« Unarmoured », Clara Furey rhabille le cul à June Events

Clara Furey est une habituée de June Events, qui suit son travail depuis le début. Son parcours est hybride. Elle vient de la musique, elle a été formée au Conservatoire de Paris. Clara Furey a commencé par chanter, puis elle a dansé, en se formant à l’École de danse contemporaine de Montréal. Depuis 2017, elle signe des pièces aux frontières de tout cela : le son, le geste, l’image, la sensation. D’ailleurs, le programme de salle liste des «performeur·ses», et pas des «danseur.ses». Ce n’est pas un hasard, cela indique que son travail, et en l’occurrence cette pièce, travaille l’espace ailleurs.

Tout commence par une image, qui bouge un peu. Deux interprètes manipulent un troisième, plutôt inerte, dans un halo de fumée qui sent bon la fin de soirée dépravée. Il n’y a plus grand monde dans ce club, juste un magma de sensation. La musique ne va pas au bout, elle est plus électrique qu’électronique, elle se répète, elle lasse même, elle ennuie, autant que ces corps qui se croisent, se reniflent, mais ne baisent pas. Il ne reste qu’à se laisser porter par les colonnes vertébrales qui ondulent au plus intime et par les hanches qui se décalent.

Les corps semblent être vidés de leur intention. Ils glissent, se fondent dans le rythme autant sonore que visuel. Ils se rencontrent sans jamais se rencontrer vraiment. Au maximum, une ligne se forme, mais les regards restent creux. Justin de Luna, Clara Furey, Be Heintzman Hope, Brian Mendez délimitent un espace étrange où l’un.e peut rester de côté, juste pour mater un peu, sans effet, en faisant du sur place, talon qui se soulève. Tout y est « presque », le désir monte, les symboles sexuels fusent, ça se chauffe, mais quand il s’agit de se trouver, de se mettre nu, alors l’ensemble étouffe. La solitude devient la seule solution pour être libre de se comporter selon sa volonté, quelles qu’en soient les contorsions et les torsions que cela demande, tout en étant cloué au sol.

Clara Furey écrit des images plus que de la danse, ce n’est pas un reproche. Ses images sont hyper actuelles, très ancrée dans la redéfinition des rapports sexuels depuis quelques années.  Elle dégenre, elle s’obstine à aller au bout d’un geste dans une écriture minimale sans être totalement répétitive. C’est un flow qui se colle au son de Twin Rising.  Le résultat est très plastique, esthétique et envoutant, aux intersections de la pop culture et de ce que les images font à nos sexualités.