Depuis 2011, Clôture de l’amour connaît un grand succès. Jouée en plusieurs langues, la pièce de Pascal Rambert tourne partout dans le monde ! Actuellement, le Théâtre 14 offre la chance de découvrir ou redécouvrir la pièce interprétée par les « vrais » Stan et Audrey, l’occasion d’admirer la puissance impérissable de cette Clôture, devenue un classique.
Lorsque, en 2011, Stanislas Nordey évoque à Pascal Rambert son souhait de jouer dans l’une de ses pièces, l’auteur se lance dans l’écriture d’une « séparation dure ». C’est donc pour Stanislas Nordey et Audrey Bonnet que Pascal Rambert écrit alors Clôture de l’amour.
Le sujet est simple, celui d’une dispute sans retour, celle de la rupture. Stan et Audrey se confrontent en deux longs monologues. Ce n’est pas une discussion, c’est un procès dont on connaît d’avance la décision : la clôture de leur amour.
Le couple explose sous les yeux du public. Éclairés par la lumière froide des néons, il et elle se tiennent debout sur une scène vide au sol blanc. Dans cet espace aseptisé, vide de tout objet, Audrey et Stan se regardent de loin, en diagonale. Leurs visages sont tantôt enflammés, tantôt blêmes.
L’action est exclusivement concentrée sur les mots et les corps. Les phrases affûtées lancées par le corps de l’un provoquent des ondes de choc qui percutent physiquement le corps de l’autre. Fou, méchant ou brutal, froid ou enflammé, Stan cherche les mots justes dans le mouvement. Les paroles sont des coups de couteau qu’Audrey reçoit d’abord la tête haute. Puis elle vacille, se recroqueville, mais se reprend car il faut tenir, se relever. Et c’est sans doute dans l’idée d’une revanche verbale qu’elle trouve la force de rester debout.
Puis, enfin, la position s’inverse, la diagonale se retourne. Audrey renvoie les couteaux, répond aux mots blessants. Lui s’écroule, littéralement. Stan ne marche plus, il se fane, se recroqueville, se plie, s’agenouille, s’effondre. Ils se poignardent, se tuent avec les mots.
Stanislas Nordey et Audrey Bonnet sont exceptionnels, il et elle livrent une performance d’une puissance émotionnelle constante. Ils nous donnent leur corps et leur voix, prêtent un morceau de leur âme au texte. Un texte qui par ailleurs confirme de nouveau l’obsession de Pascal Rambert pour le langage. L’auteur cherche à comprendre le réel et, par ses phrases, il raconte la tristesse de la perte de mots.
Le texte fusionne avec la mise en scène ; Pascal Rambert fait chercher aux personnages le sens par le mouvement. Corps et paroles s’entremêlent, intérieur et extérieur parfois se confondent.
Lorsque l’on met en perspective Clôture de l’amour avec la récente pièce Finlandia, du même auteur et metteur en scène, on observe de manière flagrante que les deux spectacles ne se ressemblent pas. Seules l’idée d’une dispute et les obsessions personnelles de l’auteur sont comparables. Treize ans séparent les deux pièces, l’une est un classique, l’autre reflète une dispute aux thématiques de notre temps, toutes deux sont à découvrir absolument.
Du 23 avril au 4 mai 2024 au Théâtre 14
Texte, conception, réalisation Pascal Rambert
Avec Audrey Bonnet et Stanislas Nordey
Régie générale Félix Löhmann
Régie lumière Olivier Bourguignon
Visuel : © Marc Domage