Camille Trouvé et Brice Berthoud mêlent l’Antiquité à l’époque contemporaine pour évoquer la crise de la dette grecque et la question du partage des richesses. Un spectacle brillant.
Ainsi s’écrie Vassiliki face à ses ancien.nes camarades altermondialistes. Ensemble, iels ont lutté contre l’austérité imposée à la Grèce par le FMI et l’Union européenne. Ensemble, iels ont vécu, aimé et compté chaque sou. Mais, du groupe de quatre qu’iels formaient, seule Vassiliki est restée. Alors, l’heure des comptes semble venue.
Du cri désespéré de Vassiliki, Brice Berthoud et Camille Trouvé ne concluent pas qu’il faille se débarrasser de la mythologie. Bien au contraire : ce Zeus qui garde jalousement son pouvoir, ce Prométhėe qui se rebelle contre ce tyran semblent d’une criante actualité.
C’est l’oiseau de Prométhée, ce volatile voué à dévorer à jamais les entrailles du dieu rebelle, qui nous présente ainsi le spectacle. De fait, sans cesse, les Anges au plafond vont jouer des codes du spectacle pour faire actualité de l’Antiquité.
Pour le lieu, nous sommes à Athènes, dans une taverne au nom programmatique : « les trois Parques ». À une table se disputent ces ancien.nes altermondialistes qui, tou.tes, essaient de mener leur barque comme iels le peuvent. Mais cette table, c’est aussi celle de la Troïka qui enfonça la Grèce dans son gouffre. Quant à la cuisine de la taverne, elle abrite un feu qui ne demande qu’à être volé. L’Oiseau de Prométhée mêle avec brio ces époques sans perdre ni lasser le spectateur. La créativité et l’énergie des artistes y est pour beaucoup.
Le nouveau spectacle des Anges au plafond ne saurait en effet être réduite à une simple œuvre politique. Ce n’est pas pour rien si Dionysos, dieu du théâtre et du vin, intervient à la fin de la pièce : L’Oiseau de Prométhée apparaît avant tout comme une communion entre artistes et public.
Pour créer cette relation, tous les sens sont sollicités : l’odeur des brochettes de la taverne titille les narines du spectateur du début à la fin. Théâtre d’acteurs, marionnettes portées, funambulisme et musique à vue participent de la réussite de ce spectacle politique, mais joyeux, plein d’humour et d’espoir.
L’Oiseau de Prométhée, Les Anges au plafond, mercredi 7 et jeudi 8 février à 20h, Théâtre des Quartiers d’Ivry – CDN du Val-de-Marne
Visuel : © Vincent Muteau