Présenté à la Berlinale (section Forum), puis ce mois de mars à Cinelatino et au Festival International des Films de Femmes de Créteil (où il a reçu le prix du documentaire), « Reas » de la plasticienne, performeuse, comédienne et réalisatrice argentine Lola Arias fait exploser tous les genres pour parler, en musique, de l’expérience de la prison.
Arrêtée pour trafic de drogue à 21 ans, alors qu’elle se destinait à une carrière de mannequin international, Yosseli n’est jamais allée plus loin que l’aéroport, alors que la tour Eiffel tatouée dans son dos prouve combien elle rêvait de voyager. Elle a passé cinq ans à la prison d’Ezeiza. C’est l’héroïne de « REAS », solitaire et fière, mais qui finit par se faire adopter par le groupe de rock de la prison. Un rock très « pop » et énergique, mâtiné de voguing et porté aussi bien par des femmes cis que trans ou des drags…
Lola Arias a proposé à ces femmes de parler et chanter leur vie en prison en investissant le cadre dingue d’un ancien pénitencier désaffecté de la dictature de Jorge Rafael Videla, Tour à tour : scènes de clip à la MTV, plage ou lieu où l’on peut faire du catch sur des vieux matelas, ce cadre magnifiquement filmé permet aux actrices d’exploser les barreaux pour livrer une comédie musicale en pointillé. Un film complètement fantasque, où les gardiennes séduites deviennent le public, mais où les héroïnes parviennent à garder beaucoup de mystère tout en nous transmettant une énergie folle. Une proposition de réactivation d’expériences aux frontières du documentaire et de la fiction, que sa fidélité aux paroles des détenues rend puissante.
Reas, de Lola Arias, avec Yoseli Arias, Ignacio Amador Rodriguez, Estefy Harcastle, Carla Canteros, Noelia Perez, Paulita Asturayme, Laura Amato, Pato Aguirre, Cinthia Aguirre, Julieta Fernandez, Silvana Gomez, Daniela Borda, Jade De la Cruz Romero and Bettna Otaso , Argentine, Allemagne, Suisse, 2024, 82 min.
visuel (c) Luxbox Films