Le plasticien chinois Ai Weiwei, connu pour sa critique du régime de Pékin et son engagement en faveur des droits de l’homme, s’est vu refuser l’entrée en Suisse le 11 février. Les autorités suisses ont justifié cette interdiction par l’absence de documents de voyage adéquats, un motif qui soulève des interrogations puisque l’artiste avait déjà visité le pays en 2023 sans problème.
L’espace Schengen regroupe 25 pays européens qui ont supprimé les contrôles aux frontières intérieures pour faciliter la libre circulation. La Suisse en fait partie, bien qu’elle ne soit pas membre de l’Union européenne, tout comme le Portugal, où Ai Weiwei réside depuis 2019. En tant que citoyen chinois, Ai Weiwei doit posséder un titre de séjour portugais valide ou un visa Schengen pour voyager librement dans l’espace. Son refoulement à Zurich laisse supposer qu’il ne disposait pas des documents requis, ce que la police cantonale a confirmé en déclarant qu’il ne remplissait pas les conditions d’entrée. Toutefois, l’absence de problèmes lors de ses précédents séjours en Suisse soulève une question.
L’artiste a relayé sa mésaventure sur Instagram dès son arrivée à Zurich. « Je dors sur un banc avec une couverture ce soir, en attendant d’être expulsé demain matin à 6 h 50 », a-t-il écrit mardi 11 février. Il a ensuite partagé une vidéo le montrant dans un terminal désert, avant son vol de retour vers Londres. Les autorités suisses lui auraient simplement déclaré : « C’est la Suisse ici, pas le Portugal. »
Ai Weiwei, 67 ans, est l’un des artistes contemporains les plus célèbres de Chine. Il a notamment participé à la conception du stade olympique de Pékin, avant de devenir persona non grata en raison de ses critiques du régime. Emprisonné en 2011 durant 81 jours, il a quitté la Chine en 2015 pour l’Allemagne, puis s’est installé au Portugal en 2019. Son travail et ses prises de position lui valent une reconnaissance internationale, mais aussi une surveillance constante des autorités chinoises.
Son interdiction d’entrée en Suisse relance le débat sur la politique migratoire de l’espace Schengen et l’éventuelle évolution des conditions de circulation pour les artistes et intellectuels dissidents.
Visuel : © Capture d’écran Instagram