat s’arrête, les danseurs marquent les temps avec une telle fierté que le public se lève pour danser. Les danseurs d’Amala Dianor envahissent l’ensemble de l’Olympia juste avant la fin des 30 minutes de cette pièce qui monte la température à nouveau et nous chauffe pour la grande « Battle » de la soirée, celle des deux champions et des deux championnes de « Chess Boxing ».
Ce n’est pas encore une discipline olympique mais c’est très exigeant, désormais répandu dans le monde entier et rendu célèbre en France par un documentaire dédié sur Canal + : Mental combat, la naissance d’un sport. Le Chess Boxing est à la fois olympique et culturel au cœur puisque l’idée est née dans une BD d’Enki Bilal, Froid équateur (1992). Et le principe est plus que jamais « un esprit fort dans un corps fort » puisque le principe est d’alterner trois rounds d’échecs et de boxe. « Les carrés sur le carré », nous dit à l’Olympia Enki Bilal, qui fait écho aux plateaux du jeu d’échec et à la disposition du ring. Il semble ravi et peut-être toujours un peu surpris de voir la discipline qu’il a imaginée devenir un phénomène mondial (700 pratiquants en France, des clubs dans le monde entier). Et sur place, dans des vêtements clinquants, suivis par 4 commentateurs français et américains, et joliment mis en scène dans leur arrivée depuis l’entrée de l’Olympia par une projection vidéo, les champions et les championnes s’affrontent deux par deux : Kenza Megzari et Sneha Waykar ainsi que Carl Strugnell et Valentin Marcelet. La couronne noire est remise par de grands sportifs et en effet, c’est passionnant de voir comment en 3 manches de 5 minutes, le mental doit tenir pour passer du sport au jeu de réflexion ou vice-versa.
L’Olympiade culturelle fait l’Olympia, c’est culte et ça se poursuit encore ce mercredi 24 juillet avec une soirée de concert sportif où Ibrahim Maalouf rencontre le champion mythique du saut en longueur, Bob Beamon.
Visuels : © YH