La cinéaste et metteuse en scène Lola Arias ajoute à son remarqué REAS (qui a reçu le prix du documentaire aux Films de femmes de Créteil) une adaptation pour le théâtre. Un geste généreux, mais trop fragile.
Los Días Afuera flirte avec le cinéma. Le projet est le suivant : Lola Arias a tourné un film dans une prison désaffectée, avec d’anciennes détenues de la prison pour femmes d’Ezeiza à Buenos Aires, appelée REAS. La pièce en est la seconde partie. Elle est conçue ainsi, avec une scène d’ouverture magistrale. On les voit tous, elle et lui (l’une des ex-détenues est aujourd’hui un homme trans) en tenues de soirée ultra glam. À la manière d’un music-hall, elle et lui nous racontent depuis combien de jours iels sont libres. Puis, on découvre le décor : une grande structure métallique abritant une musicienne et une voiture sur le côté, habitacle de tous les voyages.
Le spectacle est un chœur, révélant combien la prison est un marqueur social. Sur scène, nous rencontrons des comédien.n.e.s amateur.e.s : Yoseli Arias, Paulita Asturayme, Carla Canteros, Estefania Hardcastle, Noelia Perez et Ignacio Rodriguez. La pièce a un seul objectif : les rendre visibles. Pourtant, cela ne suffit pas à en faire un grand spectacle. La structure pèse sur le fond. Elle fonctionne par des tableaux sur-dessinés : un fait est annoncé puis mis en scène sous forme de tableaux qui s’enchaînent. Bien que cela n’altère en rien la puissance du projet, cela brouille parfois notre attention et notre sensibilité.
La pièce a des allures résolument pop. Souvent, elles et lui nous donnent envie de danser, comme dans un clip sur MTV. La vidéo est utilisée en direct avec un fond vert. L’effet est très généreux et ça marche. Elles et lui se livrent à 200 %, dans une énergie bienveillante et contagieuse. Nous les suivons dans leurs pérégrinations entre l’intérieur et l’extérieur. On saisit les interactions et les liens qui peuvent se tisser entre le dedans et le dehors. Par exemple, deux protagonistes ont créé un groupe de rock « dedans » et continuent à se voir « dehors ». L’ensemble est une fête, légère et douce, sur des vies en pleine reconstruction.
Ce qui émerge réellement, c’est que la danse et la musique peuvent sauver une vie. Ici, elles et lui le montrent sans cesse. L’une fait du voguing toutes les nuits, une autre joue de la batterie. Il faut prendre Los Días Afuera comme une comédie musicale au thème sombre, mais à l’allure libre.
Visuel : © Christophe Raynaud de Lage
Retrouvez tous les articles de la rédaction sur le Festival d’Avignon ici
À voir au Festival Next les 14 et 15 novembre à La Condition Publique Roubaix