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19.07.2023 → 22.07.2023

« Fantôme » : sous la douceur la force, sous la poésie la révolution

par Mathieu Dochtermann
le 23.07.2023

Fantôme c’est un projet de ciné-concert immersif sur fond de film d’animation. Porté par Arthur Delaval (collectif La Méandre), il ne dépaysera pas celleux qui ont eu le plaisir de voir son Avion Papier : le même trait de dessin fragile, la même écriture musicale multi-instrumentale qui remplace avantageusement les mots, le même amour pour ce qui déborde du cadre. Un bout de poésie pour l’espace public, acclamé par les publics des festivals RéciDives et Chalon Dans La Rue.

Plus qu’un joli film d’animation ?

Au premier abord, c’est un joli film d’animation : le trait fin, sensible, la stylisation très anguleuse des corps, l’esquisse minimaliste du décor entraîne tout de suite les spectateur·rices dans une histoire dont le point de départ est bien triste. Dans cette cité-Etat, le Roi est un despote qui tient ses sujets sous un joug dont ses gardes sont les agents zélés. La population est réduite à travailler sous la surveillance constante d’yeux qui jamais ne cillent, et la prison semble le seul horizon qui lui soit offerte en dehors d’une vie de labeur maigrement récompensée d’une écuelle de brouet. Cette vision dystopique au prisme clairement marxiste bascule quand l’arrestation de trop vient provoquer le début d’un soulèvement. Au cœur de l’action, deux femmes et un enfant, ce dernier se trouvant rejeté hors des murailles de la cité, libre de découvrir que le monde, en réalité, est coloré, vaste, peuplé de créatures qui pratiquent une autre forme de relation que le rapport de force.

L’absence de paroles fait beaucoup pour donner au spectacle une forme de légèreté bienvenue, malgré des séquences assez sombres. Puisqu’il s’agit de ciné-concert, il faut souligner que l’engagement des deux musiciens, qui jonglent entre les instruments, est entier, et leur rapport au présent à l’image, à leurs partenaires, à l’émotion de la foule assemblée, a quelque chose de beau et d’émouvant. Le film, très vite, déborde du cadre : les supports de projection se multiplient jusqu’à ce que tout l’environnement soit contaminé par les images, les sons viennent de toutes parts, une troupe de complices vient incarner quelque chose de l’histoire au milieu du public. Parfois, cette dernière forme d’intervention est trop fugace pour vraiment entraîner les spectateur·rices : sur ce point, il y a encore matière à affiner et progresser. Mais l’énergie est belle, et le final provoque une émotion et une communion authentiques.

Sous la naïveté, la rage

Les artistes, parfois, ont un coup d’avance sur tout le monde : c’est un peu l’histoire de Fantôme qui sort dans la période contemporaine des émeutes liées à la mort de Nahel Merzouk à Nanterre. Il ne faut pas s’y tromper : ce qui, au premier coup d’œil, peut sembler une proposition un peu naïve, dans le trait et dans la narration, est en fait traversé par une puissante envie de mettre le feu, pour reconstruire un monde plus beau. Ici, comme dans la réalité, c’est l’injustice qui met le feu au poudres, c’est la jeunesse, pas encore hébétée, pas encore abrutie d’un travail qui ressemble à s’y méprendre à une perpétuelle servitude, qui trouve en elle la force de penser qu’autre chose est possible. Là s’arrête la comparaison, mais le parallèle entre ces deux peuples auxquels on n’offre aucun horizon et qui ne trouvent d’autre recours que de manier les flammes est frappant, au vu de l’actualité.

Une proposition juste sur le soulèvement populaire

Ce qui est intéressant, dans le traitement qu’Arthur Delaval fait de cette histoire, c’est qu’il ne propose pas une image romantique un peu mièvre de ce qu’est un soulèvement populaire. Au contraire, il ne fait pas l’économie de ce que cela comporte de drames, de destructions tragiques, de morts inutiles. Avant que la garde ne baisse finalement les armes, dans une réconciliation un peu miraculeuse, et avant que le roi ne soit finalement mis en fuite, les usines sont sabotées, le village des hommes libres de la forêt brûle, la Mère est assassinée. Le message peut ainsi être double, un encouragement comme un avertissement : il n’y a pas de vrai changement sans révolte, mais il n’y a pas de vraie révolte sans effusion de sang. A chacun·e ensuite de se positionner selon ses convictions. Dire cela avec autant de finesse et de poésie, il fallait oser. On peut avoir envie de mégoter sur quelques points – nature idéalisée, mythe du bon sauvage… – mais peut-on raisonnablement attendre qu’un spectacle muet de moins d’une heure puisse tout disséquer avec nuance ? Là n’est sûrement pas son objet.

Fantôme, en définitive, c’est un spectacle avec des échos du Roi et l’Oiseau, et un soupçon de Max et les Maximonstres : on peut faire pire en termes de références ! Arthur Delaval dit de son spectacle que son projet est « d’étonner les choses » : c’est joliment dit et joliment réussi.

Fantôme, Ciné-concert immersif pour l’espace public, Cie La Méandre, Direction artistique, musique, interprétation : Arthur Delaval / Direction technique, régie générale, création lumière, interprétation : Jordan Bonnot / Musique et interprétation : Charlie Doublet / Régie son et interprétation : Pierre Lacour, Loane Gatto et Isia Delemer / Regard extérieur sur l’ensemble, mise en scène, accueil et transmission complices, interprétation : Lucie Paquet / Accueil et transmission complices, interprétation : Anaïs Blanchard et Zaïna Zouheyri / Régie vidéo et interprétation : Agnieszka Juszczak / Animation et mapping, régie vidéo : Guillaume Bertrand / Construction, machiniste : Mathieu Fernandez / Construction : Marie Dupasquier / Construction des totems : Gaël Richard / Construction des carrousels : Clément Lapalus / Regard extérieur à la mise en scène : Laura Dahan / Regard extérieur à la mise en scène : Manuel Marcos et Anaïs Blanchard / Regard extérieur à la manipulation : Olivier Rannou / Regard extérieur au jeu : Marc Prépus / Création costume : Julie Honoré / Écriture : Maëlle Ghulam Nabi / Regard extérieur et production/diffusion : Clémence Lambey / Regard extérieur : Mélissa Azé

photo : (c) Thomas Lamy