« Ceci n’est pas une ambassade » : Rimini Protokoll interroge la notion de nation

par Julia Wahl
16.11.2024

Créé à Vidy en janvier 2024, l’ambassade taïwanaise mouvante de Stefan Kaegi (Rimini Protokoll) fait escale à la MC 93 pour sa première française.

« Taiwan is not part of this world »

Le collectif Rimini Protokoll s’est fait connaître pour ses créations immersives et in situ, proposant à des personnes non comédiennes de s’exposer en public. C’est ce procédé qu’utilise ici Stefan Kaegi, membre du collectif.

Les personnes sollicitées sont au nombre de trois : Debby, David et Chiayo sont réuni.es sur le plateau de la MC 93 en raison de leur combat commun pour l’édification d’une ambassade taïwanaise. Qu’importe s’il n’y en a pas à Paris : la scène nationale de Bobigny en fera office.

Leur présence permet d’évoquer, grâce à leurs souvenirs personnels, les liens entre la Chine et Taïwan depuis l’arrivée de Tchank Kaï-chek dans l’île, mais aussi leurs divergences politiques. Ce second aspect est une part importante du spectacle : il s’agit, par la mise en scène de ces différends, de faire théâtre du fait démocratique.

« Just like an embassy »

Toutefois, le dispositif scénique se retrouve vite dépassé par lui-même. À cour est filmée, à vue, Chiayo, film ensuite projeté sur un écran qui occupe la quasi totalité du fond de scène. Ainsi, le regard du public se concentre rapidement sur l’image vidéo plus que sur l’image de chair, qui devient superflue.

Les adresses au public, qui incluent celui-ci dans la performance, et le jeu avec le lieu de représentation fonctionnent et les questionnements sur ce qui fait nation sont intéressants.

On s’interrogera néanmoins sur le choix de mettre en avant ce que le public européen connaît déjà de Taïwan : la high-tech, les jouets en plastique et, à travers le choix même des performeur et performeuses, un capitalisme triomphant. Il y avait sans doute plus à dire sur cette petite île.

Ceci n’est pas une ambassade est accueilli à la MC 93 jusqu’au 17 novembre dans le cadre du Festival d’automne.

Visuel ©Claudia Ndebele