Pour clôturer son festival, les Zébrures d’automne 2023 ont proposé une journée intitulée « En langueS françaiseS » qui souhaite explorer les différentes francophonies à travers un répertoire de plusieurs pièces. Dans ce cadre, le texte Verte de Françoise Dô a été jouée à deux reprises, par deux comédiens différents. Deux propositions qui racontent un même texte.
En guise d’un tapis rouge, un tapis blanc fait de papier. Un homme est seul en scène, et c’est parti. Le public ? Devant et sur les côtés. Tout le monde est au même niveau : nous sommes dehors, installés sur la terrasse du CCM Jean Gagnant. L’acteur est nu, avant de se couvrir de vêtements qu’il a trempés dans de la peinture noire.
Verte parle de la Terre et de l’Homme qui est si petit dans ce macrocosme. Quelle est la place de soi au monde ? L’espace blanc délimite le cadre d’un espace scénique dans lequel l’acteur ne sortira pas. Il dessine le monde dans lequel le comédien laisse une trace. Il marche, il tombe, il se relève, il s’allonge. Le moindre de ses gestes imprime son empreinte grâce à la peinture noire fraîche qui coule de ses vêtements ; comme l’encre d’un stylo sur une feuille blanche. La composition finale dépeint le tableau d’un corps qui lutte à travers des chemins semés d’embuches pour dessiner le sien. Le papier blanc mis au sol représente à la fois un rectangle rappelant une scène, mais aussi un espace qui dirige horizontalement, partant du fond de la terrasse pour n’avoir d’autres choix que d’aller vers l’avant.
Le ton lyrique de la pièce sonne comme une tragédie. Le fait de la jouer en extérieur évoque les théâtres antiques. Mais dans ce format classique, une actualité évidente : les théâtres de l’Antique étaient ouverts, certes, mais ils étaient hiérarchisés. Ce n’est pas le cas ici, car le public est à hauteur du comédien qui joue à même le sol. De plus, la peinture noire évoque également les images d’oiseaux couverts de pétrole lors des marées noires.
Il était intéressant de proposer deux versions d’une même pièce sur la journée. Suite à la représentation, Françoise Dô a témoigné de l’intérêt de ce format : voir comment ses mots sont singulièrement compris dans des propositions différentes appartenant à une même programmation. En effet, la pièce présentée dans la matinée abordait le texte avec une tout autre scénographie, et dans un lieu différent, celui du parvis de la cathédrale.
Visuel : affiche
La pièce était jouée dans le cadre de la journée En langueS françaiseS qui visait à promouvoir les diverses francophonies.