Trois œuvres du répertoire classique ont été sélectionnées pour ce challenge « orgue et danse », La passacaille de Bach, Les danses polovtsiennes de Borodine et Le sacre du printemps de Stravinsky ; trois chorégraphes, Benjamin Millepied, Jobel Medina et Idio
Chichava invités par le L.A dance project ont accepté de sortir de leurs habitudes et de se confronter à ces choix. De ce concept qui se veut novateur il ressort et c’est dommage une impression d’inabouti.
Avoir choisi l’orgue comme instrument fédérateur de ce spectacle apporte une note d’étrangeté aux propositions chorégraphiques qui composent le programme de « Plenum. Anima ». Si Bach nous parait évident jusqu’à pouvoir le fredonner, nos habitudes d’écoute sont par contre déroutées par Borodine à l’orgue et encore plus par Le Sacre du printemps de Stravinsky. Les chorégraphes, eux, se sont glissés dans l’exercice.
Noir, blanc, noir et blanc, les 8 danseurs du L.A Dance Project s’élancent dans l’espace dans une danse vibrionnante qui n’élude aucune des propositions de la partition de Bach. Ils tourbillonnent sur la musique, domptant une écriture – étonnamment datée qui s’appuie sur leur technique classique impeccable. Mais dans cet élan vital insufflé par le chorégraphe, celle-ci ne les aide pas à dépasser le registre de l’exécution pour aller vers l’émotion. Hommes et femmes, certainement de Foi comme l’indiquent leurs costumes, ils envahissent le plateau de leur conviction, accompagnés merveilleusement par Olivier Latry à l’orgue dont le jeu met en valeur ce qu’on aime chez Bach la fluidité, la virtuosité et le sens de la nuance.
De Jobel Medina, on connait peu de choses si ce n’est qu’il est installé à Los Angeles et aime les collaborations artistiques diverses. Malheureusement, Les danses polovtsiennes, œuvre qu’il a délibérément choisie, ne lui apporte pas forcément le support nécessaire au développement de sa recherche. Borodine l’entraine dans une longue marche durant laquelle les danseurs vont exprimer leur individualité dans des solos et duo ou encore des rencontres instantanées très attendues. Par ailleurs, la transposition à l’orgue de cette œuvre aussi brillante que nostalgique ne permet pas à Shin – Young Lee d’emporter les danseurs sur le chemin qui sous – tend l’œuvre, à savoir le folklore et la tradition.
Le sacre du printemps est certainement l’œuvre de Stravinsky qui suscite le plus d’attente chez le spectateur. Nombre de chorégraphes s’y sont affrontés tels Béjart, Gallota, Preljocaj Bianca Li et surtout Pina Baush. Se confronter à cette œuvre, c’est accepter autant la violence du thème que la difficulté à maitriser le rapport musique – mouvement.
Le mouvement du haut du corps tout de frémissements qui inaugure la danse inquiète ; on appréhende une illustration du mal qui gronde. Le pressentiment du drame dans ces corps qui circulent sur le plateau dans une fièvre que l’on sent menaçante est déstabilisant. La danse sera contemporaine, mais pas que. Si l’on sent chez le chorégraphe le désir de métisser son écriture, on retrouve dans la trame nombre de références et de signes terriens de Pina Baush bien sûr mais aussi une écriture très repérable de Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang qui avaient déroulé leur sacre dans une longue course circulaire autour du plateau amenant les danseurs jusqu’à l’épuisement.
Pour son sacre, Idio Chichava chorégraphe – directeur de la Converge dance Company du Mozambique a associé trois de ses danseurs au groupe du L.A Dance Project. L’ensemble est inégal, le groupe qui ne trouve pas son équilibre, manifeste quelques maladresses et imperfections dues à la différence de conception du geste. La version pour le moins inattendue d’un sacre à l’orgue et à quatre mains exécutées par Olivier Latry et Shin-Young Lee ne parvient pas à mobiliser les corps à la hauteur de la force que cette sonorité nouvelle apporte.
Orgue et danse, une expérience dangereuse ….
Visuel :© Josh S Rose
Spectacle présenté du 8 au 9 février. En tournée.