En septembre 2022, Joël Riff est nommé commissaire des expositions à La Verrière – Fondation d’entreprise Hermès, lumineuse galerie d’art bruxelloise. Il a ainsi succédé à Guillaume Désanges, qui a dirigé cette galerie pendant neuf ans. Alors que s’ouvre, le 15 janvier, la merveilleuse exposition Antre, où la peintre Pélagie Gbaguidi est entourée des œuvres d’Aygo, Marianne Berenhaut, Hessie et Sophie Marie Larrouy, nous lui avons demandé de nous parler de sa vision clair de cette cultissime white box.
J’ai été nommé à l’automne 2022, et la première exposition de mon programme a ouvert début 2023. Nous sommes donc dans la troisième année de programmation de La Verrière. C’est un lieu que je connaissais très bien, puisque je fréquente la scène bruxelloise depuis environ 2008. À l’époque, j’avais déjà eu l’occasion de découvrir les expositions d’Alice Morgaine – souvent des solos d’envergure dans cet espace qui se donne pleinement.
Ce qui m’étonne toujours avec La Verrière, c’est cette grande plateforme où tout semble possible. Il n’y a pas de cloisonnement ; les choses sont ouvertes, offertes, données. J’ai ainsi pu suivre la fin du programme d’Alice Morgaine, puis la décennie marquée par le programme de Guillaume Désanges, avant de proposer ma propre vision et d’agir à ma manière sur cette scène unique.
Ma manière consiste à respecter cette plateforme ouverte, tout en apprenant progressivement à mieux comprendre où elle se situe. Il y a toujours cette réflexion sur le voisinage : où sommes-nous, qu’avons-nous à portée de main, qu’est-ce qui nous entoure ?
L’exposition actuelle, Antre, incarne parfaitement cette attention portée aux environs. Pélagie Gbaguidi et Aygo, par exemple, ont tous deux leur foyer à quelques minutes ou kilomètres de La Verrière.
Bien sûr que si. Dans le cadre de cette dynamique, des solos ont été consacrés à des artistes issus d’autres scènes, notamment de la scène française. Il ne s’agit pas d’exposer à tout prix des artistes bruxellois ou bruxelloises. En revanche, il y a un réel intérêt à toujours rappeler où nous sommes, ce qui peut se faire par d’autres indices que la nationalité ou la localisation géographique.
Effectivement. Avec Pélagie Gbaguidi, c’est particulièrement marqué ; avec d’autres artistes, d’autres dynamiques peuvent émerger.
Chaque projet est une rencontre, et tout dépend des échanges : de la manière dont l’artiste souhaite être surpris, conforté, ou autre. Il y a autant de démarches que d’artistes invités. Ce principe de « solo augmenté » s’enrichit à chaque fois d’une définition collective, que nous construisons ensemble, dans un dialogue constant.
Antre, 15 janvier au 29 mars
La Verrière, Fondation d’entreprise Hermès Entrée libre,Bd de Waterloo, 50 Bruxelles
Portrait Joël Riff © Vincent Ferrané